source : Colonel ROISIN" Le 2ème de marine"
Du retour d'Algérie à la professionnalisation (1963-1978) .
Le camp d'Auvours se situe à 11 kilomètres à l'Est du Mans. Il a été créé en 183l.De la fin du XIXe siècle à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il sert à l'entraÎnement et au tir des artilleurs.Entre 1940 et 1944, les Allemands le transforment en dépôt de munitions. C'est alors que sont construits les hangars et les merlons (Saint-Hubert et Vertville : le village de combat du 2e RIMa) et le réseau de voies ferrées,dont il subsiste quelques vestiges, est mis en place. En 1946, l'Ecole d'Application de l'Infanterie s'implante sur le camp. Au départ de l'Ecole pour Coëtquidan, le camp devient le Centre d'instruction du Train de la 3e RM. En 1950, les éléments français devant former le bataillon français de l'ONU pour la Corée sont regroupés à Auvours pour créer l'amalgame et parfaire la cohésion de l'unité. En février 1963, les premiers éléments du 2e RIMa arrivent à Auvours.
En décembre 1963, le Régiment est réorganisé.Il comprend désormais un état-major,une CCS, quatre compagnies de combat, une compagnie d'appui et un groupement d'instruction formé d'une compagnie de base et de trois compagnies d'instruction. Il rejoint alors la ge Brigade des Troupes de Marine, récemment créée. C'est l'Unité amphibie de la 11° Division légère d'intervention .
Témoignage du général de brigade Pechberty, chef de corps de 1961 à 1963
La douceur du climat méditerranéen et ses nuits étoilées habitaient le coeur des marsouins du 2' RIMa lorsqu'ils s'installèrent au Mans et à Auvours par un hiver quasi sibérien; mais les retrouvailles familiales et la fierté ressentie d'appartenir bientôt à la nouvelle division 'intervention, dont la création avait été annoncée quelques mois auparavant par le ministre de la défense, aideraient à surmonter les difficultés d'installation et les servitudes de la vie de garnison.
Le 21 janvier 1963, l'état-major du Régiment et le 3' Bataillon en provenance de Bône débarquaient au Mans et gagnaient péniblement par les rues verglacées la caserne Chanzy qui avait abrité autrefois le 117' RI et était désertée depuis plusieurs années. Le dimanche 27 janvier, au cours d'une prise d'armes, notre glorieux drapeau était présenté aux autorités et à la population enthousiaste de voir à nouveau l'armée présente dans la cité.Le 3 février, le 1" Bataillon en provenance de Mers El-Kébir débarquait à Champagné par -17 oC et gagnait le camp d'Auvours oû il allait cohabiter pour un temps avec une unité du Train. A Chanzy, nous trouvions des cuisines et des réfectoires entièrement neufs, une caserne dont les façades donnant sur la cour d'honneur avaient été ravalées tandis que les autres, moins voyantes, restaient délabrées par manque de crédits!Il convient ici de préciser que la 3' Région militaire recevait six régiments et que les moyens n'étaient pas à la hauteur des besoins. A Auvours, si l'ordinaire était assuré pour un temps par les « tringlots », en revanche, les casernements en dur étaient rares et les baraques fillod, ô combien glaciales, étaient de règle. Au fil des mois, de nombreuses améliorations jurent réalisées: mess pour les sous-officiers, garages, salle de judo, terrain de sports.
Dès le 1" mars, un Groupement d'instruction était créé à Auvours, accueillant et formant les recrues qui, une fois instruites, étaient versées dans les compagnies de combat. Les bataillons formant corps étaient bientôt dissous et le Régiment était affecté à la fin de 1963 à la 9< Brigade de la 11' Division légère d'intervention. Ces réorganisations,les nombreuses mutations de personnels, les congés de fin de ampagne et ceux de départ outre-mer nuisaient quelque peu à l'application rigoureuse des programmes d'instruction. Mais, peu à peu, compagnies et bataillons devenaient à nouveau aptes à remplir des missions opérationnelles. En cette fin 1963, la cohésion du Régiment était satisfaisante, l'instruction avait repris sa place essentielle dans l'emploi du temps. Les rapports avec les autorités locales et la population étaient excellents. L'Algérie était déjà loin.