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Prompts à admirer les pratiques patriotiques de nos voisins anglo-saxons ou canadiens, nous aimerions que notre presse nationale se fasse pareillement l'écho de l'hommage rendu à nos morts en opérations. Est-ce à dire que l'institution militaire fait défaut ? Cet article décrit les dispositions réglementaires en vigueur et en tire quelques réflexions.

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Comme en témoignent de nombreux documentaires, le cérémonial qui rassemble autour du mort ses camarades de combat est empreint d'une émotion et d'une dignité propres à la fraternité d'armes ; elles s'expriment naturellement de façons diverses selon les contraintes de l'environnement opérationnel. Là, porte rarement la critique. Incontestablement plus présente dans la vie de nos armées, et plus particulièrement de l'armée de terre, la mort au combat a nécessité la mise en oeuvre (Bouaké, 2004 : Côte d'Ivoire ; puis Uzbeen, 2008 : Afghanistan) d'une procédure, appelée « plan Hommage » qui entend répondre aux besoins profonds des trois communautés concernées : la famille de sang, la famille de cœur - militaire - et la Nation. Une fois la dépouille du soldat mort au combat rapatriée, un cérémonial très précis coordonné par le Gouverneur militaire de Paris permet de donner à cet instant douloureux toute la solennité, la dignité et même l'intimité qui s'imposent.

 

 

La dépouille arrive par voie aérienne militaire dans un des aéroports parisiens ; le conteneur de transport post mortem, recouvert du drapeau tricolore et d'une photo du soldat, est installé dans une chapelle ardente provisoire pour y recevoir les premiers hommages des hautes autorités civiles et militaires et permettre à la famille endeuillée de se recueillir; les honneurs sont rendus par un détachement du corps d'appartenance du défunt. Cette cérémonie grave, digne et simple est réalisée dans la stricte intimité familiale en dehors de toute médiatisation.

Le corps est ensuite transféré vers les Pompes funèbres générales ou l'Institut médico-légal si une autopsie est nécessaire. La Garde républicaine et la Police parisienne assurent l'escorte dans Paris. La famille et la délégation régimentaire assistent à la mise en bière. L'assistance des représentants des différents cultes est toujours proposée. L'hommage national est enfin généralement rendu soit aux Invalides soit dans la formation d'origine du défunt selon un cérémonial connu qui permet une médiatisation appropriée.

Dans la durée, la cellule d'aide aux blessés de l'armée de Terre (CABAT), en étroite liaison avec Terre Fraternité (TF) et l'association pour le développement des œuvres d'entraide dans l'armée (ADO), complète l'action de l'Etat en suivant et en aidant si besoin le conjoint et les éventuels orphelins.

Pour sa part, la communication officielle sur ces cérémonies doit répondre aux besoins exprimés par l'autorité politique, l'institution militaire et la famille. Elle cherche à trouver un juste équilibre entre les souhaits et la douleur des familles, le respect de la dignité et de la mémoire des morts ainsi que la peine des camarades de combat, et les directives de communication de nature à permettre à la presse d'informer le grand public.

Légitimement sensible à l'hommage public rendu aux siens tombés «au champ d'honneur » ou blessés pour la France, la communauté militaire est particulièrement vigilante à limiter les possibles dérives médiatiques qui la concernent. Pour leur part, les dispositions concrètes du « plan Hommage » offrent toutes les conditions pour permettre aux familles de pouvoir se recueillir et surmonter la perte d'un être cher, entourées par la famille armée de Terre car, comme le souligne le chef d'état major de l'armée de terre, «on ne recrute pas seulement un soldat, mais une famille».

Elles confortent en même temps l'idée de légitimité ou de bien-fondé de l'opération concernée et assurent la valorisation de celle d'une armée au service de son pays.

Si l'institution sait donc bien honorer ses morts, aller au-delà serait confondre hommages funèbres et médiatisation, la première dans la main de l'autorité, la seconde totalement libre dans notre démocratie.

Hervé de PARSEVAL. Officier général (2S)

Source : ASAF.

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