1878 - 1914: NAISSANCE DU CAMP - LES RAISONS DE SA CREATION - LES
PREMIERS LOCATAIRES.
Au lendemain de la guerre de 1870, les malheurs de cette campagne firent apparaître
d' une manière évidente les déficiences de l'organisation militaire voulue par l'Empereur
Napoléon III, notamment l'absence de grandes unités constituées en permanence dès le temps
de paix et d'un organisme chargé de la préparation de la guerre et de la mise en condition de
Les efforts visèrent donc à réorganiser le haut commandement, à créer des Corps
d'Année capables d'agir au plus vite ainsi que des unités entrant dans leur composition.
La loi du 12 juillet 1873 divisa la France en 18 régions occupées chacune par un Corps
d'Armée ( 1). Dans l'Ouest, couvrant les départements de la Mayenne, de l'Orne, de l'Eure et
Loir et de la Sarthe, auxquels il faut ajouter l'arrondissement de Rambouillet, les 4ème, 5eme,les
6eme et 13 eme,
et 14ème arrondissements de Paris, les cantons de Villejuif et de Sceaux, s'implanta
le 4ème Corps d'Armée avec au Mans le P.c. du 4ème C.A., le 104ème Régiment d'Infanterie de
Ligne, la 4ème Brigade d'Artillerie composée des 26ème et 31 ème régiments d' Artillerie, une
école d'Artillerie. Le choix de l' implantation du PC du 4èmc C.A au Mans est dû au fait que
cette ville était devenue, suite à la pénétration importante des Chemins de Fer dans l'Ouest,
une grande plaque tournante ferroviaire.
A l'époque, on ne connaissait évidemment pas encore le véhicule automobile et, en cas
de conflit le chemin de fer était le seul moyen pour pouvoir concentrer hommes et matériels
aux endroits stratégiques en un temps très bref Pour la petite histoire, dans les années 1860,
c'est la ville d'Alençon qui avait été pressentie préalablement pour accueillir sur son sol cette
gare de triage, et devant son refus, l'Etat et la Compagnie Ferroviaire de l' Ouest, s'étaient
retournés sur Le Mans.
En 1873, en matière de logement, il n'existait rien ou presque rien de spécifiquement
militaire. La situation était la même pour les terrains d'exercices, les champs de tirs. Tous les
régiments employaient leur temps de la même manière c'est-à-dire faire de l'exercice sur les
places publiques ou les champs de Mars toujours existants et une ou deux fois l'an, effectuer
dans les environs immédiats des garnisons, des manoeuvres dans des conditions voisines de
celles de la vie en campagne. L'acquisition de terrains de manoeuvre fut entamée. Pour ce qui
concerne les camps, le constat était tout aussi catastrophique sur l'ensemble de la France. 11 y
avait bien eu des camps d' instruction sous Louis XIV mais ils avaient été abandonnés à la fin
de son règne et l'on s'était contenté de camps temporaires d'instruction.
En 1873, l'Armée ne disposait que du camp de Chalons crée en novembre 18S6 par
l'Empereur Napoléon III. On se mit donc en devoir d'en créer. En 1878, près du Mans, le
camp d'Auvours déjà esquissé par un décret du IS avril 1831 mais jamais réalisé, fut mis en
chantier et créé officiellement par décret du IS avril 1881.
A l'origine, le camp d'Auvours, qui doit son nom à celui du lieu dit « le tertre
d'Auvours » situé à 2 Km au Nord Ouest, a été prévu, en priorité comme champ de tir au
canon pour les deux régiments d'Artillerie en garnison au Mans. Le site choisi s'y prête
admirablement. Le terrain, placé entre la route de Paris et celle de Saint Calais, est long de 8
Km pour une largeur au maximum d'un seul Km ; sa surface est de 710 hectares. Son sol,
sableux couvert de bruyères et de pins, est vierge de toute habitation (2). A l'extrémité Est,
une butte naturelle, dite « butte d' Ardennay », limite, de facto, tout risque possible de
propagation d'éclats

