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UE, USA, Russie. Qui aidera désormais l'Afghanistan?


Dmitri Kossyrev, RIA Novosti

il serait exagéré de dire que la montagne (la conférence internationale sur l'Afghanistan de Bonn) a accouché d'une souris. Toutefois, quel que soit l'angle sous lequel on regarde les tâches de cet événement international régulier (organisé depuis 2001), on se pose beaucoup de questions. Par exemple: désormais, qui donnera de l'argent à l'Afghanistan? L'Union européenne frappée par la crise ou les Etats-Unis qui retirent leurs troupes? 

La conférence n'a donné aucune réponse optimiste. L'autre question est de savoir qui recevra cet argent, autrement dit qui sera au pouvoir en Afghanistan d'ici deux ans. Pas de réponse à cette question non plus.


Beaucoup de ministres, peu d'enthousiasme

Le principal événement actuel associé à l'Afghanistan, ce n'est pas tant la conférence que le double attentat à Kaboul et à Mazar-i-Sharif. Cette attaque vise la communauté chiite qui vient d'achever la commémoration de l'Achoura, des cérémonies de plusieurs jours en mémoire de l'imam Hussein assassiné en 680 (le chiisme, le deuxième courant islamique derrière le sunnisme en termes de nombre d'adeptes, fait remonter son existence à cette date).

Il est à noter que les médias mondiaux ont pratiquement cessé de s'intéresser à ce genres d'événements, aussi bien en Afghanistan qu'en Irak, où lundi s'est produit approximativement la même chose. Les deux pays disent actuellement adieu à la présence militaire des Etats-Unis et de l'Otan (en Irak cela aura lieu avant la fin de l'année), en revanche ils ne pourront pas dire adieu au terrorisme. Et pour être plus précis, à la guerre civile, au moins en Afghanistan.


 

Les conférences de Bonn ont été conçues il y a 10 ans comme des réunions de donateurs ou, si vous voulez, d'amis et de protecteurs de l’Afghanistan, où en octobre 2001 les troupes américaines commençaient seulement à être introduites. Il était prévu de répondre à Bonn aux questions de savoir pourquoi les troupes devaient être envoyées, quel Afghanistan on voudrait voir et comment on pourra l’aider. En faisant la somme des discours, des promesses, des idées et des déclarations entendus à Bonn, c’est un défilé d’espoirs et d’illusions.

Bien que dès 2001, tout fût clair dans l’ensemble. Il fallait remporter la victoire sur l’opposition (appelée généralement talibans, le terme étant très conventionnel). Puis, un effort international grandiose était jugé nécessaire pour transformer l’Afghanistan en un Etat moderne et prospère. Ce qui représentait plusieurs dizaines de milliards de dollars pour la première décennie.

La décennie s’est écoulée, mais on ne voit ni les succès militaire ni l'argent initialement annoncé. Et comment pourrait-on donner cet argent si le dilemme initial n’a toujours pas été réglé: le gouvernement de Kaboul est faible et il est dangereux de lui donner de l’argent, mais si on ne le lui donne pas, il restera faible.

Les conférences de Bonn se tiennent à très haut niveau. 60 ministres des Affaires étrangères ont participé à la dernière conférence, 85 pays y ont été représentés, et elle a été présidée traditionnellement pas le chef de l’Etat afghan Hamid Karzaï. Mais en ce qui concerne l’argent et les projets de développement, on a seulement entendu des affirmations, à savoir que ce qui a été promis arrivera.

Mais même cela suscite des doutes étant donné qu’à la fin de la semaine se tiendra le sommet de l’UE sur la crise qui pourrait changer le destin de l’euro en tant que monnaie, de la zone euro en tant que territoire et de toute l’Union européenne. On a du mal à croire qu’une telle situation incite les Européens à donner de l’argent à l’Afghanistan. Les dispositions des Etats-Unis sont similaires en raison de leur départ du Moyen-Orient et d’Asie centrale.

Et le principal événement de la conférence est le refus d’y participer des Pakistanais, qui ont promis de faire venir de véritables talibans. Mais peu de temps avant la conférence, les forces de l’Otan ont bombardé par erreur un poste de gardes-frontière pakistanais, et le refus de se rendre à Bonn n’est qu’une partie de la réaction d’Islamabad.

Ce que Moscou propose
Bref, il est clair que la récente conférence de Bonn se tient dans une sorte d’interrègne, entre l’ancien modèle de relations Occident-Afghanistan et du nouveau, quelque chose dans le genre "l'Afghanistan et ses voisins."

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a notamment tenu un discours à Bonn en déclarant que la Russie était l’un des pays les plus intéressés par le règlement du problème afghan. Il a ajouté que Moscou proposait d’envisager l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), à laquelle participent l’Afghanistan et tous ses voisins, en tant que "plateforme prioritaire pour la coordination de la contribution régionale aux efforts internationaux de règlement de la situation en Afghanistan."

En principe, tout tend vers cette idée. En considérant la récente conférence de Bonn comme le début de l’honteuse fin des efforts mondiaux pour faire quelque chose avec un pays primitif constamment en guerre, et en affrontant l’évidence (on rejette les problèmes de l’Afghanistan sur ses voisins, dont la Russie), l’OCS est la seule à pouvoir aider. Après tout, les pays d’Asie centrale, le Pakistan, l’Inde, l’Iran, la Chine, etc. font partie de l’OCS en tant que membres ou observateurs.

C’est bien sûr très intéressant: les Etats-Unis et l’UE font preuve d’un affaiblissement économique; et c’est une très bonne chose: les nouveaux géants, au nombre desquels la Russie aime à se ranger, affichent une hausse de l’influence. Mais le fait que cette nouvelle influence va de paire avec une nouvelle responsabilité n’a rien de réjouissant.

Sergueï Lavrov a une nouvelle fois laissé entendre que les militaires des Etats-Unis et de l’Otan se trouvaient en Afghanistan sous mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies, et ne devaient pas partir sans avoir fait de compte-rendu devant le Conseil de sécurité.

Admettons qu’ils fassent un compte-rendu, mais ils partiront tout de même. Et la Russie héritera donc, entre autres, de la récolte afghane d’opium (qui a augmenté de 61% par rapport à 2010, jusqu’à 5.800 tonnes), qui part d’Afghanistan vers l'Europe via le territoire russe.

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