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GUERRE DE COREE : « CINQUANTE ANS » D’ARMISTICE !!!


Pour arrêter un conflit, il faut d’abord faire cesser les combats, c’est un armistice. Il y a un peu plus de cinquante ans, le 27 juillet 1953, un armistice signé à Pan-Mun-Jom, en Corée, met fin à trois années d’un conflit fratricide entre Corée du Nord et Corée du Sud (la France est présente dans ce conflit par le Bataillon français de l’ONU : « formé » à Auvours). Les combats intensifs n’ont duré qu’une année (25 juin 1950-30 juin 1951) mais, pour parvenir au cessez-le-feu, plus de deux ans et demi de négociations ont été nécessaires.

En décembre 1950, les forces des Nations Unies (UNC) sont refoulées par les armées chinoises venues à l’aide des Nord-Coréens. Craignant de voir leurs troupes rejetées à la mer, les Etats-Unis suscitent à l’ONU une résolution arabo-persique pour arrêter les combats : créer entre les adversaires une zone démilitarisée appuyée sur le 38ème parallèle, interdire l’arrivée de nouvelles troupes, et échanger les prisonniers sur la base de « un pour un », sous contrôle d’une commission de nations neutres. Cette proposition est approuvée le 14 décembre.

La Chine est la principale nation concernée par cette motion : elle dirige la coalition sino-nord-coréenne, même si officiellement les Chinois , engagés dans les combats, ne sont que des « volontaires ». Son ministre des affaires étrangères, Chou En Laï, répond par une fin de non-recevoir le 23 décembre, la Chine ne siégeant pas à l’ONU. Cependant, les éléments de ce projet inspireront les négociations futures.

Les forces de l’UNC ayant réussi à arrêter le déferlement chinois (Chipyong-Ni : février 1951), reconquirent le terrain perdu, atteignant à nouveau Séoul et le 38ème parallèle. Mieux, au printemps, elles résistent à une offensive sino-coréenne, lui infligeant de lourdes pertes. Peu auparavant, le président Truman a limogé le général Mac Arthur qui préconisait d’étendre la guerre à la Mandchourie. Truman veut limiter la guerre de Corée, dans ses moyens et dans ses buts, et il n’est plus question de vaincre les chinois qui, de leur côté, se préoccupent d’affermir le régime communiste. Fin mai 1951, Truman envoie George Kennan évoquer avec le représentant soviétique à l’ONU, Jacob Malik, la façon de régler la question coréenne. Le dialogue se porte à Moscou entre l’ambassadeur Alan Kirk et Andreï Gromyko, vice-ministre des affaires étrangères. A la mi-juin, celui-ci, ayant pris contact avec Pékin, confirme qu’une solution militaire en Corée est possible. Averti, le comité des chefs d’état-major autorise Ridgeway, commandant en chef des forces de l’ONU en Corée, à envoyer, le 30 juin 1951, un message aux sino-coréens proposant d’ouvrir des négociations dans les meilleurs délais. La réponse arrive aussitôt : première réunion, le 10 juillet.

Le début des négociations.

Ridgeway avait proposé des négociations en terrain neutre, sur le navire hôpital danois Jutlanda mouillé au large de Wonsan, port nord-coréen, sur la côte est. Les sino-coréens obtiennent que les rencontres aient lieu dans leur zone, à Kaesong. Le déroulement des pourparlers va surprendre les américains, car ceux-ci ignorent les usages asiatiques. Le général Nam II, chef de la délégation nordiste pour toute la durée des négociations, sait trouver la faille pour repousser une proposition ou interrompre une procédure. En face de lui, deux chefs de délégation de l’UNC, l’amiral Turner Joy (juillet 1951-mai 1952), puis, le général Harrison (mai01952-juillet 1953), voient leur patience mise à rude épreuve. Le choix de Kaesong n’était pas innocent : il faut entrer dans les ligne communistes pour s’y rendre et, pour éviter toute méprise, mettre des fanions blancs sur les véhicules, ce qui permet à la propagande communiste d’annoncer que l’UNC vient capituler.

Les marques d’identification seront, dès lors, de couleur jaune. Les américains découvrent que leurs sièges sont « moins hauts » que ceux de leurs vis-à-vis, procédé classique en Asie pour indiquer qui a le pas sur l’autre. Enfin, la proximité de la ligne de feu suscite des incidents, utilisés dans le déroulement des négociations. L’UNC demande le transfert de celles-ci, dans une zone neutralisée. Le choix se porte sur Pan-Mun-Jom, où se réunit encore la Commission militaire d’Armistice (MAC) et où ont lieu les contacts entre les deux Corées.

