Décret du 25 novembre 2011 portant élévation
Elévation à la dignité de Grand croix de la Légion d'honneur du commandant Hélie de SAINT MARC
Mais il n'imaginait pas, dans le tourment qui était le sien, et dans son infortune, qu'un demi-siècle plus tard, le président de la République française l'élèverait à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur. La Légion d'honneur, il l'avait reçue pour la première fois en Indochine, des mains du général de Lattre. Il allait en être déchu. «Les décorations, on m'en a décerné, on me les a retirées, on me les a redonnées. On m'en décerne de plus prestigieuses encore...», dit-il aujourd'hui en souriant.
Cet « essentiel d'une vie » fut pour lui le chemin de l'Espagne, avant son arrestation par la Gestapo, le 13 juillet 1943, puis Buchenwald, Langenstein et sa libération le 9 avril 1945, alors
qu'il avait été laissé pour mort (il ne pesait plus que 42 kilos). Ce fut aussi cette Indochine de sang où il fit trois séjours, de 1948 à 1954, pour les moments les plus forts de sa vie : les
combats à la tête de ses partisans, le poste de Talong à la frontière de Chine, où il abandonna une première fois des gens à qui il avait donné sa parole d'officier de ne jamais les quitter.
Un souvenir le bouleverse encore : l'aube dans un village de montagne, une fille apportant un bol de thé : « J'ai connu un moment d'éternité. J'étais encore en vie après avoir tué... »
La prison – la Santé, Clairvaux, Tulle – acheva ce parcours hors norme : « Mon passé fracassé et notre avenir qui gisait en morceaux sur le sol de notre cellule. » Combien de temps
faut-il pour redevenir un homme "normal" après la prison ? « Jamais... »
Pourcomprendre comment un officier discipliné et loyaliste comme j’étais devient un officier rebelle, il faut se souvenir de ce qu’a vécu toute notre génération de soldats. Il y a eu l’effondrement tragique de l’armée française en 1940. Puis il y a eu l’Indochine avec la lutte pour l’évolution du Vietnam qui était nécessaire. Et l’Algérie ».Gracié par de Gaulle en 66, Hélie de Saint Marc n’a néanmoins pas pardonné au général. « Je lui en veux toujours.
Un soldat qui risque sa vie doit savoir pourquoi il se bat. On ne peut pas lui demander de mentir vis-à-vis des populations. Ce doit être un homme de vérité ».Le Commandant Hélie Denoix de Saint Marc est né le 11 février 1922. Entré dans la Résistance à l’âge de 19 ans, il est arrêté deux ans plus tard puis déporté à Buchenwald. Il choisit la Légion après la guerre et part en Indochine en 1948. II restera très marqué par l’évacuation du poste qu’il tenait avec ses hommes à la frontière chinoise, l’ordre lui
ayant été donné de laisser sur place les villageois, qui seront massacrés. Puis il sert en Algérie. En avril 1961, il rejoint le putsch des généraux, commandé par le général Challe, avec le 1 er régiment étranger de parachutistes qu’il commande par intérim. Alger tombe rapidement mais en quelques jours, la tentative de coup d’État s’enraye.Hélie de Saint Marc se constitue prisonnier et est condamné à dix ans de réclusion criminelle. Il passera cinq ans dans la prison de Tulle avant d’être gracié en 1966. Après sa libération, il s’installe à Lyon avec l’aide d’André Laroche, le président de la Fédération des déportés et commence une carrière civile dans l’industrie. Il est l’auteur
de plusieurs livres et vit toujours à Lyon.
« QUE DIRE A UN JEUNE DE 20 ANS »
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50 ans après, le Lyonnais Hélie de Saint Marc raconte « son » putsch d'Alger
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Hélie de Saint Marc, les combats d'une vie
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