LECLERC : les circonstances d’une mort tragique.
Le 28 novembre 1947, l’avion dans lequel le général LECLERC a pris place s’écrase dans le désert sur la voie ferrée qui relie Oujda à Colomb-Béchar en Algérie. Aucun rescapé. La nouvelle frappe la France de stupeur. Que s’est-il passé ? Pourquoi ? Enquêtes, conjectures et controverses rendent la vérité difficile à établir, sans compter les rumeurs qui se propagent sur un éventuel attentat.A l’automne 1947, le climat social est très tendu en France métropolitaine. Outre-mer, la situation se détériore. Le général LECLERC, inspecteur des forces terrestres, aériennes et navales en Afrique du Nord, a reçu pour mission de préparer sur ce territoire une force d’intervention contre les instigateurs potentiels -notamment les communistes- de troubles insurrectionnels. C’est dans ce
contexte, propice à alimenter la thèse d’un attentat, que LECLERC trouve la mort.
Il est 10h17, le 28 novembre, quand le B 25 Mitchell, baptisé Tailly 2, du nom de la propriété de LECLERC en Picardie, décolle d’Oran pour Colomb-Béchar. Le général est accompagné de sept collaborateurs. L’équipage -le pilote, un navigateur, un radio et un mécanicien- est, depuis fin 1945, attaché à sa personne, sauf le pilote, le lieutenant Delluc, qui, en septembre, a remplacé le capitaine Michel Le Goc. Ancien du groupe Guyenne, Delluc a effectué 200 heures de vol en 36 missions de guerre. C’est son cinquième vol avec LECLERC à bord. Ce matin-là, le ciel est chargé, les plafonds relativement bas et la météo annonce des risques de vent de sable. Mais la situation n’est pas catastrophique au point d’annuler le décollage du B 25.
B 25 Mitchell
En effet, l’équipage est qualifié pour le vol aux instruments et aucun bulletin interdisant les atterrissages n’a été émis par la base de Colomb-Béchar. L’émotion est vive. D’aucuns prétendent que Delluc n’aurait pas dû décoller mais qu’il l’aurait fait sous la pression de LECLERC. Assertion mise à mal par le témoignage d’un équipage qui devait également rejoindre Colomb-Béchar, mais décide de ne pas partir. Le chef de bord rapporte qu’à la station météo, Delluc, qui n’a pas encore vu LECLERC, leur explique que les performances du B 25 en matière d’autonomie lui permettent, si nécessaire, de faire demi-tour sur Oran, ce qui n’est pas le cas de leur Junker 52. Il a donc ainsi pris la décision de partir avant la soi-disant pression exercée par LECLERC. Selon un témoin, avant de monter à bord, le général interroge le pilote sur les conditions météorologiques ; Delluc lui donne les prévisions -perturbations, vents de sable…- ; et LECLERC de répondre avec sa brusquerie habituelle : « on passera quand même ».
Peut-on parler de pression ? Même si Delluc connaît mal LECLERC, il sait qu’une telle réflexion est dans le style du personnage. Elle ne peut que le conforter dans sa décision de partir et « d’aller voir » comme on dit dans le jargon des pilotes. Il sera toujours temps, en cours de vol, d’annoncer qu’il est impossible de se poser.
Quelques instants avant le décollage, un message de la tour de contrôle fait part d’une aggravation de la météo, sans que cela soit une raison d’annuler. Cependant, très peu de temps après le décollage, Delluc se préoccupe des évolutions de la météo au lieu de destination. Il reçoit deux messages à peu d’intervalle. Le premier indique une situation à Béchar meilleure que celle donnée avant le décollage ; le second signale une aggravation, mais une situation toujours meilleure que celle du matin quand l’équipage a décidé de décoller.
