( 1 Vote ) 

1 000 dollars [802 euros]par camion

C’est probablement ici, au sommet de l’Hindou Kouch, sur l’un des seuls itinéraires permettant d’accéder par le nord à Kaboul ainsi qu’au reste du pays, que l’on constate le mieux l’effet de l’interdiction des routes pakistanaises aux camions de l’Otan décrétée par Islamabad [en novembre 2011].Sur près de 30 kilomètres au nord et au sud du tunnel de Salang [en Afghanistan],des milliers de camions sont immobilisés le long de la route. Ils attendent leur tour pour passer ce tunnel particulièrement dangereux, long de 2,5 km environ.Il constitue la seule voie carrossable pour les poids lourds chargés d’approvisionner les bases de l’Otan, désormais contraints de traverser les républiques d’Asie centrale. Il existe bien d’autres chemins,mais ils se réduisent souvent à de simples pistes non goudronnées qui franchissent des cols encore plus hauts et souvent propices aux embuscades des insurgés ou des bandits.

 

 

Dans le tunnel de Salang,large de 6 m, l'éclairage ne fonctionne pas

Conçu pour faire transiter un millier de véhicules par jour, ce tunnel – qui en accueillait déjà 2 000 avant le blocus pakistanais de novembre – doit aujourd'hui en faire passer près de 10 000, en alternant tous les jours le sens de la circulation. "Il va y avoir une catastrophe, ce n'est qu'une question de temps", reconnaît le général Mohammed Rajab, responsable de la maintenance du tunnel. "Un désastre est inévitable et quand il se produira, ce ne sera pas seulement une catastrophe pour l'Afghanistan, mais pour toute la communauté internationale qui utilise cette route."Aujourd'hui,les camions d'approvisionnement de l'Otan représentent 90 % du trafic.Situé à près de 3 600 mètres d'altitude,ce tunnel construit en 1964 par les Soviétiques ne mesure que 6 mètres de large à la base. Des poids lourds bloquent régulièrement le passage en essayant de se croiser, leur chargement ne passant pas sous l'arrondi des parois. Il faut alors les tracter à l'aide d'équipements lourds. D'autres restent coincés, leurs chauffeurs ayant sous-estimé la hauteur de leur véhicule.La voûte fait presque 5 mètres de haut,mais seulement en son centre. "C'est un véritable cauchemar", reconnaît un conducteur de camion-citerne. L'éclairage ne fonctionne pas, pas plus que les caméras de surveillance. Il y a des fuites d'eau et la plupart des ventilateurs sont hors d'usage.Fin mai, un camion-citerne de l'Otan s'est renversé au niveau de l'entrée sud du tunnel, laissant sa cargaison s'échapper de sa cuve percée sur la route en lacets.Avec l'augmentation du trafic et la détérioration des routes, le trajet entre Kaboul et Hairatan, dépôt de fret et de carburant situé sur la frontière nord avec l'Ouzbékistan, prend aujourd'hui entre huit et dix jours au lieu d'une journée auparavant,expliquent de nombreux chauffeurs.En voiture, le voyage prend désormais deux, jours."Hier, j'ai dormi là-bas, explique Sayid Ali, en désignant le dernier virage derrière lui à environ 1,5 km. Ce soir, je dormirai probablement ici.

" Il lui a fallu cinq jours pour parcourir environ 40 ilomètres.Mohammadullad, chauffeur de camion citerne pour l'Otan, est parti depuis huit jours et il n'est toujours pas parvenu jusqu'à l'entrée du tunnel. Il explique que les conducteurs finissent souvent par manquer de nourriture et doivent payer des prix exorbitants pour se fournir auprès des vendeurs qui montent les approvisionner. D'après ses estimations, le voyage aller-retour devrait lui prendre presque un mois. "J'aimerais mieux être sur la route de Kandahar, dit-il. Là-bas, les camions doivent être accompagnés de gardes armés à cause du risque d'embuscade mais je préférerais ça à ces heures d'attente. "Les routes pakistanaises partant de ports comme Karachi, bien meilleures et bien plus rapides, ont été interdites aux camions de l'Otan en signe de protestation contre la mort de 24 soldats pakistanais due à une frappe aérienne américaine. Le Pakistan a exprimé son intention de rouvrir la frontière mais le passage coûtera désormais 1 000 dollars [802 euros]par camion, contre 250 dollars [200 euros] auparavant. "Nous n'allons pas nous faire racketter !" a déclaré Leon Panetta,ministre de la Défense américain, sur la chaîne ABC.Le tunnel de Salang, qui n'a jamais été achevé (il manque un revêtement intérieur sur les parois ainsi qu'un tunnel de secours), a déjà une histoire tragique.Neuf cents personnes, des Russes et des Afghans, y auraient péri asphyxiées, en 1982, un convoi militaire étant resté bloqué à l'intérieur à la suite d'un accident ou d'une explosion [Le Time américain à l'époque parlait de 2 700 victimes, les autorités russes de moins de 200]. Il y a deux ans, une énorme avalanche à l'entrée sud du tunnel a fait au moins 64 victimes,ensevelies dans leurs véhicules.Le seul autre point de passage possible se situe à l'ouest, par le col de Shibar, explique le général Rajab. Ce trajet représente un détour de trois jours, ce qui pourraitêtre considéré comme un progrès par rapport au tunnel de Salang. Encore faudrait-il améliorer la sécurité : les camions que le général Rajab a récemment fait passer par cette route ont été pillés avant d'atteindre la passe. Rod Nordland(source courrier international)

Le 11 juin, les négociations entre Washington et Islamabad, censées rouvrir les frontières pakistanaises aux convois de l'Otan, ont échoué. Après six semaines de pourparlers au Pakistan, les Etats-Unis ont rappelé leurs négociateurs.

Recherchez !

Connexion

Qui est en ligne ?

Nous avons 574 invités et aucun membre en ligne

Nous sommes sur Facebook