Les Français voulaient, eux aussi, rendre un hommage public aux soldats tués. À Paris, chaque convoi funéraire est maintenant honoré sur le pont Alexandre-III, face aux Invalides.
La première fois, en juin, ils n'étaient qu'une dizaine, en haut des Champs-Élysées : quelques "anciens", motivés, venus saluer un de leurs jeunes frères d'armes tombé au combat en Afghanistan. Ce jeudi 17 novembre, ils étaient deux cents à trois cents, sur le pont Alexandre-III, au passage du convoi funéraire du légionnaire Goran Franjkovic, 25 ans, tué trois jours plus tôt, devenu "Français par le sang versé".
Dans cette petite foule, des civils, parfois réservistes, des militaires en tenue, des pompiers de Paris, des étudiants et des badauds, impressionnéspar ce convoi escorté par des motards en grand uniforme, roulant assez lentement pour apercevoir le képi blanc de Franjkovic sur son cercueil. « Notre petit groupe a essaimé, sourit Bernard, ancien appelé parachutiste. On avait l'impression que les corps de nos tués en opération revenaient en catimini. Ce n'est plus le cas. » Cet hommage est maintenant relayé par les associations et même par l'état-major.
Pour la première fois dans l'histoire, 90% des soldats blessés américains survivent à leurs blessures.
Alive Day Memories: Home From Iraq
Cela représente un triomphe de la médecine moderne, mais signifie aussi que des milliers de soldats grièvement blessés sont de retour à s'adapter à une vie très différente et très difficile. Le film a un but simple: raconter les histoires de dix vétérans américains de l'actuelle guerre en Irak qui ont été gravement blessées, physiquement et / ou psychologiquement.
Chaque soldat parle à propos de sa «Journée Alive," le jour ou ils auraient du etre tués, mais ont réussi à survivre grâce à leur volonté et aux soins médicaux.
Cpl.,Us Marine Corps
Jacob Schick,24
1/23 Marines ,bravo co
«alive day» fait référence à la date où ces soldats ont échappé à la mort et qui restera pour toujours, comme leur date de naissance, gravée dans leur mémoire.
Dawn, la jolie rousse qui a vu son bras gauche emporté par une roquette. Jake, le costaud ex-espoir du football américain, amputé d'une jambe, un bras en miettes, continue à vouloir défendre le drapeau et le rêve américain. Michael, la moitié du crâne en titane, aveugle, raconte que son mariage n'a pas résisté à l'épreuve et que, du coup, il s'est fait fabriquer un oeil de verre serti des diamants offerts jadis à son épouse. Jay ne se souvient plus du prénom de ses enfants et doit téléphoner à son frère pour qu'il les lui rappelle. John, amputé des deux jambes, ne parle que de «l'accident». Eddie, deux balles dans la tête, fait des grimaces à l'équipe de tournage, comme un enfant de 2 ans, pendant que sa mère raconte son histoire.
James Gandolfini est à la fois le producteur de ce programme et le maître des cérémonies. Dans une présentation au dépouillement monacal (plateau dans l'obscurité, quelques projecteurs, une caméra, pas de contrechamp), l'ancien Tony Soprano, le héros de la série de David Chase, n'apparaît que furtivement au moment d'accueillir les soldats et n'intervient qu'avec une extrême parcimonie. Sa seule fonction dans le déroulement du film est d'écouter.
Spc.,Us Army
Crystal Davis
54 th engineers ,bravo co
Projet pour les bléssés le site ici
Jean Bianconi veut en finir avec le mythe Legorjus
Mathieu Kassovitz dans la peau de Philippe Legorjus aux côtés de Jean Bianconi incarné à l'écran par Alexandre Steiger (Photo UGC distribution)
La rédaction de GazetteInfo avait dernièrement contacté Jean Bianconi, ancien substitut du procureur de la République à Nouméa à l'époque de la prise d'otage d' Ouvéa en 1988. Évènements durant lesquels il joua un rôle essentiel. Nous souhaitions le faire réagir sur la version que Mathieu Kassovitz nous livre à travers son dernier film L'ordre et la morale . N'ayant pas encore visionné le film au moment de notre demande, ce dernier n'avait pas souhaité s'exprimer sur le sujet. C'est aujourd'hui chose faite. Depuis sa paisible retraite, l'ancien magistrat nous donne son témoignage dans une longue lettre ouverte que nous publions en exclusivité et en intégralité.
