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Pour la première fois, un exercice militaire implique des réservistes, prêts à tout lâcher en 48 heures pour rejoindre leur unité. Ce dispositif a fait l'objet d'un test grandeur nature, hier, au 2e Rima du Mans.


Dans leur autre vie, ils sont étudiant, agent de collectivité, salarié d'une agence commerciale ou même militaire à la retraite. Et, depuis ce mercredi, ils sont quatre-vingts réservistes à dormir pour quatre jours sous des bâches, en pleine forêt, dans le gigantesque camp d'entraînement du 2e Régiment d'infanterie de marine (Rima), au Mans.

Par tradition familiale ou engagement personnel, ils consacrent jusqu'à un mois par an à leur deuxième métier, en kaki. Bien qu'habitués aux exercices mensuels auxquels ils sont régulièrement conviés, ces militaires réservistes participent, pour la première fois en France, à un test grandeur nature de mobilisation d'urgence.

De Vannes, du Mans ou de Rennes, ils ont été appelés par téléphone et ont dû se mobiliser en quelques heures. Dans un contexte de crise énergétique grave, il s'agit de sécuriser un dépôt de carburant fictif menacé par une situation de très haute tension sociale.

Sujet sensible

Aux militaires qui figurent des manifestants, ils opposent une interdiction formelle d'aller plus loin. Ils doivent conserver l'accès du site sans intervenir directement dans le maintien de l'ordre. Ce scénario, élaboré il y a quelques semaines, sert d'abord à mesurer les mécanismes de mise en oeuvre du système Guépard réserve, selon la terminologie militaire.

Le dispositif a été voté au printemps et connaît là sa première application sur le terrain, en grandeur réelle. Sur les 45 000 réservistes recensés en France, il s'agit de garder en permanence environ 800 soldats intermittents disponibles et mobilisables en moins de 48 heures.

Sur réquisition du préfet, ils sont destinés à venir suppléer la police, la gendarmerie ou la sécurité civile en cas de crise majeure, de manière ponctuelle ou sur l'ensemble du territoire, si les forces de police étaient débordées par l'ampleur du phénomène.

Des militaires, même réservistes, intervenant en renfort dans le cadre d'opérations de maintien de l'ordre : cela amène nécessairement des interrogations, voire des inquiétudes républicaines que le commandant de brigade, le général François Lecointre, tient immédiatement à dissiper. « Nous savons bien que l'engagement des armées reste un sujet très sensible. »

Il explique que l'exemple d'aujourd'hui est réaliste mais ne serait mis en place qu'en cas d'état d'urgence, pour garantir des points vitaux par exemple et sous la seule responsabilité du Premier ministre. « En revanche les mêmes mécanismes de mobilisation peuvent être mis en oeuvre, et c'est ce qui nous intéresse aujourd'hui, pour répondre à des situations catastrophiques, après une grave tempête par exemple. »

Camille GUILLEMOIS.

 

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