Lettre de l’ASAF 10/09

« Ne pas subir »

(Maréchal Jean de Lattre de Tassigny)

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« Budget de la Défense : de dangereuses contradictions »

La crise économique, que traverse aujourd’hui la France, est d’autant plus grave qu’elle se produit dans un pays lourdement endetté - 1 500 milliards de dette -, conséquence directe de plus 30 ans de déficit budgétaire quasi continu.


Les intérêts de la dette, dont notre pays doit s’acquitter chaque année, étaient l’an dernier de 40 milliards €,  soit 25% de plus que le budget total consacré aux armées.


Pourtant, pendant ces décennies de déficit budgétaire, la part du budget que l’Etat a consacré à la Défense a été divisée par deux passant de plus de 3% dans les années 70 à moins de 1,6% du PIB aujourd’hui.

Dans ces conditions doit-on au nom d’une pseudo répartition des efforts  ponctionner encore 3,5 milliards d’euros sur les armées, au risque de remettre en question la cohérence et l’équilibre de notre outil militaire ?

Le livre blanc remis en cause

le livre en blanc en bref : pdf

Le livre blanc paru en 2008 analysait la situation stratégique sous tous ses aspects et fixait des contrats opérationnels à nos forces. La loi de programmation militaire et les déclarations formelles du Président de la République, chef des armées, faites  le 16 juin 2008, attribuait les ressources financières nécessaires pour permettre de les remplir.

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Comment les armées peuvent-elles le faire si les ressources qui leur sont consacrées changent tous les ans ? Croit-on qu’un système d’hommes et d’équipements aussi complexe qu’une armée puisse changer de format et d’organisation au rythme des déclarations politiques ? Sait-on qu’un programme militaire se déroule sur 30 ans et parfois davantage entre l’expression des besoins d’un matériel et son emploi dans les forces ?

Comment l’industriel peut-il organiser la production à des prix compétitifs si le nombre d’exemplaires de ces matériels est régulièrement remis en question?

Peut-on croire, contrairement aux apparences, que l’Europe de la Défense se fera sous la pression des coupes budgétaires, alors que chaque pays va au contraire chercher à préserver dans l’urgence et au mieux ses intérêts nationaux ?

La célébration du 70 ème anniversaire des combats de 1940 aurait dû marteler et graver dans l’esprit des dirigeants politiques européens  ce premier enseignement: une défense solide ne s’improvise pas ; elle exige du courage, des efforts et de la continuité.

La question cruciale des effectifs

L’effectif total des armées françaises sera en 2015 de 220 000 soldats, marins et aviateurs. L’armée de terre ne dispose déjà plus que de 20 régiments d’infanterie soit 20 000 fantassins ! (99% des régiments d’infanterie ont été dissous en 1 siècle).Or les conflits que nous devons et devrons probablement conduire hors du territoire national dans les prochaines années nécessitent des effectifs importants parce qu’ils s’inscrivent dans la durée et imposent de contrôler des espaces très vastes souvent en même temps que des zones très urbanisées. C’est vrai pour la lutte contre les islamistes afghans comme pour celle contre les pirates de l’Océan indien. Celle qui s’annonce contre les membres d’Al Qaïda qui sèment la terreur dans les confins sahéliens, ne modifie pas cette perspective.

Mais il faut aussi évoquer, en toute franchise et sans tabou, l’hypothèse d’opérations de sécurisation dans lesquelles les armées pourraient être engagées en appui des forces de sécurité intérieure dans certaines parties du territoire national.

Une telle perspective, de moins en moins improbable, devrait inciter nos responsables à s’intéresser davantage aux effectifs de certaines unités et à s’interroger sur la pertinence du processus qui conduit à la création de déserts militaires sur notre territoire. Car si l’armée, dit-on, n’est pas chargée de l’aménagement du territoire,  elle doit garantir son intégrité et celle-ci pourrait bien passer par un déploiement plus équilibré de ses forces. Serait-il déjà trop tard pour qu’une ou deux unités fortes de 1000 militaires stationnent dans chacun de nos départements ?

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Enfin, au moment où la classe politique, tous partis politiques confondus, soutient la création du service civique pour renforcer la solidarité nationale, est-il raisonnable de diminuer encore le nombre de Français servant au sein des armées alors qu’on sait que cette institution constitue également un remarquable creuset d’intégration notamment pour les jeunes issus de l’immigration.

Des équipements à renouveler et à préparer

Mais simultanément, il faut que nos armées renouvellent très rapidement certains de leurs matériels majeurs : hélicoptères de manœuvre, avions de transport, ravitailleurs, drones, frégates multi missions et sous marins nucléaires d’attaque, armements et protections individuels des combattants, sans oublier les équipements qui garantissent la cohérence de l’ensemble de ces systèmes.

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Il faut également donner à notre industrie d’armement les ressources indispensables au développement des moyens qui permettront à notre pays de faire face aux menaces que représente l’émergence de certaines puissances à l’horizon de 5 à 15 ans et dont les budgets militaires ne cessent de croître..

Enfin, la réduction excessive des budgets de fonctionnement conduit un nombre croissant de jeunes engagés à ne pas renouveler leur contrat estimant à juste titre de ne pas disposer des conditions de vie et surtout d’entraînement satisfaisantes, c'est-à-dire de ne pas avoir les moyens d’exercer leurs métier de manière professionnelle. Cette situation critique constitue une menace mortelle pour notre armée d’autant quelle touche un nombre croissant de cadres. Le rapport annuel sur le moral en témoigne. Il est urgent que cet aspect soit bien pris en compte.

Quelle stratégie ?

En décidant, dans l’urgence, une réduction des crédits militaires pour les 3 ans à venir après avoir lancé il y a moins de 2 ans une réorganisation considérable de ses forces armées qui est en cours, l’Etat agit à contretemps. Le renforcement de la cohésion nationale autant que le développement des capacités militaires des puissances émergentes devraient inciter la France et plus généralement les Européens à ne pas désarmer.

Ce sont nos enfants qui paieront demain les conséquences de ces choix égoïstes, souvent à courte vue, comme ce fut le cas il y a 70 ans.

Association de soutien à l’armée française

18, rue de VEZELAY

75008 PARIS

www.asafrance.fr

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