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Il y a 50 ans  !!!!! Mes souvenirs au 2ème RIMa.

 

 

J'ai effectué mon service militaire en qualité d'appelé du contingent.
Affecté à la compagnie d'instruction du 2ème RIMa, le 5 mars 1962 à Nantes, quartier Mellinet, pendant deux mois nous étions bloqués à la caserne puisque nous n'avions aucune permission, y compris celle de sortir ! Par contre, les journées de Mellinet étaient très dures.

Nous marchions jusqu'au Bêle, situé sur la commune de Carquefou où se trouvait le stand de tir et la poudrière et où nous montions la garde des nuits entières. Les marches forcées étaient très nombreuses. J'ai en souvenir une marche de nuit sur les bas-côtés de la route nationale en direction d'Angers. Nous sommes arrivés très tard près d'Ancenis, une ville où il y avait une ancienne tour fortifiée, je pense à 20 km environ de Nantes. Vers minuit, nous avons fait demi tour. Nous portions également fusil mitrailleur et mortier de 60.

 

Certains camarades ayant des difficultés à marcher, j'ai alors pris sur mes épaules le mortier, alors que j'avais déjà mon fusil. La section un peu disloquée nous sommes arrivés à la caserne vers 4 heures du matin.
Vers le mois de Juin 1962, alors que des camarades étaient déjà partis en Algérie, nous avons préparé les pelotons P1 et P2 avec des manoeuvres dans les camps de la Lande d'Ouée et de Meucon, mais aussi une section d'honneur pour la visite du général de BOISSIEU à Rennes au quartier général. Des séjours très durs physiquement !

 

 

 

 


Le 1er septembre 1962, je reçois ma première distinction : le grade de soldat de 1ère classe. De retour à la caserne Mellinet, avec un camarade nous avons encadré une trentaine de médecins, élèves officiers de réserve, âgés pour certains de plus d'une dizaine d'années de plus que nous, alors que nous étions leur chef de chambrée !

Le 1er novembre 1962, j’ai reçu le grade de caporal et le 9 novembre 1962, c’est le départ pour Marseille, où nous avons embarqué vers Alger le 16 novembre 1962.

 

 

 

 

Débarqués à Alger le 17 novembre 1962, après un bref séjour sous les Arcades, au dessus du port d’Alger, nous avons pris le train pour Bougie et nous sommes arrivés dans un camp où nous ne sommes restés que deux à trois jours avant de rejoindre, dans une ancienne orangeraie, la Compagnie de Commandement et des Services du 3ème Bataillon, sous les ordres du commandant MUGUET.
Affecté au secrétariat, on m’a demandé de taper le courrier avec une vieille machine à écrire : je devais être un des seuls à pouvoir le faire puisque celui qui était en place repartait en permission libérable sur la Métropole !

 

 

 

J'ai en souvenir sous les tentes de couchage, les matelas remplis de paille qui étaient contaminés par des punaises : j'étais rempli de boutons ! Puis au début décembre, le 3/2 quitte Bougie pour Bône. Sur la route, la remorque qui transportait nos paquetages crève, notre camion continuant à rouler, la remorque s'enflamme. Enfin le camion s'arrête et nous réussissons à récupérer nos paquetages. Nous détachons la remorque alors en feu et le camion est reparti la zone étant devenue dangereuse. Arrivés à Bône, nous prenons possession de la Caserne au dessus du port. Sans oublier les patrouilles en ville où nous rencontrions sur le trottoir la patrouille du F.L.N. avec un regard droit dans les yeux et des gestes au cou de la part des habitants.
Par note de service du 6 décembre 1962 que je vois arriver dans le bureau du 3/2 : « Le 3/2 est rapatrié en unité constituée sur la métropole : garnison LE MANS » ; une ville que je connaissais bien, puisque né à Château du Loir 72. J'ai reçu un coup au coeur. Alors ce fut la préparation pour le retour, certains matériels comme des vieux G.M.C. qui avaient déjà fait la campagne d'Indochine sont détruits dans le port de Bône. Les hommes du F.L.N. tiraient en l'air en passant devant la caserne. Puis, ce fut un Noël 1962 et un premier de l'An 1963, où un repas plus frugal avait remplacé les boites de ration !!!

