GUERRE D'INDOCHINE (1945-1954) Extrait de l'Histoire du 1er Bataillon de Marche du 2ème RIC
CADRE ET EMPLOI DU BATAILLON:
La fin de l'année 1946 voit le conflit indochinois changer de nature. Après une phase de reconquête, le corps expéditionnaire va se trouver confronté à une guérilla lancée par HoChi-Minh qui a compris qu'il n'était pas assez fort pour affronter l'Armée française dans des batailles rangées. Il s'agit, pour le Viet-Minh, d'entretenir dans un premier temps l'insécuritésur l'ensemble du territoire de manière à bloquer un maximum de troupes françaises dans des postes, ou en alerte dans les Secteurs. La Guerre d'Indochine est vraiment commencée. En Cochinchine, la situation se dégrade rapidement sous l'influence du Viet-Minh du Tonkin qui infiltre partout ses émissaires. Des renforts sont dépêchés sur place. Dans ce cadre, le 1 er bataillon de marche du 2ème RIC, formé à Fréjus, débarque à Saïgon le 1'" février 1947 et s'installe dans le secteur Vinh-Long - Sadec - Cantho
.L'action du bataillon consiste premièrement, à occuper les grands centres et à dégager les axes de circulation qui les relient, en installant des postes aussi nombreux qu'il est nécessaire. Ensuite, tout en menant une sene d'actions quotidiennes de patrouilles, d'embuscades et d'opérations de nettoyage, de recréer un climat de paix
.L'ENNEMI:
A l'arrivée du bataillon, le Viet-Minh est déjà fortement structuré et implanté. Son armement, tout en étant hétéroclite, n'en est pas moins redoutable, allant du PA à la mitrailleuse lourde. Parfaitement adapté au terrain, domaine de l'eau, de la boue et d'une végétation luxuriante, il agit par surprise, montant des embuscades, provoquant des attentats ou attaquant des postes faiblement défendus.
Vers Tho
1& juin 1947 - Au début de la matinée, un convoi (1) parti de Vinh-Long et composé d'un scout-car, d'un GMC et d'un half-track en direction de Vunglien. Une jeep du
bataillon de Marche du 2ème Ric s'est jointe au convoi, à bord de laquelle se trouve le Lieutenant Fleury, commandant la 2ème compagnie, accompagné de son chauffeur le marsouin Correc et du Caporal Marty. Le lieutenant Fleury, venu en liaison la veille, a profité de ce convoi d'un escadron de Spahis pour rejoindre son unité cantonnée à Can-Long.
(1) Le convoi du 1 & juin était imprévu .Les Spahis allaient récupérer à Trung-Dien du matériel laissé par eux lors de leur départ de ce poste. L'embuscade était sûrement destinée au
convoi hebdomadaire de ravitaillement des unités du bataillon stationnées sur la route VinhLong - Cang-Long. Ces convois, organisés par le commandant du BM, à des jours et heures variant chaque semaine, comportent 3 ou 4 véhicules, rarement des blindés, le BM n'en est pas doté, et toujours un soutien porté de 2 groupes de combat.
A 2 Km du poste de Chanh-Hoa tenu par la compagnje d'accompagnement du bataillon, un obus de 3 pouces 7 explose devant le scout-car en tête du convoi. Presque simultanément d'autres mines actionnées par fil de traction sautent sous ou à proximité immédiate des autres véhicules espacés de 250 à 300 mètres. Dans le scout-car, le chef de convoi est tué. Les V.M se ruent à l'assaut du scout, l'équipage essaye de se servir des armes automatiques du bord mais la 12, 7 a été renversée sous l'effet de l'explosion et la mitrailleuse de 7, 62 a sa bande coincée. Le chauffeur est blessé, le brigadier-chef Salette, blessé lui aussi,prend le volant et décide de partir prévenir le poste de Chanh-Hoa. Dans les autres véhicules immobilisés, les survivants se défendent avec acharnement.
A 9h 15, le chef de batailion Gaiibert, commandant le BM du 2éme RIe et le sous-secteur de Vinh-Long reçoit le télégramme ci-dessous envoyé par le chef de poste de ChanhHoa.
«Convoi attaqué à environ 2 Km 5 N.W Chanh-Hoa - STOP - Vive fusillade - STOP -
arrivée d'un scout-car contenant 2 blessés légers, 1 blessé grave - STOP - fumée apparue à
l'endroit de l'attaque. Camions doivent brûler - FlN -
Vers 10 heures, la colonne de secours partie de Ving-Long, composée dune AM, d'un scout-car, de 3 jee'ps, d'une ambulance et de 3 sections portées de la 3ème Cie du BM du 2ème RIC et commandée par le C.B GALlBERT, arrive sur les lieux de l'embuscade et trouve les véhicule parmi eux, ceux du lieutenant Fleury et des deux marsouins qui l'accompagnaient. Autour d'eux, les nombreux étuis éparpillés prouvent que les occupants se sont défendus jusqu'à la dernière limite. Les corps sont affreusement mutilés, quelques boîtes crâniennes défoncées,« fouillées» avec des bambous, un spahi, cambodgien d'origine, a eu la cervelle enlevée.Tous sont complètement déshabillés, l'armement individuel et collectif a disparu, ainsi que le moyen radio. Les VM se sont repliés mais pas assez vite. Au cours du nettoyage de la cocoteraie à l'ouest des lieux de l'embuscade, les sections de la 3ème compagnie abattrons 30 fuyards et en arrêterons 15. Avec les 3 marsouins mortellement blessés lors de cette embuscade, les pertes du bataillon depuis son installation dans le secteur de Vinh-Long le 12 février 1947, se montent à 31 tués. Cette embuscade est la neuvième que subit le bataillon depuis son implantation. Certaines beaucoup plus meurtrières: le 14 mars à NGA-TU: 4 tués à la CA, le 14 avril au sud de Trung-Trach: 10 tués à la 2'me compagnie, le 7 juin près de Cai-Lao : 5 tués à la 1 ère compagnie.