Sébastien Vermeille était passé de l’infanterie de marine au reportage militaire. Volontaire pour les missions difficiles, il est mort pour la France, le 13 juillet.
Opérateur audiovisuel affecté depuis 2009 au Service d'information et de relations publiques de l'armée de terre (Sirpa-Terre image) de Lyon, Sébastien Vermeille, 30 ans, marié à Sandrine et père du petit Mathys, est mort au combat le 13 juillet dernier, victime d'un attentat kamikaze. C'est au moment où une shura (réunion) se terminait qu'un terroriste déguisé en policier s'est fait exploser dans le poste de police où il se trouvait avec d'autres militaires, faisant cinq tués. Outre "Séb", le lieutenant Gauvin, les adjudants Marsol, Gueniat et Techer.
Comme sa carrière le prouve, Sébastien, fils d'un commando de l'air,était d'abord un soldat. Volontaire, disponible, il s'était engagé en 2001 au 1er régiment d'infanterie de marine (Angoulême). Breveté pilote AMX 10RC en 2004, il sert en Afghanistan une première fois, puis en Côte d'Ivoire. Muté au 21erégiment d'infanterie de marine (Fréjus), nommé caporal-chef le 1er août 2006, il ira aussi à Djibouti, en Nouvelle-Calédonie, au Kosovo et au Tchad. Arrivé en Afghanistan le 11 mai, il avait réalisé des reportages de qualité, dans des conditions souvent difficiles
.Pour rendre hommage à ce "soldat de l'image" mort pour la France et à ses camarades opérateurs, le lieutenant colonel Pascal Podlaziewiez, chef des équipes image de l'armée de terre, répond à nos questions.
lieutenant colonel Pascal Podlaziewiez
Le sergent Vermeille est-il le premier opérateur tué au combat depuis la guerre d'Algérie ? Il est le premier militaire photographe tué au combat sur un théâtre d'opération extérieure. En 1995,en ex-Yougoslavie, l'Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense (Ecpad) avait perdu un opérateur dans un accident de la route, le sergent-chef Régis Auzereau.
Depuis quand ces opérateurs sontils déployés en opérations extérieures (Opex) ? À la demande de l'état-major des armées, l'armée de terre déploie des militaires opérateurs de prises
de vues sur le théâtre afghan depuis février 2009. Ils sont constitués en équipes composées d'un officier, d'un caméraman et d'un photographe.
Combien sont-ils sur les différents théâtres ? Six opérateurs de prise de vues servent au sein de la Task Force Lafayette en Afghanistan. L'Ecpad arme, quant à lui, une équipe image à trois
personnes à Kaboul auprès du conseiller communication de la Force (Otan). L'armée de terre compte également un opérateur en Côte d'Ivoire, après avoir eu jusqu'à deux équipes image
pendant la crise. Dans le cadre de l'opération Harmattan [Libye], l'armée de l'air et la Marine déploient une équipe image et trois opérateurs de prises de vues.Ont-ils une formation particulière ? Lorsqu'ils intègrent la filière communication-métiers de l'image, ils suivent à Rochefort des formations de six semaines à six mois sur les techniques de l'image. À partir de 2012, elles seront assurées par l'Ecpad au fort d'Ivry, en région parisienne.
Mais avant leur projection sur le terrain ? Tous les opérateurs suivent la préparation opérationnelle commune à tous les militaires de l'armée de terre comprenant une formation aux
tirs de combat, une autre aux gestes de premiers secours au combat, une semaine centralisée spécifique à l'Afghanistan. De plus, ils participent à la formation des unités projetées en y étant
insérés lors de séjours au centre d'entraînement tactique à Mailly, au détachement avancé opérationnel à Canjuers, au centre national d'entraînement commando à Mont-Louis.
Sont-ils des combattants ? S'ils se sont spécialisés dans les métiers de l'image, ces opérateurs sont avant tout des soldats qui suivent les sections et les compagnies sur le terrain. C'est
pourquoi ils sont armés. À plusieurs reprises, certains ont été amenés à poser leur appareil photo ou leur caméra pour se servir de leur famas.Que deviennent les photos et images prises ? Toutes sont exploitées par la Force et l'état-major des armées, qui peut mettre à la disposition des médias une partie de ce qui a été réalisé. À l'issue de chaque mandat, ces images sont reversées à l'Ecpad pour y être archivées dans le cadre de sa mission de préservation du patrimoine audiovisuel et photographique des armées.
Propos recueillis par Frédéric Pons valeur actuelles
Equipé de son Nikon D3S, il suit les missions de ses camarades, toujours en première ligne, sur le front, soucieux d’avoir la meilleure image. "Celle qui décrit au mieux notre quotidien, notre travail", explique-t-il à ses proches. Avec toujours en mémoire une phrase de son père : "Entre faire une belle photo et baisser la tête, n’oublie pas la seconde option. Pense à toi. La mission est importante, mais la vie l’est encore plus."
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