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Ma première pensée a été que  plus jamais je ne pourrai jouer au foot

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Au chevet des soldats français

GRAND REPORTAGE. Atteints par des tirs de balles, des mines ou des explosifs, les blessés en Afghanistan sont rapatriés à l'hôpital militaire Percy, près de Paris. Ils y sont soignés par des médecins et infirmiers qui connaissent tous la réalité de la guerre



photo Eric Dessons

Plus que de la douleur, insupportable forcément puisqu'il en eut la jambe arrachée, c'est du bruit dont il se souvient d'abord. Le fracas de la mine qui explose sous ses pieds, en pleine nuit, au moment où sa chaussure se pose par inadvertance, par manque de chance, sur un bout de terre piégée. Tireur d'élite au 7e Bataillon de chasseurs alpins (BCA) de Bourg-Saint-Maurice, le caporal-chef Michaud, 28 ans, avait pris position sur un monticule, perdu dans les montagnes d'Afghanistan. Les hommes du Génie avaient pourtant ratissé la zone, y détectant quatre mines qu'ils avaient désamorcées. En restait une, mieux enterrée que les autres, qui échappa aux appareils de détection. "Une mine qui explose, ça fait à peu près le même bruit qu'une grenade. Ça vous secoue tout le corps et puis d'un seul coup, ça vous envahit les oreilles, un sifflement strident, un bruit très aigu qui se transforme ensuite en bourdonnement qui reste très longtemps dans les oreilles". Le soldat a vu sa jambe arrachée, pas coupée net mais en lambeaux, un bout du pied tenait encore péniblement, rattaché aux os par les tendons. "J'ai compris tout de suite que c'était foutu et qu'ils allaient m'amputer. C'était évident. Ma première pensée a été que plus jamais je ne pourrai jouer au foot. C'est idiot, non ? Mais voilà, j'ai d'abord pensé à ça : plus jamais tu ne joueras au foot."

"Dans trois mois, je pourrai marcher"

 

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Assis dans une salle de l'hôpital des armées Percy, à Clamart, aux portes de Paris, le caporal-chef Michaud parle en croisant et décroisant les jambes. La gauche est intacte, la droite coupée à mi-mollet. Blessé le 14 avril dernier, il n'a été appareillé que lundi. Il ne porte pas encore en permanence la prothèse qui l'accompagnera pour le restant de ses jours. À ses côtés, deux autres jeunes soldats, également gravement blessés ces derniers mois en Afghanistan. Le caporal-chef Brun, 24 ans, lui aussi du 7e BCA. Tombé la veille sur la même colline, presque au même endroit, encore une mine, il a lui aussi subi une amputation à mi-mollet.

Le sergent Butant, 28 ans, du 2e Régiment d'infanterie de marine (2e Rima), circulait à bord d'un véhicule militaire. Un engin explosif a fait sauter le blindé. Un des passagers a été tué, les neuf autres ont été blessés. Le sergent Butant a été victime d'une hémorragie interne, de fractures du tibia, du péroné, de la malléole, du thorax. Il porte tout le long de son mollet droit une broche plastifiée fixée par cinq vis, plantées dans la chair. Une énorme cicatrice qui évoque la tête d'un grand taureau orne sa jambe. "Je ne vais pas me plaindre. Dans trois mois, je pourrai marcher, dans neuf courir. Je n'ai subi que quelques opérations. Un de nos copains en est à sa dix-neuvième."

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source JDD  Alexandre Duyck - Le Journal du Dimanche 23 juillet 2011

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