« Dans une interview publiée dans le journal Nice-Matin du 11 septembre 2011, Mathieu Kassovitz, réalisateur du film « L'Ordre et la Morale » sur l'attaque, en avril 1988, de la gendarmerie de Fayaoué (Nouvelle-Calédonie) au cours de laquelle quatre gendarmes étaient tués et 27 autres pris en otages, admettait « avoir choisi de raconter l'histoire du point de vue du négociateur du GIGN le commandant Legorjus.»
Après avoir vu le film de Mathieu Kassovitz tiré du livre de Philippe Legorjus « La Morale et l'action », et pris connaissance des débats, articles de presse et commentaires qui ont entouré la sortie de ce film, il me semble nécessaire de porter à la connaissance de tous ceux qui s'intéressent encore à ces événements quelques éléments d'information qui leurs permettront, je l'espère, de se faire une plus juste opinion des circonstances exactes de cette tragédie et de celui qui s'en veut le 'personnage central'.
Les faits...
Philippe Legorjus et moi-même avons été retenus prisonniers dans la grotte d'Ouvéa dans la matinée du 27 avril 1988 dans les circonstances suivantes.
Envoyé sur place par le Procureur général qui voulait être tenu directement informé des opérations de recherche entreprises à la suite de l'attaque de la gendarmerie de Fayaoué au cours de laquelle quatre gendarmes étaient tués et 27 autres pris en otage je rencontrais Philippe Lergorjus au PC du Général Vidal à Gossanah. Après une première tentative infructueuse d'approche de la grotte, suivant la prise en otage du lieutenant Destremeau dans l'après-midi du 26 avril 1988, Philippe Legorjus décidait de revenir sur les lieux le lendemain matin.
Parvenus aux abords de la grotte nous étions accueillis par des coups de feu. Philippe Legorjus essayait vainement d'entrer en contact avec les ravisseurs au moyen d'un porte-voix. Face au blocage de la situation, je demandais à Legorjus de me laisser parler aux Kanaks, prenais le porte-voix et proposais de venir jusqu'à eux pour écouter leurs revendications et amorcer un dialogue avec les autorités. Alphonse Dianou, qui était le chef du groupe de ravisseurs, après quelques hésitations, donnait son accord et autorisait deux anciens de la tribu de Gossanah à me conduire jusqu'à lui. Il demandait qu'à cette occasion de l'eau, dont ils étaient pratiquement privés depuis plusieurs jours, leur soit apportée.
la suite ici
le grand témoin d'ouvéa 'valeurs actuelles) ici
Marcel Bigeard n'a pas sa place aux Invalides
par Ian Brossat, président du groupe PCF-PG au Conseil de Paris, Catherine Vieu-Charier, adjointe (PCF) au maire de Paris chargée de la mémoire
Si les mérites militaires du général Bigeard ne sont pas contestables pendant la seconde guerre mondiale ou à Dien Bien Phu, le flou qui entoure sa participation à des actes de torture pendant la guerre d'Algérie, ses prises de position politiques, ses dérobades, sont sujettes à caution. Le moins que l'on puisse dire est qu'en tant que personnalité française du XXe siècle, à la fois soldat, secrétaire d'Etat à la défense et député, Marcel Bigeard est loin de faire l'unanimité. Sans compter que ses dernières volontés étaient de voir ses cendres dispersées au-dessus de Dien Bien Phu. Le gouvernement vietnamien ayant opposé une fin de non-recevoir, il semble que le gouvernement et Nicolas Sarkozy aient saisi l'occasion.
Le général Bigeard avait exprimé une volonté : que ses cendres fussent, à sa mort, répandues au-dessus de Diên Biên Phu. Le Vietnam, dont les autorités ont toujours été aussi humaines que les gars du 25e RIC étaient maniérés, a refusé. La France a donc choisi de porter la dépouille de celui que De Gaulle appelle dans ses Mémoires « l'héroïque Bigeard » aux Invalides. Quand on sait que le Général était peu enclin à complimenter à tout bout de champ et qu'il cultivait une secrète aversion envers les militaires, il n'y a plus qu'à se taire. Respect. Fermez le ban !