Ces renseignements figurent dans le procès-verbal des communications échangées en morse entre l’avion et la station de Colomb-Béchar. Le PV fournit d’autres informations importantes pour comprendre le déroulement du vol -telles les corrections apportées sur l’heure estimée d’arrivée et les relèvements goniométriques donnés par Colomb-Béchar- et indique l’heure à laquelle est donné de chacun de ces renseignements. Par ailleurs, des témoins ont vu l’avion, d’abord en vol rasant au-dessus de la gare de Bou-Arfa un quart d’heure avant l’accident, puis au moment de l’accident. Grâce à ces divers éléments, il est possible de reconstituer assez bien les quinze dernières minutes du vol.
Premier constat : le pilote n’a pas suivi son plan de vol, qui prévoyait un vol à l’altitude de 2500 mètres et une percée à l’arrivée. Pourquoi a-t-il jugé préférable de descendre avant de terminer son vol à basse altitude ? La réponse est en partie donnée dans la conclusion du rapport d’enquête : « s’il avait observé son plan de vol, il aurait eu de grosses difficultés à percer un plafond qu’il savait très bas à Colomb-Béchar avec le seul gonio moyenne fréquence constituant l’infrastructure radio de cette base, et que dans son esprit cette manœuvre exécutée entre des sommets bouchés devait présenter plus de risques que le vol rasant ». Il pouvait en effet penser que cette percée serait délicate, les renseignements obtenus en vol par le gonio s’étant révélés faux par rapport à ce qu’il a pu observer au sol.
Toutefois on ne peut imaginer qu’il soit descendu à l’aveuglette à travers les nuages dans une région au relief si tourmenté. Il a, à coup sûr, profité d’une éclaircie lui permettant de se recaler avec précision. On peut penser qu’il a identifié la gare de Bou-Arfa sur la voie ferrée conduisant à Colomb-Béchar, qu’il lui suffisait de suivre pour arriver à destination. Les données du PV permettent d’estimer à 15 minutes la durée du vol à basse altitude. Que s’est-il passé à l’issue ? D’après le témoin de l’accident : « la visibilité était très mauvaise par suite d’un fort brouillard formé de pluie fine ». Par ailleurs, à cet endroit, la voie ferrée devient sinueuse en raison du relief. Delluc, selon toute vraisemblance, réduit sa vitesse. Or, des dernières analyses de l’accident, il ressort que celui-ci est intervenu à la suite d’un départ en vrille à plat dû à une augmentation d’incidence à faible vitesse. Le B 25 percute alors le remblai de la voie de chemin de fer perpendiculairement à celle-ci. Les débris de l’avion et les corps déchiquetés jonchent le sol de part et d’autre de la voie.
reste de l'avion De LECLERC
Pour comprendre ce qui a pu se passer, il faut revenir sur les modifications apportées à l’appareil. Le B 25, avion de bombardement, avait été aménagé pour les longues missions de LECLERC et comportait notamment une couchette dans le poste du mitrailleur de queue. Ces transformations accentuaient la sensibilité de l’appareil aux basses vitesses. Quand la couchette était occupée, le centrage de l’avion s’en trouvait fortement modifié. C’est pour cette raison que, lors des décollages et atterrissages, il était interdit de s’y installer. Plusieurs années après les faits, dans une lettre adressée à l’ancien aide camp de LECLERC, Michel Le Goc raconte comment lors d’un décollage du Caire en décembre 1946, il a frôlé la catastrophe : « quelle ne fut pas ma stupéfaction en arrachant le Mitchell du sol de sentir l’avion basculer d’un seul coup vers l’arrière, les commandes mollir et de voir l’aiguille du Badin régresser brutalement et l’horizon artificiel décrocher ! ». Un décrochage qui aurait pu provoquer une vrille. Un passager n’avait pas respecté la consigne.
Ne peut-on dès lors envisager que des passagers, surpris par le déroulement imprévu de vol, aient voulu se déplacer vers l’arrière pour voir par le poste du mitrailleur ce qui se passait ? Ce changement brutal de centrage à basse altitude suffirait à expliquer le départ en vrille. La découverte par les secours de trois corps dans l’empennage arrière paraît confirmer cette hypothèse. Tous ceux qui se sont réellement penchés sur les circonstances de l’accident s’accordent à dire que c’est l’explication la plus vraisemblable, déchargeant ainsi Delluc d’une grande part de responsabilité, ce que n’avait pas fait l’armée de l’air dans ses conclusions.
