Le plus ancien drapeau, celui du Second Empire, a disparu. Il n'en reste que l'aigle, dont une copie est conservée au Régiment. L'histoire glorieuse de cet aigle mérite d'être contée. Elle est liée au combat de Bazeilles qui reste le symbole de l'esprit de résistance et du courage qui animent les Troupes de Marine.
Colonel Alleyron
Une fois la capitulation de Sedan signée, le souci du Colonel ALLEYRON, commandant le 2e RIMa, est de sauver le Drapeau. Il fait briser la hampe et confie la soie et l'aigle à un musicien du 2, le marsouin HOURDE, avec mission de ramener ce préceux dépôt jusqu'à Brest, et de le remettre à la portion centrale du Corps.
Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, HOURDE parvient à traverser les lignes allemandes et toute la France avec son précieux chargement et remet à Brest les restes du Drapeau qui avait vécu Bazeilles.
Le 5 juillet 1871, conformément à une circulaire ministérielle, la soie du Drapeau est incinérée. L'aigle échappe à la destruction, mais disparaît. Nul ne peut dire ce qu'il en est advenu, jusqu'au moment où un officier du 2, apprend en 1972 que cet aigle est la propriété d'un collectionneur privé. Après une délicate enquête, ce dernier peut être retrouvé et accepte de confier cette pièce pour quelques mois au 2e RIMa, en accordant l'autorisation d'en faire effectuer une reproduction. Aujourd'hui, le 2 peut se réjouir de posséder une réplique exacte de ce glorieux témoin du passé.
La Troisième République dote les Corps d'Infanterie de Marine de nouveaux drapeaux, confectionnés en 1880. Lorsque l'Infanterie de Marine se transforme en Infanterie Coloniale, on les repeint en remplaçant « de Marine » par « Coloniale». Comme tous les autres celui du 2e RIC est remplacé en raison de son usure vers 1905.
En 1914, le 2e RIC participe à la bataille de Rossignol. Le 22 août au soir de la bataille, le drapeau est confié par le Marsouin LEGUIDEC à Joseph DENIS. Mais durant la nuit, espérant le sauver, LEGUIDEC vient le rechercher et l'emporte jusqu'à Villers-sur-Semois. Là, craignant d'être fait prisonnier, il dissimule le Drapeau dans une haie où une habitante, madame WARNIMONT, le découvre au mois de novembre suivant. Elle l'enferme dans un bocal de verre, lui-même placé dans une grosse cafetière émaillée, qu'elle enfouit dans son jardin.
Drapeau du 2° RIC 1914
Après le départ des Allemands en novembre 1918, c'est avec le concours d'une compagnie du 264e RI que la précieuse relique est retrouvée en présence du Général AUBE, commandant la 5e Brigade d'Infanterie Coloniale, et de Leguidec qui à traversé indemne les quatre années de la Guerre.
Le Colonel PHILIPPE
L'emblème est rendu au 2e Colonial, le 5 mai 1919 à Schifferstadt, Palatinat Bavarois où le Colonel PHILIPPE, Chef de Corps depuis le 20 Avril 1917, présente le Drapeau de 1914 aux marsouins du Régiment.
L'emblème de 1940 ne devait pas non plus tomber aux mains de l'ennemi. Après les combats d'Amiens, il est ramené à Brest, le 18 juin 1940 par le Sous-Lieutenant HENNEBONT et remis au Lieutenant-Colonel BARE, commandant le DIC 118, qui avait déjà en garde l'ancien Drapeau de 1914/1918.
Brest étant à la veille d'être occupé par les Allemands, le Colonel BARE confie les deux emblèmes à un détachement commandé par le Capitaine LAURENT et qui embarque à destination de l'Angleterre le 19 juin 1940. En fait le bateau fait route pour le Maroc, où le capitaine remet les précieux drapeaux le 25 juin au commandant du dépôt du 6e RTS à Rabat.
Les deux drapeaux, ayant été renvoyés en France non occupée, doivent être sauvés une nouvelle fois quand les Allemands violent l'armistice en novembre 1942. Ils sont alors cachés le 27 novembre 1942 dans le Tarn sur l'initiative du Colonel THOMAS.
Allocution du général de Gaulle lors de sa visite à la 1re DFL à Chelles.
« Je viens d'avoir l'honneur de remettre la Croix de la Libération au 2' Régiment d'Infanterie Coloniale et au 1" Régiment d'Artillerie Coloniale; c'est pour nous tous un sujet d'émotion profonde!
Que de souvenirs précieux, dramatiques sont liés pour nous tous à ce Drapeau et à cet Etendard que vous avez conduits vers
le succès et la grandeur:
Nous avons fait ensemble de bien belles et grandes choses que le monde ne pourra pas oublier!
Combien avons-nous laissé de morts, combien de bons et braves camarades, officiers et soldats ont donné le plus bel exemple du service volontaire.
Beaucoup nous ont quittés pour regagner leur foyer: Les uns les autres nous restons liés ensemble par une chaîne que rien ne pourra détruire; oui, nous pourrons suivre nos voies et nos buts, mais quels que soient ces voies et ces buts, nous restons des compagnons de la grande tâche.
Vivent la Première Division Française Libre, le 2' Régiment d'Infanterie Coloniale et le 1° Régiment d'Artillerie Coloniale
Compagnons de la Libération; vive la France victorieuse en partie grâce à vous, vive la France tout court! »
Récupérés le 24 août 1944, ils sont confiés, celui de la guerre de 14/18 au musée de l'Armée (aujourd'hui exposé aux Invalides), celui de la guerre 39/45 au musée des Traditions des Troupes Coloniales.
A l'issue des campagnes d'Indochine et d'Algérie et quand les Troupes Coloniales redeviennent « Infanterie de Marine », le 2e RIMa recevra son dernier Drapeau.