Troisième formation « chantante » : le 2e Rima (Régiment d'infanterie de marine) de Champagné près du Mans. 140 des soldats qui rentrent d'Afghanistan chanteront un chant de guerre polynésien : « Napoka kiu »
« Faites-vous plaisir. On va nous applaudir pendant un bon kilomètre. Profitez-en, ce n’est pas tous les jours. Ayez une pensée, mais je sais que vous l’avez, pour tous les gars qui sont restés là-bas. Encore une fois, pensez à vous, faites-vous plaisir ».
8 heures, jeudi matin, juste au dessus du rond-point des Champs-Élysées. Le colonel Bruno Héluin, commandant du 2e RIMa (1 000 militaires basés à Auvours) et chef de corps du bataillon Richelieu tout juste revenu d’Afghanistan (800 hommes dont 500 du 2 e RIMa en mission depuis décembre), donne les dernières consignes à sa troupe avant le défilé. Les 133 heureux militaires (dont quatre femmes) élus pour la parade écoutent, sourient, apprécient, une bulle familiale et filiale s’arrondissant au dessus au dessus du képi.
133 marsouins honorent l’engagement aux peuples d’Outre-Mer
Visiblement, ils aiment leur chef. Visiblement, ils sont heureux d’être rentrés. La mission sur les Champs-Elysées, même devant un Président qui venait s’annoncer « qu’il fallait savoir finir une guerre », s’annonce quand même moins périlleuse qu’une sortie sur la base opérationnelle de Tora, dans le district du Subori.
L’Afghanistan, décidément, aura laissé des traces. Deux de leurs camarades manceaux viennent d’y perdre la vie en six mois de campagne. Vingt autres du 2e RIMa ont été blessés, dont le caporal Lebrunet, atteint d’une balle dans l’avant-bras et qui défile ca matin. Et puis hier encore, l’annonce de cinq nouveaux décès…
Hier matin, sur les Champs, les blessures physiques ou morales étaient beaucoup moins visibles sur les visages que la fierté et l’honneur. Et lorsque, passant devant la tribune présidentielle, les 133 marsouins, en chantant marquisien, ont rendu un hommage sonore et vibrant à la magie des îles, c’est toute la France et sa métropole qui envoyaient ainsi un message de respect aux peuples d’Outre-Mer, engagés depuis des décennies sous le drapeau Français. Des tirailleurs sénégalais aux polynésiens des Marquises.
L’année des Outre-Mer
Le 2 e RIMa du Mans était décidément très bien placé pour symboliser cet hommage. Plus de 20 % de son effectif émane des Dom-Tom : « Nous avons appris entre nous les chants exotiques. Cela forge et cela apprend. Mais cela ne nous empêche pas de rendre régulièrement hommage à la Bretagne et à Brest en particulier, ville où le Régiment est né. Alors même si nous appécions la langue créole, nous respectons bien évidemment le breton. Nous sommes à l’écoute des peuples, de leurs chants et de leur culture, comme sur tous les théatres de nos opérations ».
texte Jean-Benoît. GAYET le maine libre