Le 19 janvier 1963, c'est l'embarquement dans le port de Bône sur le EL DJEZAIR. Mais après plusieurs heures d'attente, qu'attendions-nous ? Des camions arrivent bâchés. C'étaient des Harkis avec leurs familles, le port était sécurisé, leur vie étant en danger.
Puis, on nous a demandé de nous mettre au garde à vous sur le pont, quand le drapeau du 2ème RIMa monta sur le bateau, pendant que la musique militaire jouait la Marseillaise. Par respect je n'ai pas pris la photo

 

 

 

Après une nuit très mouvementée en fond de cale où nous étions tous malades, nous avons débarqué à Marseille le 20 janvier 1963 ; et c'est le train, pas trop confortable, avec des sièges en bois, pour passer la nuit du 20 au 21 janvier. Vers 10 heures, nous arrivons sur le quai N° 1 de la gare du Mans. Après avoir descendu du train et rangé nos paquetages dans les camions du régiment du Train basé à Auvours, un défilé était prévu, l'arme sur l'épaule, alors qu'il faisait moins 15 (soit 35° de différence) : Mais le sol étant gelé, le défilé a eu lieu les fusils à la bretelle !
Le défilé prit la direction de la caserne Chanzy, mais après la place de la République en descendant la rue Gambetta, à la hauteur de la place de l'Eperon, le sol étant verglacé, nous nous sommes tenus les uns aux autres par nos ceinturons.

 

 

 

 

Nous sommes arrivés à Chanzy et après une prise d'armes et la dislocation, nous avons pris nos quartiers. Nous étions un peu perdus, surtout les camarades originaires du Midi et même pour certains de Corse. Je les vois encore frigorifiés autour du poêle à bois dans la chambrée. Le plus gênant, ce fut l'eau qui avait gelé dans les canalisations. Nous étions alors incapables de nous laver et de prendre les douches pendant une semaine.

La Compagnie de Commandement et des Services s'installa dans un bâtiment situé derrière le grand bâtiment de l'horloge, en face sur la photo ci-dessus, où se trouvait le bureau du colonel Pechberty.
Le bureau du 3/2 a été provisoirement installé dans le bâtiment à gauche de la cour d'Honneur (un bâtiment conservé où se trouve actuellement des appartements qui y ont été aménagés) dans l'attente de la réfection de nouveaux bureaux dans le bâtiment en face, à droite sur la photo.

 

 

 

 

 

C'est après avoir écrit mes premières pages que j'ai retrouvé, après recherches, le Ouest France du mercredi 22 janvier 1963.
« Les troupes qui vont tenir garnison au Mans, dans le cadre de l'implantation en Métropole des unités rapatriées d'Algérie, sont arrivées hier matin en notre ville à 9 H 25, le train spécial arrivait en gare du Mans amenant les premières unités du 2ème Régiment d'Infanterie de Marine : le colonel Pechberty, la compagnie de commandement et de services, que commande le capitaine Cantenot et le 3ème bataillon que commande le chef de bataillon Muguet.
Les troupes devaient prendre leurs quartiers à la caserne Chanzy. Dans une huitaine de jours arrivera le 1er bataillon commandé par le lieutenant-colonel Deschênes, qui se fixera au camp d'Auvours. Les éléments qui sont arrivés hier s'étaient embarqués samedi matin à Bône par une température fort clémente. Dimanche il avaient pris le train à Marseille et c'est ce train qui est arrivé hier matin à son terminus la gare du Mans.
La différence de température était très nette et les hommes, dès leur descente sur le quai, ont fait honneur au café chaud qui était préparé dans la cour des Messageries par « une roulante ».
Tandis que les hommes débarquaient le colonel Pechberty était accueilli par le général Alix commandant le groupe de subdivision du Mans, son adjoint le colonel Lucasseau, le colonel Malgorn, chef d'Etat Major, le lieutenant colonel de gendarmerie Guiochon, le lieutenant colonel Leguennes commandant le CIT 153 au camp d'Auvours, et de nombreux officiers de toutes les branches représentées dans la garnison.
Les troupes devaient en principe, traverser la ville en défilé pour gagner la caserne Chanzy. Malheureusement, en raison du verglas, il fallut y renoncer. La musique fut décommandée et les soldats en tenue léopard et l'arme à la bretelle rejoignirent au pas de marche leur casernement.