L'Hôtel national des Invalides fait partie de ce que Fernand Braudel appelle les « permanences françaises ». Passent les ans, les modes et les régimes : au bord de la Seine, les Invalides recueillent nos grands soldats depuis Louis XIV. On les y soigne, on y remplace leurs membres déchiquetés par un éclat d'obus ou une salve ennemie, on y porte en terre les plus valeureux d'entre eux. Balzac a écrit de belles pages sur la redingote fripée de ces anciens soldats faits pour la guerre et perdus, désemparés, en temps de paix. Sous le Dôme, l'Empereur. De part et d'autre, le grand Turenne y côtoie Rouget de Lisle. Quant au maréchal Foch, c'est un voisin d'immortalité de Lyautey. On y enterra Mangin, mais également Nivelle, dont l'offensive d'avril 1917 demeure, pour l'histoire, comme la plus stupide et la plus meurtrière persévérance dans l'erreur. On croise de tout aux Invalides. Le meilleur, beaucoup. Et le pire, parfois. Ainsi va la France, grand pays qui se refuse, dans sa mémoire, à faire définitivement le tri.
Que voulez-vous dire? Je pense à Legorjus, soucieux de rétablir son image, sérieusement ternie auprès de ceux qui l' avaient vu sur le terrain. Il a dû quitter le GIGN peu après, ayant perdu sa crédibilité auprès de ses hommes. Propos recueillis par F PONS
Cinéma Avec "l'Ordre et la Morale", qui retrace la prise d'otages d'Ouvéa, en 1988, le cinéaste prétend faire oeuvre d'historien. If s'est fait en réalité procureur, avec toujours
le même accusé: la France.
L'article en totalité de Valeurs actuelles ici
A l'occasion du récent passage à la télévision de messieurs Ghesquière et Taponier dans l'émission "Pièces à conviction", le Général (2S) Bernard MESSANA autorise l'ASAF à diffuser un texte qu'il avait écrit au moment de la libération des otages et qui aborde la question centrale de la relation entre le journaliste et le soldat....
La fois de trop
Les gens des médias ont salué la libération de deux des leurs, les journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, par une explosion de joie très démonstrative.
Dans les locaux de France-Télévisions s'est notamment tenu un rassemblement corporatif débordant d'effusions, et, dans le brouhaha festif, on a pu entendre des propos enthousiastes louant l'engagement des reporters, et magnifiant leur comportement ; « ils nous ont redonné notre fierté » dira un journaliste en émoi.
Mieux encore, le Président de la République, qui, selon le secrétaire de l'Elysée reprochait à ces mêmes journalistes, en Février 2010, leur « imprudence coupable », leur faisait cet honneur exceptionnel de les accueillir en personne sur le tarmac de Villacoublay. La gloire quoi.
Un bilan négatif pour la France
Ces deux journalistes sont assurément des professionnels talentueux, et des hommes de qualité, et comme le dit justement un article du Monde (1), leur libération est une « vraie bonne nouvelle » pour tous, gens des médias ou non.
Ceci étant, l'observateur impartial est contraint de dresser de leur aventure un bilan parfaitement négatif pour les intérêts de la France ; qu'il s'agisse des sommes assurément considérables consacrées aux différentes actions tendant à leur libération ; qu'il s'agisse de l'échange de prisonniers auquel les autorités afghanes ont dû consentir, remettant des chefs insurgés dans le circuit du crime et des exactions ; qu'il s'agisse, pour nos responsables militaires engagés en Afghanistan, d'une perte notable de leur liberté d'action dans la zone où étaient détenus nos compatriotes. Et l'on pourrait sans peine, au risque de lasser, alourdir encore la liste des dommages subis.
Une monnaie d'échange
> De ce bilan négatif, nos journalistes sont responsables et coupables, et personne n'en doute. Au terme d'un reportage mené au sein des Forces françaises, ils avaient décidé, en parfaite connaissance des risques qu'ils prenaient, d'aller voir « en face », dans l'autre camp.
