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Jean Bianconi veut en finir avec le mythe Legorjus


Mathieu Kassovitz dans la peau de Philippe Legorjus aux côtés de Jean Bianconi incarné à l'écran par Alexandre Steiger (Photo UGC distribution)

La rédaction de GazetteInfo avait dernièrement contacté Jean Bianconi, ancien substitut du procureur de la République à Nouméa à l'époque de la prise d'otage d' Ouvéa en 1988. Évènements durant lesquels il joua un rôle essentiel. Nous souhaitions le faire réagir sur la version que Mathieu Kassovitz nous livre à travers son dernier film L'ordre et la morale . N'ayant pas encore visionné le film au moment de notre demande, ce dernier n'avait pas souhaité s'exprimer sur le sujet. C'est aujourd'hui chose faite. Depuis sa paisible retraite, l'ancien magistrat nous donne son témoignage dans une longue lettre ouverte que nous publions en exclusivité et en intégralité.

« Dans une interview publiée dans le journal Nice-Matin du 11 septembre 2011, Mathieu Kassovitz, réalisateur du film « L'Ordre et la Morale » sur l'attaque, en avril 1988, de la gendarmerie de Fayaoué (Nouvelle-Calédonie) au cours de laquelle quatre gendarmes étaient tués et 27 autres pris en otages, admettait « avoir choisi de raconter l'histoire du point de vue du négociateur du GIGN le commandant Legorjus.»

Après avoir vu le film de Mathieu Kassovitz tiré du livre de Philippe Legorjus « La Morale et l'action », et pris connaissance des débats, articles de presse et commentaires qui ont entouré la sortie de ce film, il me semble nécessaire de porter à la connaissance de tous ceux qui s'intéressent encore à ces événements quelques éléments d'information qui leurs permettront, je l'espère, de se faire une plus juste opinion des circonstances exactes de cette tragédie et de celui qui s'en veut le 'personnage central'.

Les faits...

Philippe Legorjus et moi-même avons été retenus prisonniers dans la grotte d'Ouvéa dans la matinée du 27 avril 1988 dans les circonstances suivantes.

Envoyé sur place par le Procureur général qui voulait être tenu directement informé des opérations de recherche entreprises à la suite de l'attaque de la gendarmerie de Fayaoué au cours de laquelle quatre gendarmes étaient tués et 27 autres pris en otage je rencontrais Philippe Lergorjus au PC du Général Vidal à Gossanah. Après une première tentative infructueuse d'approche de la grotte, suivant la prise en otage du lieutenant Destremeau dans l'après-midi du 26 avril 1988, Philippe Legorjus décidait de revenir sur les lieux le lendemain matin.

Parvenus aux abords de la grotte nous étions accueillis par des coups de feu. Philippe Legorjus essayait vainement d'entrer en contact avec les ravisseurs au moyen d'un porte-voix. Face au blocage de la situation, je demandais à Legorjus de me laisser parler aux Kanaks, prenais le porte-voix et proposais de venir jusqu'à eux pour écouter leurs revendications et amorcer un dialogue avec les autorités. Alphonse Dianou, qui était le chef du groupe de ravisseurs, après quelques hésitations, donnait son accord et autorisait deux anciens de la tribu de Gossanah à me conduire jusqu'à lui. Il demandait qu'à cette occasion de l'eau, dont ils étaient pratiquement privés depuis plusieurs jours, leur soit apportée.

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le grand témoin d'ouvéa 'valeurs actuelles) ici

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