En tout cas, rien dans le dossier sur l’accident ne peut étayer la thèse d’un attentat ; thèse qui fut alimentée par la présence présumée d’un treizième homme non inscrit sur la listes des passagers, et même si certains croient encore à ce treizième homme -sans jamais se prononcer sur son identité-, cette identité restera vraisemblablement pour toujours un mystère…
Général de brigade aérienne (cr) Hugues Silvestre de Sacy.
Ancien chef du Service historique de l’armée de l’air.
monument aux environs de Colomb Béchard
l'épopée Leclerc vidéo ina : ici
vidéo Visite de De Gaulle en 1957 au monument : ici
vidéo muette Pathé Bristih funérailles Généal Leclerc : ici
le site des archives vidéo : ici
pour les plus curieux
Mai 1940 - Mai 2010.
Cela fait tout juste 70 ans, un anniversaire de plus, c’est long, et pourtant c’est hier car ces 70 ans n’ont toujours pas expliqué ce désastre, cette débâcle. Pourquoi ce voile pudique ?
Enfant je fus témoin des cachotteries au sein même de la famille : les pétainistes, les gaullistes, les collabos. Adolescent, je fus surpris de la légèreté avec laquelle nos professeurs évoquaient cette période, comme une maladie honteuse survolant le sujet. Bien sûr on nous parlait du 18 juin, les Français ont toujours aimé les Jeanne d’arc, on évoquait l’épopée de la résistance, mais surtout pas les 3 millions de lettres de délation entre français, record européen. Il y avait donc bien un mystère, un trouble irritatif qui avait atteint cette France. Pourquoi ?
« AUX SOLDATS DE L’ARMEE FRANCAISE MORTS A DIEN BIEN PHU ».
Nota du président : en hommage et en souvenir du général BIGEARD, décédé le 18 juin 2010, il me semble tout naturel de revenir sur l’un de « ses glorieux combats ».
Pour les milliers de soldats qui ont combattu dans et autour de la célèbre cuvette de Diên Biên Phu, le 7 mai 1954 met un terme à cinquante-cinq jours d’une terrible bataille. Cette date marque également l’achèvement symbolique de la guerre d’Indochine et la fin de la présence française dans ce pays.
C’était un vendredi entre 17h30 et 18h00. Le silence tout à coup envahit la plaine de Diên Biên Phu, après bientôt deux mois de vacarme indescriptible, fait de bombardements d’artillerie, de survols aériens et de combats en tous genres. Quelques instants plus tôt, avant de détruire son émetteur-radio, le général de Castries, qui commandait la place, a adressé un dernier message à Hanoi au général Cogny, commandant des forces terrestres du Nord-Viêtnam. « Les Viêt-minh ne se trouvent plus qu’à quelques mètres du poste d’où je vous parle, indique-t-il sobrement ; j’ai donné des ordres pour opérer le maximum de destructions. Nous ne nous rendrons pas ». L’ordre de cesser le feu est néanmoins donné et les armes détruites.
De Lattre de Tassigny et les Américains.
Trois périodes scandent les relations de Jean de Lattre de Tassigny avec l’Amérique : la guerre de 1914-1918, la Deuxième Guerre Mondiale et la guerre d’Indochine. Temps de rencontres épisodiques mais chaleureuses.
En 1918, la capitaine de Lattre découvre les américains. Ce sont des soldats du corps expéditionnaire. Ils viennent de combattre aux côtés des français et des britanniques. Leur mission accomplie, ils rentrent chez eux. Vingt deux ans plus tard, une section d’ambulanciers sert à la 14ème division d’infanterie que commande le général de Lattre de Tassigny. Entre-temps, il a noué une amitié, à l’Ecole de Guerre, avec trois officiers américains qu’il reçoit chez lui. Rencontres chaleureuses mais épisodiques.