C'est encore le Monde qui en donne une version (2):« Selon plusieurs sources diplomatiques, ils avaient pris rendez-vous avec un chef taliban : le commandant local Mullah Din Mohammad, un vétéran du djihad antisoviétique où il avait combattu sous les couleurs du Hezb-e-Islami, le groupe fondamentaliste très enraciné en Kapisa ».
Les journalistes affirment, eux, que leur projet était simplement d'aller sur l'axe Vermont, traversant la province de Kapisa, pour en apprécier la sécurité. Mais, quelle que soit la « vraie » vérité, nos reporters sont tombés aux mains de talibans qui en ont fait une monnaie d'échange. Ils ont pris un risque et perdu. Pourquoi traiter ces perdants comme des sortes de héros, les accueillir en triomphateurs alors qu'ils n'ont été que maladroits et mal avisés ?
Qui sont les vrais héros ?
> C'est assurément la question qui tourmente la communauté militaire. Celle-ci, selon M. Merchet dont le blog « Secret Défense» (3) se penche avec intelligence et à-propos sur les questions militaires, a été saisie d'une « vive émotion ». Provoquée, explique M. Merchet, par « la différence de traitement entre les journalistes otages et les soldats tués en Afghanistan », et par « l'imprudence réelle ou supposée des deux reporters ».
On pourrait donc en rester là, et assimiler la « vive émotion » qui s'est emparée des militaires à une sorte de mouvement de mauvaise humeur compréhensible devant l'imprudence de ces journalistes, et le corporatisme échevelé et indécent des lobbys médiatiques. Mais ce serait là bien insuffisant. La « vive émotion » de nos soldats exprime plus précisément une véritable colère dont il serait sage de prendre la mesure. Le mot « colère », dans certains cas, apparaît même comme un euphémisme.
Car ce que reproche le soldat à ces journalistes, ce n'est pas leur maladresse dans leur périple vers le camp d' « en face ». C'est tout simplement d'avoir décidé d'aller « en face ». Tentant d'expliquer la démarche de ses confrères, M. Merchet écrit : « le métier de journaliste consiste à aller voir le camp d'en face. Il n'y a rien là d'éthiquement condamnable ». Mais pour le soldat, aller en face, c'est vouloir en quelque sorte donner une tribune à un insurgé qui est notre ennemi, lui permettre d'exposer les raisons de sa révolte dans nos médias, l'inviter à plaider sa cause. C'est donc bafouer le soldat, qui, au péril de sa vie, défend une autre cause, celle de la France.
« Éthiquement », pour le soldat, c'est donc insupportable. Son éthique à lui, c'est le service de la France, son pays, sa Patrie. Il n'a pas et ne pourrait avoir le moindre doute sur la légitimité de l'action dans laquelle un gouvernement légitime l'engage. Il sert la France, et défend ses intérêts. On lui désigne un ennemi, le camp d'en face. Il le traite. Point.
Mais le journaliste, lui, s'érige en arbitre ; son éthique, c'est la recherche d'une vérité immanente. Au-dessus des parties, il s'arroge le droit de toutes les interroger, de présenter leurs arguments, et d'éclairer ainsi le bon peuple afin qu'il juge. Si vous lui reprochiez cette démarche qui semble faire fi de toute appartenance nationale,- on n'ose plus dire patriotisme-, et qui met sur le même plan l'ami et l'ennemi, il s'insurgerait assurément. Il vous dirait qu'il est et reste avant tout fidèle à nos idéaux républicains de liberté, d'égalité, et de fraternité. Ces idéaux, comme le disait M. Chirac, sont désormais nos trois couleurs. Et ces idéaux, la France qui les a portés se doit de les défendre de par le monde. Il est donc, lui journaliste, avant tout, au service de la vérité. S'il a lu Camus, il vous dira que lui, entre sa mère et la justice, il a choisi la justice !
Un vrai héros, en somme !
Chacun dans son rôle ?
