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Le BCRA, service de renseignement de la France libre.

Suite et fin de l’article.

Par-delà son objectif militaire, de Gaulle poursuit deux objectifs politiques qui confèrent un rôle majeur au BCRA. Il entend tout d’abord faire reconnaître la souveraineté de la France par les Alliés. Le BCRA, qui travaille en étroite collaboration avec l’Intelligence Service et le Special Operations Executive, constitue l’un des principaux points de contact entre la France libre et las autorités britanniques puis alliées. Cette collaboration est mutuellement profitable, mais souvent tendue, précisément parce que le BCRA ne cesse de rappeler à ses partenaires -sans grand succès- l’exigence gaullienne d’un respect de la souveraineté française. Son succès est plus net lorsqu’il s’attache à imposer l’autorité de l’Etat gaulliste à la Résistance intérieure grâce au contrôle qu’il exerce sur les moyens de transport entre la France et l’extérieur (opérations maritimes et aériennes), sur les transmissions radio et, par conséquent, sur l’approvisionnement des résistants en fonds et en armes.

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Le BCRA suscite de nombreuses convoitises à la mesure du pouvoir que lui confèrent ses fonctions de plus en plus étendues. Les critiques naissent au sein même de la France libre où certains, tels André Labarthe, l’amiral Muselier ou Henry Hauck, reprochent au service de mettre en œuvre une politique personnelle, distincte de celle de la France libre au lieu de se cantonner dans son rôle d’exécutant des directives gouvernementales. Ces détracteurs soulignent les opinions de droite, et parfois d’extrême-droite, des premiers officiers du BCRA et dénoncent leur refus d’apporter la contradiction à Vichy sur le plan politique. Par la suite, certains chefs de mouvements, qui supportent mal d’être mis sous tutelle par la France libre mais rechignent à affronter directement de Gaulle, reprochent au BCRA -comme à Jean Moulin- de faire écran entre eux et le général, et de mener une politique personnelle. Les anti-gaullistes français et alliés reprennent certains éléments de ces accusations et dénoncent le « BCRA Gestapo » dont ne pourrait manquer de se doter de Gaulle, qu’ils considèrent comme un apprenti dictateur.

Ces accusations formulées dans un contexte polémique sont souvent si outrées que les partisans du BCRA les balayent d’un revers de main. De fait, c’est bien souvent la politique du général de Gaulle qui est visée à travers le BCRA, chargé de la mettre en œuvre. Il n’en reste pas moins que le BCRA a occupé au sein de l’Etat gaulliste, pendant plusieurs années, une place sans commune mesure avec celle que les normes démocratiques reconnaissent aux services secrets. Fort de ses atouts techniques -en premier lieu sa liaison avec les services alliés, qui lui assure les moyens d’agir en France-, de la qualité et de l’esprit d’initiative de ses responsables et des faiblesses des autres administrations gaullistes, le BCRA constitue un puissant pôle d’initiative politique.

En butte aux manœuvres des autorités alliées, de Gaulle se résout en 1942 à exploiter le potentiel du service pour atteindre ses objectifs politiques. Entre novembre 1942 et avril 1943, ses principaux responsables partent en mission en France où ils procèdent à un important travail d’organisation militaire mais aussi politique. En zone sud, Manuel (Pallas) soutient Jean Moulin dans ses efforts pour mettre sur pied un Comité de coordination et l’Armée secrète. En zone nord, Passy (Arquebuse) et Brossolette (Brumaire) outrepassent leurs instructions et créent un Comité de coordination rassemblant les cinq principaux mouvements de résistance.

 

Ces missions marquent l’apogée du BCRA, qui sera ensuite progressivement ramené à son rang d’exécutant par Emmanuel d’Astier, commissaire à l’Intérieur à partir de novembre 1943 et par les généraux d’Astier et Koenig, délégués militaires du Comité d’action en France à Londres.

 

Signé : Sébastien Albertelli (professeur agrégé d’histoire, docteur en histoire).

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