A peine est-il parvenu à s’évader de la maison d’arrêt de Riom, de Lattre atteint Londres et s’entretient, le 10 novembre 1944, avec John Winant, l’ambassadeur des Etats-Unis en Grande-Bretagne. « L’amitié franco-américaine, rappelle-t-il, remonte à l’époque de la Révolution américaine (…). Les français se souviennent (…) de l’intervention américaine en 1917. Après Pearl Harbor, la plupart des français se dirent qu’une fois de plus, l’intervention américaine serait le tournant qui assurerait la défaite totale de l’Allemagne ; ils attendent avec anxiété le moment où les troupes américaines joueront à nouveau un rôle dans la libération de la France de l’oppression allemande ». Une indéfectible amitié, des liens indissolubles, une camaraderie de combat, oui, mais aussi une franchise qui convient à de vrais amis. De Lattre fait observer à Winant qu’on n’a pas oublié en France le soutien de Washington à Vichy, qu’on se méfie de ces conservateurs américains qui tenteraient de maintenir au pouvoir les conservateurs français, qu’on regrette que les Etats-Unis soient si mal informés sur les conditions d’existence des français et sur les mouvements de Résistance. Le ton est donné. Il ne changera guère jusqu’à la mort du général, le 11 janvier 1952.
LECLERC : une vie vouée à la France.
Philippe de Hauteclocque voit le jour le 22 novembre 1902 au château de Belloy-Saint-Léonard, en Picardie, au sein d’une famille chrétienne aux traditions patriotiques très ancrées. Après son baccalauréat, il décide d’embrasser la carrière militaire et entre à Saint-Cyr où il choisit la cavalerie. Il passera ensuite par l’Ecole d’Application de Cavalerie de Saumur et un peu plus tard sera reçu à l’Ecole de Guerre. Ses années de jeunesse révèlent déjà une forte personnalité : exigeant avec lui-même, volontaire, persévérant.
GUERRE DE COREE : « CINQUANTE ANS » D’ARMISTICE !!!
Pour arrêter un conflit, il faut d’abord faire cesser les combats, c’est un armistice. Il y a un peu plus de cinquante ans, le 27 juillet 1953, un armistice signé à Pan-Mun-Jom, en Corée, met fin à trois années d’un conflit fratricide entre Corée du Nord et Corée du Sud (la France est présente dans ce conflit par le Bataillon français de l’ONU : « formé » à Auvours). Les combats intensifs n’ont duré qu’une année (25 juin 1950-30 juin 1951) mais, pour parvenir au cessez-le-feu, plus de deux ans et demi de négociations ont été nécessaires.
En décembre 1950, les forces des Nations Unies (UNC) sont refoulées par les armées chinoises venues à l’aide des Nord-Coréens. Craignant de voir leurs troupes rejetées à la mer, les Etats-Unis suscitent à l’ONU une résolution arabo-persique pour arrêter les combats : créer entre les adversaires une zone démilitarisée appuyée sur le 38ème parallèle, interdire l’arrivée de nouvelles troupes, et échanger les prisonniers sur la base de « un pour un », sous contrôle d’une commission de nations neutres. Cette proposition est approuvée le 14 décembre.
La Chine est la principale nation concernée par cette motion : elle dirige la coalition sino-nord-coréenne, même si officiellement les Chinois , engagés dans les combats, ne sont que des « volontaires ». Son ministre des affaires étrangères, Chou En Laï, répond par une fin de non-recevoir le 23 décembre, la Chine ne siégeant pas à l’ONU. Cependant, les éléments de ce projet inspireront les négociations futures.