Dès lors on comprend mieux ces manifestations d'une joie débordante au retour de nos journalistes d'Afghanistan. Il fallait absolument, pour les médias concernés, « surjouer » la scène d'effusions du retour pour rendre vaines, voire déplacées, les critiques du pouvoir, la colère des militaires, faire honte, en quelque sorte, aux responsables à l'esprit étriqué, et aux patriotes obtus. Rappelons-nous ce qu'écrivait autrefois L. Joffrin, autre journaliste, « le patriotisme, c'est la rage de se trouver un ennemi ». Rappelons nous aussi, comme le raconte avec précision Raphaëlle Bacqué (4), que le soutien à des journalistes qui « étaient jusque là des confrères. Pas spécialement des amis », n'a pas été immédiat et a même « fait débat ». Les autorités réclamaient en effet le silence.
Il a fallu d'une part que ce silence soit rompu par ceux-là même qui le réclamaient, notamment les députés F. Lefebvre et E. Raoult condamnant l'amateurisme des reporters, et M. Sarkozy dénonçant leur « imprudence coupable ».
Il a fallu d'autre part, toujours selon Madame Bacqué, que les dirigeants de France-Télévisions de l'époque, P. de Carolis et P. Duhamel, en mauvais termes avec le Président de la République, se décident à surmonter leur crainte de représailles possibles qui les poussait « à ne rien dire, pas même pour défendre la réputation de leurs reporters ». Pour la corporation, il faut maintenant se racheter, comme le fait avec force I. Izraelewicz, directeur du Monde, en assénant dans son éditorial (5) : « Etat et reporters, chacun dans son rôle ».
Le service de l'Etat
On ne peut dire plus clairement que le reporter n'est pas au service de l'Etat, et que le civisme lui est étranger.
Dès lors on comprend mieux aussi pourquoi la mort de nos soldats ne fait l'objet que de communiqués factuels, à la mesure, estimée suffisante, d'un militaire qui n'est qu'un pion du gouvernement dans le cadre d'une politique étrangère du moment. Cette politique est-elle juste, opportune, conforme aux droits de l'homme ?
C'est cela qui préoccupe avant tout un journaliste témoin de son temps. Le gouvernement n'engagerait-il pas le soldat pour des raisons autres que celles qu'il invoque? Le journaliste a aussi le sentiment qu'avec la fin de la conscription, l'Armée n'est plus la Nation en armes. Elle est un corps de professionnels au service d'un gouvernement dont les actions sont critiquables, et dont les intérêts peuvent ne pas apparaître comme ceux de la France. Des intérêts partisans en somme. Ne comptez donc plus sur l'union sacrée quand tonne le canon. Tonne t'il juste ? Là est la question.
Le soldat, lui aussi, a lu Camus. Et lui, en pleine connaissance de cause, il a choisi sa mère. Et il attend d'elle qu'elle ne soit pas indigne.
Voilà pourquoi il se sent trahi et humilié,- ces mots ne sont pas trop forts-, quand, au retour des journalistes, il voit le chef des Armées aller à leur rencontre. Il se sent trahi et humilié quand toute sa hiérarchie, tant civile que militaire, se tait obstinément alors qu'elle devrait, à tout le moins pense t'il, rappeler clairement et très publiquement, les atteintes graves aux intérêts de la France que des inconscients ont provoqué. Il se sent trahi et humilié quand il entend le directeur de France Télévisions dire à ses personnels réunis « Je suis heureux de nous voir enfin au complet », et de ne pas entendre un représentant de la Défense répliquer : « Je suis triste, car nous ne serons plus jamais au complet. Il nous manque, par dizaines, ces soldats morts pour la France (6) alors que vos journalistes se rendaient auprès de leurs assassins pour en comprendre les motivations et faire écho à leurs thèses ».
Honorer l'honorable et sanctionner l'irresponsable
Une fois encore, une fois de plus, le soldat est donc invité à remâcher sa peine et sa colère, et à se taire. Son Ministre, pour qui le mutisme est un « devoir républicain » l'y invite fortement.
Et l'on peut penser qu'il va s'y résoudre, par lassitude plus que par esprit de discipline, comme d'habitude. Et les politiques et les médias, conscients du malaise, et eux-mêmes parfois troublés et mal à l'aise devant les alignements de cercueils, tenteront de l'apaiser par quelques solennels et majestueux propos de circonstance, quelques images bien venues, affichant ainsi une considération empruntée, que le soldat ressentira comme un acte rituel, sorte de politesse ou d'aumône sans lendemain.
