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Dans son dos, Shane Krushton a tatoué les dix-neuf noms de ses amis morts au combat et cette phrase : «Only the Brave Die Young» («seuls les braves meurent jeunes»).

 

Avant de nous quitter, le jeune homme avoue :«Une partie de mon visage est fausse, elle a été recomposée.» Il a quatre plaques de titane dans la joue. On ne le devine pas, mais de la colonne vertébrale au fémur, en passant par les genoux et le poignet, trente-six broches le tiennent debout. Les protections sont plus solides, la médecine s'est perfectionnée, des soldats qui seraient morts au Vietnam reviennent vivants. Mais gravement blessés. Et de blessures souvent invisibles.

A la caisse du supermarché, une femme a doublé Bob Garcia dans la file. Il lui a hurlé dessus : «J'ai tué des gens, et des gens mieux que vous !» Le lendemain, dans sa maison sur les hauteurs de San Diego, il nous explique : «Il ne faut pas me pousser.» Le pousser, c'est le renvoyer à l'agressivité à laquelle on l'avait habitué au Vietnam, en 1968 pendant l'offensive du Têt. Puis un jour, il est rentré aux Etats-Unis : on signe sa décharge et on le laisse seul. Depuis quarante ans, cet abandon le poursuit, la colère et l'alcool n'ont rien résolu et c'est ce temps perdu qu'il veut éviter à Steve qui, lui, rentre d'Irak. Bob et Steve sont assis côte à côte, l'un a 60 ans, l'autre 30, une guerre d'écart. Sous les palmiers californiens, on ne pense pas être dans un pays en guerre. Mais, assis sur leur canapé, les deux hommes portent la marque de la poussière, de la boue et des tirs. Le jeune homme, ex-sergent, a le regard fuyant, comme les autres soldats qui se retrouvent ici chaque semaine. Bob est le mentor : «Vous savez, on a fait la même chose, on a tué des gens ; ce n'est pas normal, mais on l'a fait. Les jeunes marchent dans vos pas, vous réalisez que vous suivez les leurs, on est des frères. Ce sont les jeunes qui m'ont aidé à régler des choses dont je n'avais pas parlé depuis quarante ans, et j'espère les aider à régler ces mêmes problèmes plus rapidement que moi.»

 

 

 

«C'était comparable à l'offensive du Têt au Vietnam...»Steve rêvait d'être militaire depuis l'âge de 14 ans. Le plus dur a été le retour au pays: «Aucun de mes amis ne voulait admettre qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, qu'on avait des angoisses.Dans l'armée, tu ne peux pas en parler.C'est trop stigmatisé. Bob m'a aidé à voir que ce n'était pas normal de boire tous les soirs un pack de douze bières juste pour trouver le sommeil.» Ils se sont rencontrés dans le petit bureau de l'American Combat Veterans of War (ACVOW), à San Diego, une organisation où les anciens se mobilisent pour accueillir les jeunes.

Difficile retour à la vie «Voilà une dent de coyote, signe d'un bon warrior»: Bill Rider, le fondateur d'ACVOW, nous tend une dent blanche et pointue. On comprend vite qu'ici c'est un clan. L'univers militaire a pris tout l'espace: affiches, insignes, drapeaux. Une fois à l'intérieur, on ferme la porte. Dans le couloir, c'est l'hôpital pour vétérans de Californie: psychologues et médecins les attendent. Les anciens du Vietnam et les jeunes d'Irak sont chez eux.

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