Les forces de l’UNC ayant réussi à arrêter le déferlement chinois (Chipyong-Ni : février 1951), reconquirent le terrain perdu, atteignant à nouveau Séoul et le 38ème parallèle. Mieux, au printemps, elles résistent à une offensive sino-coréenne, lui infligeant de lourdes pertes. Peu auparavant, le président Truman a limogé le général Mac Arthur qui préconisait d’étendre la guerre à la Mandchourie. Truman veut limiter la guerre de Corée, dans ses moyens et dans ses buts, et il n’est plus question de vaincre les chinois qui, de leur côté, se préoccupent d’affermir le régime communiste. Fin mai 1951, Truman envoie George Kennan évoquer avec le représentant soviétique à l’ONU, Jacob Malik, la façon de régler la question coréenne. Le dialogue se porte à Moscou entre l’ambassadeur Alan Kirk et Andreï Gromyko, vice-ministre des affaires étrangères. A la mi-juin, celui-ci, ayant pris contact avec Pékin, confirme qu’une solution militaire en Corée est possible. Averti, le comité des chefs d’état-major autorise Ridgeway, commandant en chef des forces de l’ONU en Corée, à envoyer, le 30 juin 1951, un message aux sino-coréens proposant d’ouvrir des négociations dans les meilleurs délais. La réponse arrive aussitôt : première réunion, le 10 juillet.
Le début des négociations.
Ridgeway avait proposé des négociations en terrain neutre, sur le navire hôpital danois Jutlanda mouillé au large de Wonsan, port nord-coréen, sur la côte est. Les sino-coréens obtiennent que les rencontres aient lieu dans leur zone, à Kaesong. Le déroulement des pourparlers va surprendre les américains, car ceux-ci ignorent les usages asiatiques. Le général Nam II, chef de la délégation nordiste pour toute la durée des négociations, sait trouver la faille pour repousser une proposition ou interrompre une procédure. En face de lui, deux chefs de délégation de l’UNC, l’amiral Turner Joy (juillet 1951-mai 1952), puis, le général Harrison (mai01952-juillet 1953), voient leur patience mise à rude épreuve. Le choix de Kaesong n’était pas innocent : il faut entrer dans les ligne communistes pour s’y rendre et, pour éviter toute méprise, mettre des fanions blancs sur les véhicules, ce qui permet à la propagande communiste d’annoncer que l’UNC vient capituler.
Les marques d’identification seront, dès lors, de couleur jaune. Les américains découvrent que leurs sièges sont « moins hauts » que ceux de leurs vis-à-vis, procédé classique en Asie pour indiquer qui a le pas sur l’autre. Enfin, la proximité de la ligne de feu suscite des incidents, utilisés dans le déroulement des négociations. L’UNC demande le transfert de celles-ci, dans une zone neutralisée. Le choix se porte sur Pan-Mun-Jom, où se réunit encore la Commission militaire d’Armistice (MAC) et où ont lieu les contacts entre les deux Corées.
Les négociations reprennent le 25 octobre 1951. La guerre a commencé sur le 38ème parallèle, frontière créée par la Alliés en 1945. La première demande de Nam II est que la ligne de cessez-le-feu soit le 38ème parallèle. Or, en septembre 1951, le front se situe au nord de celui-ci, il n’est pas question de rendre le terrain conquis. Puis, il réclame une DMZ (zone de démilitarisation) de trente kilomètres de large, zone d’une surveillance difficile. Discussions et contre-propositions se succèdent sur plusieurs semaines, avec le longs intervalles d’attente. Turner Joy obtient enfin que la ligne de démarcation soit la ligne de contact au moment du cessez-le-feu. La DMZ est ramenée à quatre kilomètres de large (deux kilomètres de part et d’autre de l ligne de contact). Ces avantages sont payés par l’abandon des îles situées au nord du 38ème parallèle, où l’UNC maintenait des troupes après le repli de l’hiver 1950.
