Revenant sur le drame survenu avant hier en Afghanistan où un caporal-chef du «17» a trouvé la mort, le colonel Poitou évoque le fatalisme et le métier de soldat...
Il y a des jours où les cieux ne sont pas avec nous », soulignait, fataliste, le chef de corps du 17e RGP hier matin. La veille il avait appris le décès du caporal-chef Nunes Patego sur le théâtre afghan (... au moment même où il présidait une cérémonie en présence des familles et des anciens du régiment. « je venais d'inaugurer une popote baptisée salle caporal-chef Colin, mort pour la France au Liban en 1986 quand j'ai appris la nouvelle », explique le colonel Poitou. La dure réalité du métier de soldat venait à nouveau de frapper le « 17 ». Délaissant la cérémonie et revêtant son uniforme blanc, le chef de corps partait annoncer le drame à la compagne du caporal-chef : « Un instant pénible », confie l'officier supérieur en évoquant le souvenir de Guillaume Nunes Patego,: « un homme qui a fait toute sa carrière au sein du régiment, particulièrement aguerri. Il totalisait 11 années de service et déjà 8 opérations extérieures. C'était sa seconde projection en Afghanistan. Lors de son dernier séjour, il avait été décoré de la Croix de la valeur militaire ». Engagé comme sapeur de combat, il avait été cuisinier puis chef de rang. « Il y a deux ans, il avait manifesté son envie de retourner en compagnie de combat », poursuit le chef de corps. Ce natif d'Albi avait fait sa vie à Montauban où il construisait actuellement sa maison à Birac.
Accrochés par des insurgés
Le colonel Poitou livre aussi des nouvelles du soldat montalbanais blessé avant-hier au cours de la même embuscade, sans révéler son identité. Lui aussi appartenait à la 2e compagnie de combat du « 17 » commandée par le capitaine Zéni : « Je peux simplement vous dire que ce soldat a été blessé par balle à la jambe. Ses jours ne sont pas en danger. Il a été opéré mercredi soir à Kaboul. Il devrait pouvoir remarcher »...
Sur les circonstances du drame survenu mercredi en fin de matinée en vallée d'Alasay au cours d'une mission de recherche d'armement, on apprend que le caporal-chef Nunes-Patego et la compagnie du capitaine Zéni étaient devant : « Ils ouvraient la voie. Nunes-Patego était chef d'équipe. Il était à la tête d'un trinôme. Ils ont été accrochés par des insurgés. Au cours de cette embuscade, le caporal-chef a été mortellement blessé par un éclat. Il est mort sur le coup ».
Affrontements violents, situation classique...
La 2e compagnie de combat du 17 était intégrée au sein du Battle Group Raptor. Cette mission débutée lundi intégrait plus de 1 500 hommes sur le terrain, dont les Américains et les Afghans. Précision du colonel Poitou : « D'ordinaire ce sont les soldats de l'Ana (N.D.L.R. : armée nationale afghane) qui sont devant et nous en appui. Mais là du fait des imbrications et du relief, nos hommes étaient en première ligne. Il est arrivé ce qui est arrivé »... Des affrontements violents dans le cadre d'une mission néanmoins classique sur un terrain connu par des gens pourtant particulièrement expérimentés.
source la depeche
Hommage mardi à Montauban
La dépouille du caporal-chef Guillaume Nunes-Patego sera rapatriée en France mardi après-midi où un hommage au soldat « mort pour la France » sera rendu au quartier Doumerc, à Montauban en présence du ministre de la Défense. Ses camarades veilleront ensuite sa dépouille jusqu'au lendemain matin avant son départ pour Albi où ses obsèques seront célébrées. Le caporal-chef Nunes-Patego devrait être élevé au grade de sergent à titre posthume.
Un militaire français a trouvé la mort mercredi au cours d'un accrochage en Afghanistan lors d'une mission de reconnaissance dans la vallée d'Alasay, située dans la province de Kapisa, annonce l'Elysée.
Sapeur parachutiste robuste et endurant, le caporal-chef Nunes-Patego était un soldat rigoureux et polyvalent, possédant des savoir-faire multiples. Doté d'un esprit vif et curieux, il se montrait efficace, recherchant sans cesse les responsabilités. Possédant un sens inné du commandement, il guidait avec cœur les plus jeunes. Enthousiaste et volontaire, le caporal-chef Nunes-Patego était un élément incontournable et un véritable moteur de cohésion pour son unité.
Durant ses 10 années de service, le caporal-chef Nunes-Patego sert successivement en Ex-Yougoslavie (2002), deux fois en Nouvelle-Calédonie (2003 et 2010), à La Réunion (2004), au Gabon (2006), à Mayotte (2006) et en Afghanistan (2008). Au cours de ce dernier séjour opérationnel, il est cité à l'ordre de la brigade avec attribution de la croix de la valeur militaire avec étoile de bronze.
Ce mercredi 1er juin en fin de matinée, une compagnie du BG Raptor était postée à proximité du village de Shinzaï, en vallée d'Alasay, quand elle a été engagée par un groupe d'insurgés. Au cours des combats, le caporal-chef Nunes-Patego a été mortellement touché et trois autres militaires français ont été blessés.
Dès l'annonce de son décès, le président de la République a présenté à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances . Il a également exprimé la détermination de la France à continuer d'œuvrer au sein de la Force Internationale d'Assistance à la Sécurité.
M. Gérard Longuet , ministre de la Défense et des anciens combattants, a exprimé à la famille et aux proches du caporal-chef Nunes-Patego sa plus vive émotion. Ses pensées vont également aux trois soldats blessés.
L'armée de Terre, unie dans la peine, partage le deuil des proches et des camarade du caporal-chef Nunes-Patego. Nos pensées accompagnent également les trois autres militaires blessés à ses côtés.