Engagé en 1944 pour combattre les Allemands, et décoré de la Légion d'Honneur en 2014, Eugène Spy vient de décéder.

Lorsqu'à presque 90 ans il avait appris qu'il recevrait le 11 novembre 2014 la Légion d'Honneur, il n'avait pas dissimulé sa fierté.

Depuis son appartement d'Allonnes, il avait eu ces mots : « des distinctions, j'en ai eu, mais celle-ci, c'est la plus belle. »

Nous étions alors au cœur de l'été 2014, et le vieil homme avait pris le temps de parler de lui. De la guerre et de ses horreurs, de son parcours de miraculé, et de son engagement.

Ce qu'Eugène Spy avait vécu alors qu'il n'avait pas 20 était effectivement resté bien en ordre dans une boîte à souvenirs devenue poreuse. Ce jour de juillet, il avait parlé de son « épopée », de sa fuite pour échapper au travail obligatoire. Puis « parce que nous en avions assez des Allemands », il avait voulu faire la guerre.

Au bureau de recrutement d'Auvours, il s'était alors engagé, puis avait combattu l'ennemi, jusqu'en Allemagne. Ému, il avait confié avoir vu mourir des camarades tandis que les balles sifflaient au-dessus de sa tête.

Après la Seconde guerre mondiale, Eugène Spy était reparti se battre. En Indochine cette fois-ci. « Une saloperie de guerre », avait-il soufflé. « On se battait contre des gens qui n'avaient pas peur de mourir. » En 1948, le soldat Spy avait enfin fini par rentrer au pays, pour s'y marier, y avoir enfants, y devenir maçon, et même chef de chantier.

Le 11 novembre 2014, sur la place Aristide-Briand, au Mans, entouré de proches fiers de lui, on a épinglé à sa veste la Légion d'Honneur. Il était exactement 10 h 38. « C'est le grand jour, enfin », avait-il simplement lâché ; l'une de ses petites filles lui avait dit ceci : « on est fiers de toi mon petit papy. »

Ce 6 mars 2018, Eugène Spy s'est éteint à l'âge de 93 ans. Ses obsèques seront célébrées le mardi 13 mars à 14 h 30 en l'église Notre-Dame-de-la-Couture du Mans.

source le maine libre