Pour éviter toute nouvelle offensive, les unités nord-coréennes quitteront la péninsule selon un calendrier à fixer, sans renforcement des armées nord et sud coréennes. Pour veiller à l’application de ces mesure, la Suisse et la Suède, présentées par l’UNC, la Pologne et la Tchécoslovaquie, présentées par les sino-coréens forment la NNSC (neutral nations supervisory commission). A côté d’elles, l’Inde fournit un détachement de sécurité. Ces dispositions seront vite oubliées. Après l’armistice, les nord-coréens interdiront l’entrée des inspecteurs sur leur territoire. Tout contrôle étant impossible au Nord, l’UNC se considérera comme déliée de ses engagements. Chaque partie mènera sa propre politique militaire.
La question des prisonniers de guerre.
La Convention de Genève de 1949 stipule le retour pur et simple des prisonniers dans leur pays. En Corée, les Nations Unies ont capturé dix fois plus de combattants que le Nord ne l’a fait et répugnent à renvoyer des prisonniers ne souhaitant pas revenir en pays communiste (nombre de « volontaires » chinois sont d’ex-soldats nationalistes). Ouverte en 1951, cette question va prolonger le conflit de plus d’une année.
Peu après les premières discussions, un soulèvement général a lieu dans les camps de prisonniers de l’île de Kojé, au sud de la péninsule (janvier 1952). Ayant rassemblé en un seul secteur, plus de 80 000 prisonniers, l’UNC n’a pu empêcher la création de structures clandestines, inspirées par Pékin. La répression demande cinq mois, pendant lesquels la propagande communiste se déchaîne, bloquant toute négociation. Après un difficile retour à l’ordre (juin), les négociations reprennent pour buter sur la question du rapatriement volontaire ou forcé. En septembre, l’UNC propose le tri de tous les prisonniers dans la DMZ, où ils choisiraient, sous contrôle neutre, leur destination finale. Le 8 octobre, Nam II informe que ces propositions sont inacceptables. Harrison répond par une rupture des négociations, n’ayant plus rien à discuter.
Le Comité international de la Croix Rouge trouve l’ouverture pour reprendre le dialogue. En décembre, il suggère l’échange de prisonniers blessés et malades. L’UNC puis les sino-coréens approuvent ce projet fin mars 1953. Dès le 20avril, l’opération débute à Pan-Mun-Jom, et le 26, les pourparlers reprennent. La mort de Staline, le 5 mars précédent, a sans doute joué un rôle dans le changement d’attitude de la partie nordiste.
Le tri des prisonniers, finalement confié aux nations neutre déjà, désignées, l’accord définitif semble en vue. Le président sud-coréen Syngman Rhee intervient alors pour contester l’armistice, échec, pour lui, de la réunification de la péninsule. Tandis que les deux délégations s’accordent sur le rapatriement des prisonniers, le 8 juin Syngman Rhee organise des manifestations à Séoul et demande le retrait général de toutes forces étrangères de Corée. Bien plus, il libère 27 000 prisonniers nord-coréens réfractaires au retour au Nord. Les discussions sont menacées, et, sur le terrain, les sino-coréens lancent d’ultimes attaques, surtout contre les secteurs sud-coréens.
A force de menaces et de promesses, Rhee admet le cessez-le-feu mais refuse de le signer. Le 27 juillet 1953, à Pan-Mun-Jom, après avoir tracé la ligne de démarcation sur les dernières positions tenues, les délégations signent le cessez-le-feu. Puis, le général Clark, pour les Nations Unies, et les maréchaux Peng Teh Huaï (Chine) et Kim II Sung (Corée du Nord) apposent leurs signatures sur les documents, chacun dans leur quartier général.
Comme la conférence de Genève (juillet 1954) qui devait aboutir au traité de paix entre les adversaires, s’achèvera en impasse, un « climat de guerre » subsiste encore entre les deux Corées, ce qui explique la puissance de leurs armées respectives (1,2 millions d’hommes au Nord, 700 000 au Sud). La tension reste permanente dans la DMZ où des incidents ont lieu régulièrement.
