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«Nous ne sommes pas contents que les forces américaines soient dans notre pays». «Mais nous ne savons pas ce qui va se passer quand elles vont partir.»

Les Afghans inquiets face à l'avenir

L'été a été difficile en Afghanistan. Les troupes étrangères ont commencé à quitter le pays. Le demi-frère du président afghan a été assassiné. Des kamikazes continuent de tuer des responsables gouvernementaux. Les talibans ont attaqué un hélicoptère militaire, tuant 30 Américains. Le nombre de victimes civiles est en hausse et plusieurs Afghans craignent que leur pays ne plonge dans la guerre civile quand les troupes étrangères seront parties.

Chaque fois qu'ils en ont l'occasion, les responsables américains tentent de rassurer les Afghans et de les convaincre que les États-Unis n'abandonneront pas leur pays. «Il n'y aura pas de ruée vers la sortie», a ainsi déclaré le nouvel ambassadeur américain en Afghanistan, Ryan Cocker, lors de son arrivée à Kaboul il y a quelques semaines.

La décision du président américain Barack Obama de retirer 10 000 soldats d'Afghanistan avant décembre, puis 23 000 autres l'année prochaine a alimenté les craintes des Afghans convaincus que l'engagement de la communauté internationale tire à sa fin. Les Afghans ne sont pas aussi optimistes que les autorités américaines quant à la capacité de leur police et de leur armée de prendre en charge la sécurité du pays d'ici 2014.

D'autres craignent que l'économie afghane ne s'effondre si les troupes étrangères s'en vont et si les donateurs sont moins généreux. Selon la Banque mondiale, quelque 97% du produit national brut de l'Afghanistan provient des dépenses liées aux forces étrangères et des dons internationaux.

Le Canada a mis fin à sa mission de combat en Afghanistan en juillet, après un engagement de près de dix ans. Au total, 157 soldats canadiens ont été tués dans la mission afghane. Le Canada restera présent dans le pays afin d'y jouer un rôle de formation.


Les Afghans craignent le départ des troupes internationales, malgré l'épuisement de la guerre et leur fierté blessée par la présence de soldats étrangers dans leur pays.

«Même les gens qui ont des postes importants dans le gouvernement ou qui possèdent de grandes entreprises en Afghanistan quittent le pays ou transfèrent leurs actifs à l'étranger», affirme Ahmad Khalid Majidyar, un chercheur de l'American Enterprise Institute, à Washington, qui forme les militaires américains sur le terrorisme et la culture afghane.

Syed Salahuddin Agha, un ancien enseignant de Kandahar âgé de 64 ans, pense que les troupes étrangères n'auraient jamais dû intervenir en Afghanistan.

«Tous les gens qui voulaient les voir ici seront maintenant dans la ligne de mire des talibans, parce que les talibans sont devenus plus forts que jamais. Maintenant, nous devrons faire face aux conséquences», a-t-il dit. «La plupart des gens se sentent trahis et utilisés par les étrangers.»

Nombreux sont les Afghans qui estiment que leurs forces de sécurité ne sont pas prêtes à faire face à la situation. D'autres pensent qu'en 2014, après la fin de la mission internationale, une guerre civile éclatera et que les forces de l'ordre afghanes se diviseront selon des lignes ethniques.

 

 

«Il y a beaucoup de disputes entre les gens et toutes ces disputes vont ressortir. Tout le monde prendra sa revanche et tuera les autres. Une guerre civile va commencer», affirme Hayatullah Tawhidy, un commerçant de 38 ans de Jalalabad, dans l'est de l'Afghanistan.

«Nous ne sommes pas contents que les forces américaines soient dans notre pays», a-t-il ajouté. «Mais nous ne savons pas ce qui va se passer quand elles vont partir.»

Les Afghans craignent que l'histoire ne se répète.


De nombreux Afghans se sont sentis abandonnés par les États-Unis après 1989, quand l'armée soviétique s'est retirée d'Afghanistan. Le soutien américain envers les moujahidines qui combattaient les Soviétiques a rapidement diminué et l'Afghanistan a sombré dans la guerre civile. Puis il y a eu l'émergence des talibans et les attentats du 11 septembre 2001 par Al-Qaïda, qui avait établi son sanctuaire en Afghanistan.

«Si les États-Unis quittent le pays, la situation va empirer», a dit Khaidad Mahmand, un vendeur de téléphones cellulaires à Jalalabad. «Les talibans sont forts et si les Américains partent, ils seront encore plus forts. Dans une période de temps très courte, les talibans vont arriver et prendre le contrôle du gouvernement. Malheureusement, nos forces afghanes n'ont pas la capacité de gérer la situation.»

Les Afghans sourient quand on les questionne sur leurs projets d'avenir. Habitués depuis longtemps à vivre dans le danger et l'incertitude, ils ont appris à vivre un jour à la fois.

«Des projets personnels pour l'avenir? Voilà qui est amusant», a dit Abdul Hakim Jan, un homme d'affaires de Kandahar âgé de 34 ans. «Il y a déjà plusieurs années que nous avons cessé de faire des projets.»

Deb Riechmann
Associated Press
Kaboul, Afghanistan

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