SUITE...

A quelques kilomètres de là, un escadron du 3ème Régiment de Spahis à cheval était en patrouille. Comment ont-ils été prévenus ? Ont-ils vu le Piper ? Puis le T6 ? Ont-ils entendu la mitraille ?

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Je laisse s’exprimer Robert Saisset, soldat de ce régiment : « je me souviens très bien de cet accrochage où les Spahis du 2ème escadron ont chargé au galop et leur capitaine, paraît-il, sabre au clair… ». Cette intervention, véritable séquence extraite d’un western américain, est décisive : les cavaliers prennent à revers la Katiba qui était au contact avec nous. Les rebelles, pris de panique, se dispersent et s’enfuient vers la montagne proche, poursuivis par les légionnaires et les spahis. Pendant ce temps, le 2ème Katiba, située sur l’autre versant, décroche et se replie dans l’ordre.

Et nous, les artilleurs, que faisons-nous ? Nous mettons nos 3 canons en batterie et opérons, ce qu’on appelle un « tir à vue » sur les fuyards. Je suis sur un camion pour décharger les obus. Chaque caisse pèse 60 kg. Je suis grand et fort, comme chacun le sait ! (1,66 m et 58 kg à l’époque !). « Plus vite !… plus vite !… ». Je suis à bout physiquement. Heureusement, de temps en temps, nous arrêtons le tir pendant 2 à 3 minutes… pour laisser refroidir l’affût du canon. Mais que ma plainte est ridicule quand on pense à ceux qui subissent la canonnade !

Combien ce combat a-t-il fait de morts ? Le simple soldat que  j’étais n’a pas en droit à cette information. Plusieurs tués chez les légionnaires ? Sans doute aussi chez les spahis ? Sept au total ? Pas de morts chez nous, mais seulement quatre blessés pour les deux sections. C’est incroyable ! Il est vrai que le combat, dans sa première partie, avant l’intervention des cavaliers, a été très court. Aussi court que violent ! Environ 70 rebelles tués et 15 prisonniers.

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J’ai encore devant les yeux le regard tragique de ce « gamin » de 15 ans, le ventre ouvert par une rafale de 12,7. Avant de mourir, il nous a dit pourquoi il était là. Il avait été enrôlé de force par les rebelles car il savait bien écrire le français. Il était le secrétaire de la Katiba, mais il n’avait d’arme. On ne ment pas quand on sait qu’on va mourir…

Yves MANGEON.

PS : nous ne pouvons qu’être émus et très respectueux à la lecture de ce récit. Puisse-il servir « d’exemple » et « donner des idées » à nos amicalistes, afin que ces derniers, « prennent le témoin…et la plume ! » et nous fassent part, eux aussi, de leurs souvenirs d’opérations extérieures, de leurs anecdotes, de leur « vécu », de leur histoire… Cela aussi, fait partie du devoir de mémoire envers les jeunes générations. Le président.

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