Des exilés de la minorité Hmong ont salué aujourd'hui depuis les Etats-Unis l'acte d'un colonel français en retraite qui s'est suicidé en France au pied d'un monument aux morts d'Indochine pour dénoncer l'"indifférence" des autorités face au sort de cette minorité du Laos.lire l'article du Colonel Jambon

"Les anciens combattants Lao et Hmong saluent le sacrifice suprême du colonel Robert Jambon", a déclaré Wangyee Vang, président des anciens combattants Lao de l'America Institute, ajoutant dans un communiqué que le militaire était "un héros". "Jambon a donné sa vie pour tenter d'attirer l'attention internationale sur les attaques militaires incessantes et les violations des droits de l'homme conduites au Vietnam et au Laos sur ce peuple amoureux de la liberté", a-t-il ajouté.

Robert Jambon, un colonel en retraite, commandeur de la Légion d'honneur, s'est suicidé le 27 octobre au pied du monument aux morts d'Indochine de Dinan (Ille-et-Vilaine) pour dénoncer l'"indifférence" des autorités face au sort des Hmongs, minorité chrétienne et pro-occidentale victime, selon lui, d'un "véritable génocide" depuis l'avènement de régimes communistes au Laos et au Vietnam en 1975.

 

 

 

Robert Jambon, qui avait combattu aux côtés de Hmongs durant la guerre d'Indochine (1950-54), s'était notamment indigné de la faible réaction de la France et des Etats-Unis à l'expulsion de Thaïlande vers le Laos, en décembre 2009, de quelque 4.500 réfugiés hmongs qui avaient fui le Laos communiste. Quelque 250.000 Hmongs ont trouvé refuge aux Etats-Unis, un peu moins en France et en Australie.

Et Jean Lartéguy de citer de surcroît un officier français les ayant côtoyés et les décrivant comme « un peuple fou de liberté. »

texte  Pierre Schoendoerffer

« Ils nous avaient choisi ».

Une piste abrupte, toute droite quels que soient les obstacles, noyés d’une froide brume blafarde et un son étrange, inhumain, qui poigne le cœur. Dans le courant ascendant d’un col se devine une structure fantomatique des grands bambous dressés. Une orgue, une flûte de pan géante dont le vent est l’instrumentiste ; mélopée aléatoire, voix inarticulées, incompréhensibles mais impérieuses des Génies. Un peu plus haut sur la crête, au-dessus des nuages, ils étaient là, debout tout de noir vêtus, avec leurs vieux fusils à poudre noire se chargeant par le canon. Au-dessus de leurs têtes le soleil, à leurs pieds une mer de sombres nuées d’où émergeaient les sommets des « Cent Mille Monts » comme des îles de légende. Ils avaient sauvé l’un des nôtres, rescapé d’une embuscade là en bas dans la vallée, et nous étions venus pour le ramener chez nous. C’est ainsi que j’ai rencontré, il y a plus de cinquante-cinq ans, les Hmongs qu’on appelait alors Méos ou Miaos. Ils nous avaient choi!
sis pour alliés dans cette guerre, de préférence au Viêt-Minh.
Le nôtre, celui qui avait survécu grâce à eux et que nous venions chercher nous mena à une tombe, creusée à flanc, surmontée d’une croix en bois que le vent et la pluie avaient décapée, infléchie à gauche, comme la tête du Christ. Hébergés et nourris dans le village, on avait rempli pour les Génies deux petite coupes de nourriture, on en avait aussi déposé une sur la tombe de notre camarade, puis, l’esprit en paix, on a vidé joyeusement la bouteille de « chum » perpétuellement renouvelée, verre après verre, cul sec, entre hommes. Je ne sais plus ce que nous avons mangé. Sans doute un de leurs cochons noirs, sangliers mal dégrossis que l’on avait vu rôder un carcan au cou pour les empêcher de dévaster les cultures. Outre la bouteille de cet abominable « chum », qui portait encore une étiquette fanée de vin de Bordeaux, il y avait une petite boîte ronde de Vache qui rit contenant encore trois petits triangles de fromage jauni : ultime trace visible de ce fut l’empire colonial !
français dans cette hutte sur pilotis du haut du bout du monde.
Ces Hmongs étaient aussi les plus joyeux des hommes. Je sais que par la suite, on leur a parachuté un instructeur, un poste-radio et une poignée de fusils Royal Enfield datant de la guerre de 14. Ils ont encore sauvé un certain nombre des nôtres et porté quelques coups pendables au Viêt-Minh, …
Et puis, il y a eu Diên Biên Phu. La fin de notre guerre. On est parti avec honte et rage, les laissant tomber.
Seul notre camarade dans sa tombe est resté avec eux.
Est-il toujours là-haut ?

Pour aller plus loin

la-voix-des-oublies-d.indochine

Center for Public Policy Analysis

GUERILLAS, GUERRES SECRETES ET « COVERT OPERATIONS » AU LAOS ESSAI HISTORIOGRAPHIQUE

Dr Ami-Jacques Rapin*(CERIA)No l0 ici

Les Hmong du Laos 1945-1975Leur engagement dans les guerres d'Indochine auxcôtés des Occidentaux : enjeux et réalités ici

Français et Américains surent utiliser les qualités de ces ethnies farouchement hostiles aux occupants Viets en les formant en maquis, d’une redoutable efficacité. Dien Bien Phu aurait, peut-être, pu être sauvé par ces maquis Méos (Hmongs) menés par une poignée d’officiers et sous-officiers atypiques comme Déodat Dupuy- Montbrun (lisez ses polars !). La République du Viet-Nam disparue, des maquis montagnards subsistèrent, abandonnés de tous. Plus de 100 000 purent s’enfuir aux Etats-Unis, 10 000 en France. En décembre 2007, une dépêche annonçait la déportation de 4000 survivants Hmongs, réfugiés-internés en Thaïlande, vers l’état communiste du Laos, constant dans sa politique génocidaire à leur égard. La « Communauté Internationale s’est déclarée indignée », poil au nez. BHL n’y était pas.la suite ici


Guerre Secrète Au Laos Envoyé Spécial par T3RPR0

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