Alors qu'il suffirait d'honorer l'honorable, de sanctionner l'irresponsable, de parler vrai, de rester digne.
Une fois encore, une fois de plus... Un jour c'est sûr, viendra la fois de trop.
Bernard MESSANA
(1) Le Monde du 1er Juillet 2011. Page 26. Isabelle Talès.
(2) Le Monde du 1er Juillet 2011. Page 2. Frédéric Bobin et Jacques Follorou.
(3) Site de l'hebdomadaire Marianne.
(4) Le Monde du 1er Juillet 2011. Page 5. Raphaëlle Bacqué.
(5) Le Monde du 1er Juillet 2011. Page 1. Erik Izraelewicz.
(6) Aujourd'hui 14 Août, ils sont 74.
Les 1% Invisibles de la population..L'Armée
En tant que nation, nous devons prendre soin d'eux parce qu'ils ont pris soin de nous.
Article du Times montrant l'écart grandissant entre l'armée et les civils américains.
traduction google translate
Seulement 1,5 million des 240 millions d'Américains de plus de 18 - soit environ la moitié de 1% - sont en uniforme aujourd'hui.
la société civile ne voit plus l'armée comme avant
les Américains sont détachés du conflit et ceux qui les mènent, à l'exception des jours de commémoration et les rubans jaunes qui s'accrochent.
L'écart entre civils et militaires a pris sur une arête récemment, conduit par le manque de sacrifice - soit dans le sang ou trésor - exigeait du reste d'entre nous par rapport à ce que les troupes donnent. Le sergent. 1re classe Leroy Petry a récemment obtenu la médaille d'honneur pour sauver copains Ranger d'une mort certaine en Afghanistan. Il a saisi une grenade et la jeta loin car il a explosé. Cela lui a coûté sa main droite. C'est arrivé lors de sa tournée contre septième (il a depuis tiré un huitième). Une bombe artisanale a tué le sergent. 1re classe Kristoffer Domeij, mari et père de deux enfants, en Afghanistan le 22 octobre. Il était sur son 14 eme déploiement de combat .
Faire visionner à des soldats traumatisés des scénarios de rêves artificiels pour les aider à ne pas faire de cauchemars: tel est l'objet d'un projet appuyé par l'armée américaine, selon un article de Wired.
Le but est que ces images neurologiques puissent être visionnées sur des ordinateurs portables à l'aide de lunettes en 3D et que, progressivement, ces rêves calmants et rassurants, créés de toutes pièces dans des mondes virtuels, deviennent les rêves des soldats.
Appuyé par l'armée américaine, l'hôpital naval de Bremerton, dans l'état de Washington, travaille sur ce projet de thérapie cognitivo-comportementale appelé «Power dreaming», qui vise à aider les soldats souffrant de stress post-traumatique (PTSD) à calmer leurs angoisses. Ceci grâce à des technologies avancées de réalité virtuelle et de rétroaction biologique —l'apprentissage et le contrôle des fonctions physiologiques du corps.
Après une période de découragement, j'ai décidé de jouer ma dernière carte, ou plus exactement, de tirer ma dernière cartouche.
Dans ma tête. En d'autres termes, je vais me « faire sauter le caisson » pour expier ma part de honte et protester contre la lâche indifférente de nos responsables face au terrible malheur qui frappe nos amis Lao. Ce n'est pas un suicide mais un acte de guerre visant à secourir nos frères d'armes en danger de mort. Quant à vous les gouvernants sans honneur, vous, les grands « médias » sans courage et vous, les « collabos » sans vergogne, je vous crache mon sang et mon mépris à la gueule ! Je demande parton à tous ceux qui m'aiment pour le chagrin que je vais leur causer.
Décès du Colonel Robert JAMBON
Commandeur de la Légion d'honneur officier de l'ordre national du Mérite croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs croix de la valeur militaire chevalier du Million d'éléphants et du Parasol blanc commandeur de l'Ordre national de Côte-d'Ivoire survenu le 27 octobre 2011, à l'âge de 86 ans
le texte de la derniere cartouche du colonel ici
Vinh Yen (du 14 au 17 janvier 1951)
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