Les négociations reprennent le 25 octobre 1951. La guerre a commencé sur le 38ème parallèle, frontière créée par la Alliés en 1945. La première demande de Nam II est que la ligne de cessez-le-feu soit le 38ème parallèle. Or, en septembre 1951, le front se situe au nord de celui-ci, il n’est pas question de rendre le terrain conquis. Puis, il réclame une DMZ (zone de démilitarisation) de trente kilomètres de large, zone d’une surveillance difficile. Discussions et contre-propositions se succèdent sur plusieurs semaines, avec le longs intervalles d’attente. Turner Joy obtient enfin que la ligne de démarcation soit la ligne de contact au moment du cessez-le-feu. La DMZ est ramenée à quatre kilomètres de large (deux kilomètres de part et d’autre de l ligne de contact). Ces avantages sont payés par l’abandon des îles situées au nord du 38ème parallèle, où l’UNC maintenait des troupes après le repli de l’hiver 1950.

Pour éviter toute nouvelle offensive, les unités nord-coréennes quitteront la péninsule selon un calendrier à fixer, sans renforcement des armées nord et sud coréennes. Pour veiller à l’application de ces mesure, la Suisse et la Suède, présentées par l’UNC, la Pologne et la Tchécoslovaquie, présentées par les sino-coréens forment la NNSC (neutral nations supervisory commission). A côté d’elles, l’Inde fournit un détachement de sécurité. Ces dispositions seront vite oubliées. Après l’armistice, les nord-coréens interdiront l’entrée des inspecteurs sur leur territoire. Tout contrôle étant impossible au Nord, l’UNC se considérera comme déliée de ses engagements. Chaque partie mènera sa propre politique militaire.

La question des prisonniers de guerre.

La Convention de Genève de 1949 stipule le retour pur et simple des prisonniers dans leur pays. En Corée, les Nations Unies ont capturé dix fois plus de combattants que le Nord ne l’a fait et répugnent à renvoyer des prisonniers ne souhaitant pas revenir en pays communiste (nombre de « volontaires » chinois sont d’ex-soldats nationalistes). Ouverte en 1951, cette question va prolonger le conflit de plus d’une année.

Peu après les premières discussions, un soulèvement général a lieu dans les camps de prisonniers de l’île de Kojé, au sud de la péninsule (janvier 1952). Ayant rassemblé en un seul secteur, plus de 80 000 prisonniers, l’UNC n’a pu empêcher la création de structures clandestines, inspirées par Pékin. La répression demande cinq mois, pendant lesquels la propagande communiste se déchaîne, bloquant toute négociation. Après un difficile retour à l’ordre (juin), les négociations reprennent pour buter sur la question du rapatriement volontaire ou forcé. En septembre, l’UNC propose le tri de tous les prisonniers dans la DMZ, où ils choisiraient, sous contrôle neutre, leur destination finale. Le 8 octobre, Nam II informe que ces propositions sont inacceptables. Harrison répond par une rupture des négociations, n’ayant plus rien à discuter.

Le Comité international de la Croix Rouge trouve l’ouverture pour reprendre le dialogue. En décembre, il suggère l’échange de prisonniers blessés et malades. L’UNC puis les sino-coréens approuvent ce projet fin mars 1953. Dès le 20avril, l’opération débute à Pan-Mun-Jom, et le 26, les pourparlers reprennent. La mort de Staline, le 5 mars précédent, a sans doute joué un rôle dans le changement d’attitude de la partie nordiste.

Le tri des prisonniers, finalement confié aux nations neutre déjà, désignées, l’accord définitif semble en vue. Le président sud-coréen Syngman Rhee intervient alors pour contester l’armistice, échec, pour lui, de la réunification de la péninsule. Tandis que les deux délégations s’accordent sur le rapatriement des prisonniers, le 8 juin Syngman Rhee organise des manifestations à Séoul et demande le retrait général de toutes forces étrangères de Corée. Bien plus, il libère 27 000 prisonniers nord-coréens réfractaires au retour au Nord. Les discussions sont menacées, et, sur le terrain, les sino-coréens lancent d’ultimes attaques, surtout contre les secteurs sud-coréens.

A force de menaces et de promesses, Rhee admet le cessez-le-feu mais refuse de le signer. Le 27 juillet 1953, à Pan-Mun-Jom, après avoir tracé la ligne de démarcation sur les dernières positions tenues, les délégations signent le cessez-le-feu. Puis, le général Clark, pour les Nations Unies, et les maréchaux Peng Teh Huaï (Chine) et Kim II Sung (Corée du Nord) apposent leurs signatures sur les documents, chacun dans leur quartier général.

Comme la conférence de Genève (juillet 1954) qui devait aboutir au traité de paix entre les adversaires, s’achèvera en impasse, un « climat de guerre » subsiste encore entre les deux Corées, ce qui explique la puissance  de leurs armées respectives (1,2 millions d’hommes au Nord, 700 000 au Sud). La tension reste permanente dans la DMZ où des incidents ont lieu régulièrement.

Colonel (er) Jacques VERNET. Docteur en histoire

Cimetière des Nations Unies de Pusan.

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