 

 

 

La revue des troupes du dimanche 27 janvier 1963.
« A 10h30, le général Alix commandant le groupe de subdivision arrivait place de la République, avec le préfet, le député maire et les parlementaires. Le général qui commandait les troupes, fit présenter les armes. Le général salua le drapeau et passa en revue les unités. Les troupes allaient se regrouper place de l'Eperon et revenaient place de la République, en défilé derrière la musique qui jouait martialement la célèbre marche de l'infanterie de Marine. La tenue des troupes, à la tête desquelles se trouvait le Colonel, a été particulièrement appréciée par le public.
A 12h15 dans la salle des mariages de l'Hôtel de ville, monsieur Jean Yves Chapalain député- Maire recevait les personnalités civiles et militaires. Le 2ème RIMa y avait détaché des délégations d'officiers, de sous-officiers et de soldats. Cette dernière manifestation se déroula dans une ambiance cordiale et sympathique et monsieur Chapalain se fit un agréable devoir de saluer les nouveaux hôtes de sa cité. Le colonel commandant le 2ème RIMa leva son verre à la prospérité du Député-Maire et de sa grande Cité »

 

 

 

 

 J'ai eu le grand honneur de faire partie de la délégation à la réception à la Mairie.
Le temps étant aussi mauvais, je recevais souvent de la part de mes camarades : « c'est cela ton pays ? ». Dans les semaines suivantes, ce fut l'installation et le travail quotidien, toujours à taper le courrier avec la vieille machine à écrire !
Le commandant Muguet nous a quitté et fut remplacé par le commandant Ameil. Le 1er avril 1963, je suis nommé au grade de sergent. Je me souviens des gardes au poste de police de Chanzy, ainsi que des patrouilles en ville jusqu'à la gare où nous demandions de voir les permissions Et le premier septembre 1963, je suis libérable de mes obligations légales d'activités après avoir reçu le certificat de bonne conduite, par le colonel Pechberty.

 

 

 

 

Un article de la « Vie Mancelle N° 36 » sur le colonel Pechberty

« Le colonel PECHBERTY est sorti de Saint Cyr en 1934. Il sert, avant la guerre, au Tchad dans les unités méharistes puis est désigné comme lieutenant instructeur à Saint-Cyr.
Il participe à la campagne 1939-40 avec le 21ème Régiment d'Infanterie Coloniale où il est fait prisonnier en Argonne en juin 1940.
De 1945 à 1948, il sert au Soudan, puis après avoir suivi le Cours d'Etat-Major, il part en Indochine en 1949 ; après un court séjour à l'Etat-Major d'Hanoi, il commande au Tonkin durant deux ans le 1er Bataillon du 23è Régiment d'Infanterie Coloniale
De 1952 à 1954, le commandant PECHBERTY sert à l'Etat-Major de l'Armée et entre à l 'Ecole de Guerre d'où il sort en 1956.
Après avoir exercé le commandement d'un Bataillon à Dakar, il est placé à la tête du 2ème Bureau de l'Etat Major du Général Commandant Supérieur de la Zone d'Outre Mer N° 1.
Rentré en France, il sert à l'Etat-Major Général des Armées puis à l'Etat-Major des Forces Terrestres Outre-Mer avant de partir en Algérie en 1961.
Le colonel PECHBERTY est Chevalier de la Légion d'Honneur, titulaire des Croix de Guerre 1939-1945 et des T.O.E., de la Croix de la Valeur Militaire, de la Croix de l'Ordre du Mérite Militaire Espagnol, et Officier de l'Etoile Noire ».
Si le régiment a quitté Le Mans pour le camp d'Auvours, je comprends que celui-ci est à proximité des terrains d'entraînements. Je sais également que j'ai accompli pendant 18 mois
des obligations qui n'existent plus aujourd'hui, mais que j'ai faites pour la Patrie, et c'est un immense honneur pour moi que d'avoir servi dans ce régiment d'élite.


Michel MANCEAU.

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