Colonel (er) Jacques VERNET. Docteur en histoire
Cimetière des Nations Unies de Pusan.
relève de la garde vidéo
Le BCRA, service de renseignement de la France libre.
Suite (1).
A mesure que ses fonctions se développent, le BCRA étoffe son personnel. On peut estimer qu’il a envoyé en mission, avant le débarquement, environ 170 agents de renseignement et entre 200 et 250 agents dédiés à l’action (saboteurs, agents de liaison, etc…). A Londres, ses effectifs passent de 23 personnes -dont 10 officiers- (fin novembre 1941) à 421 personnes -dont 73 officiers- (début 1944).
Parmi les responsables se distinguent Passy, fondateur et chef incontesté du service ; André Manuel, cofondateur et chef adjoint, unanimement apprécié, qui remplace Passy pendant ses absences, avant de prendre la direction, fin 1943, de la base londonienne ; Pierre Brossolette, enfin, qui s’impose à partir de 1942 comme la tête politique du service et exerce une forte influence sur Passy. D’autres officiers jouent un rôle important mais plus limité : Raymond Lagier, Jacques Robert, Maurice Duclos et Roger Warin.
Le BCRA, service de renseignement de la France libre.
Suite et fin de l’article.
Par-delà son objectif militaire, de Gaulle poursuit deux objectifs politiques qui confèrent un rôle majeur au BCRA. Il entend tout d’abord faire reconnaître la souveraineté de la France par les Alliés. Le BCRA, qui travaille en étroite collaboration avec l’Intelligence Service et le Special Operations Executive, constitue l’un des principaux points de contact entre la France libre et las autorités britanniques puis alliées. Cette collaboration est mutuellement profitable, mais souvent tendue, précisément parce que le BCRA ne cesse de rappeler à ses partenaires -sans grand succès- l’exigence gaullienne d’un respect de la souveraineté française. Son succès est plus net lorsqu’il s’attache à imposer l’autorité de l’Etat gaulliste à la Résistance intérieure grâce au contrôle qu’il exerce sur les moyens de transport entre la France et l’extérieur (opérations maritimes et aériennes), sur les transmissions radio et, par conséquent, sur l’approvisionnement des résistants en fonds et en armes.
Le BCRA, service de renseignement de la France libre.
Suite de l’article (2).
La vocation du BCRA est de servir les objectifs de l’Etat gaulliste, qui sont à la fois militaires et politiques. L’objectif initial du général de Gaulle est que la France participe au combat des Alliés contre l’envahisseur pour avoir, au jour de la victoire, une place à la table des vainqueurs, et préserver ainsi son statut dans le monde. Dès lors que, au début, les maigres troupes des Forces françaises libres ne peuvent espérer peser sur le cours des opérations militaires traditionnelles, l’action clandestine représente un moyen d’agir contre l’ennemi à moindre coût humain.
Le premier volet de cette action est le renseignement, qualifié d’action « à résultats immédiats » car on peut mesurer tout de suite son efficacité. Cet aspect de son travail demeure l’un des atouts majeurs du BCRA tout au long de la guerre. Le service développe ses propres réseaux, dont le plus fameux est la Confrérie Notre-Dame (CND) du colonel Rémy, et il participe à structurer les réseaux issus des mouvements de résistance tels que Cohors et Phalanx pour Libération-Nord ou Gallia pour les Mouvements unis de la Résistance (MUR). Aussitôt après la guerre, les britanniques confient au chef des services secrets américains que le BCRA a fourni 80% des renseignements utilisés pour la préparation du débarquement en Normandie !
Le BCRA, service de renseignement de la France libre.
Les services spéciaux de la France libre, restés dans les mémoires sous le nom de BCRA, sont nés à Londres le 1er juillet 1940. Si le BCRA ne fut pas seulement un service de renseignement, cette mission représenta une part importante de son activité. Entre les Mémoires de son fondateur, publiées entre 1947 et 1951, et la « légende noire » colportée par ses détracteurs, il restait un espace pour l’analyse historique du travail mené par ce service.