« SOUVENIRS D’APPELES ».

Nota du président : en souvenir et en hommage à tous les militaires, appelés ou de carrière, venus combattre en Algérie (dont nombreux au prix de leur vie ou gravement blessés), il me semblait primordial de vous faire part du courrier d’Yves MANGEON (alors appelé au 11ème RAC -devenu 11ème RAMa-). Détaché au 12ème RA et grièvement blessé durant l’embuscade d’Aïn El Hadjar, le 15 mars 1958 ; les propos qu’il relate sont « toujours d’actualité » !!!…

L’embuscade :

-  « le 15 mars 1958, à l’aube, deux sections de la 1ère batterie du 12ème régiment d’artillerie partent, avec 3 canons de 105 m/m, pour participer à une grand opération de ratissage. La région étant dangereuse, nous sommes escortés par deux sections de légionnaires.

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Vers 8 heures, un avion Piper-Club qui nous survolait envoie un message à notre officier : « attention, il y a des fellaghas sur les hauteurs qui vous dominent ! ». Le message n’est pas encore terminé qu’une rafale tirée par les rebelles abat l’avion. Instantanément, c’est la fusillade générale. Nous sommes pris dans le feu de deux Katibas (compagnies). Terrible accrochage où les rebelles ont trois avantages sur nous : ils  sont deux fois plus nombreux (environ 250 contre 120) ; ils ont pris l’initiative du combat ; leur position en hauteur est plus que favorable

Avec quelques camarades, je suis assis à l’arrière d’un camion. Des grenades à fusils explosent autour de nous. Nous voyons les balles soulever des nuages de poussière. Nous entendons les impacts contre le camion et les caisses d’obus…sur lesquelles nous sommes assis ! Il nous faut quelques secondes avant de comprendre ce qui arrive et obéir à l’ordre hurlé par nos chefs « sautez vite ! ». Bien sûr, j’obéis. Mais je saute tellement vite que j’en oublie mon fusil. Le tireur de la mitrailleuse 12,7 m/m, un brigadier-chef ancien d’Indochine, saute aussi. Hurlements de notre sous-officier chef de véhicule, qui lui, ordonne de remonter et de tirer. Refus car la mitraille est trop violente. Mais mon grand souci est ailleurs : « il faut que je cherche mon fusil ». Je me lève. « qu’est-ce que tu fais ? » me dit mon sous-off. « j’ai oublié mon fusil sur le camion ! ». Réponse : « ne monte pas ». Je fais comme si j’étais sourd et escalade les caisse d’obus pour récupérer mon Garant. En haut, je me dis que je devrais me mettre à la 12,7 m/m et tirer. Mais, comment faire ? Je suis tellement malhabile de mes dix doigts que je ne sais pas comment ça marche ! Je redescends. Le sous-off, devant le refus du brigadier-chef, monte à la mitrailleuse et ouvre le feu sur les fellaghas.

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Mais l’étau se resserre sur nous. Tandis que la Katiba située sur notre gauche reste sur sa position haute, celle de droite passe à l’attaque et descend sur nous. Je les vois tout près de nous, portant la même tenue de combat  et le même foulard rouge…que nous ! J’entends leurs chefs crier, en français, « à l’attaque ! » et « en avant ! ». Comment faire la différence entre les artilleurs et les fellaghas ? Mais, si maintenant, je peux témoigner, et si je suis encore vivant, c’est grâce à la Légion. Pour eux, aucune confusion n’est possible grâce à leurs képis blancs. Avec le calme qui les caractérise, ils sont venus nous appuyer et nous dégager : baïonnette au canon, comme à la parade ! Mais, 60 légionnaires ne peuvent suffire, malgré leur métier et leur courage, pour repousser une Katiba. L’intervention d’un avion T6 ne suffit pas non plus : il ne peut mitrailler efficacement sans risquer de toucher les artilleurs ou les légionnaires.

C’est alors que l’événement salvateur s’est produit, pour ne pas dire le miracle…

A SUIVRE…

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