Un mémorial pour les Opex : la Défense planche sur le sujet depuis janvier
La ville de Paris va ériger un monument aux soldats français morts en opérations extérieures
L'Adefdromil, Association de défense des droits de militaires, vient d'obtenir de la mairie de Paris une belle victoire symbolique. Dans un courrier daté du 18 avril, l'un des conseillers du cabinet du maire Bertrand Delanoë annonce : "La ville de Paris a donné son accord pour que soit érigé un monument à la mémoire des militaires morts en opérations extérieures." Pour la première fois, un hommage sera ainsi gravé dans le marbre. C'est un succès pour cette association qui n'en finit pas d'agacer la hiérarchie des armées et le ministère de la Défense.
Au début de ce mois, l'Adefdromil avait demandé à la mairie de Paris d'honorer la mémoire des militaires français tués en Afghanistan. Elle estimait que le Conseil de Paris ne pouvait pas faire moins pour les soldats français tués en Afghanistan que pour Mohamed Bouazizi. Ce jeune Tunisien de 26 ans s'était immolé par le feu à la mi-décembre devant la préfecture de Sidi Bouzid, dans le centre de la Tunisie, sa mort déclenchant le "printemps arabe" dans tout le Moyen-Orient. Le Conseil de Paris a annoncé le 11 février qu'un lieu de Paris porterait son nom.
Dans un communiqué publié sur son site, le président de l'Adefdromil, Michel Bavoil, se félicite de la récente décision de Bertrand Delanoë. Il estime : "La communauté militaire, qui a parfois l'impression d'être oubliée de nos compatriotes, va y être particulièrement sensible." L'Adefdromil avait récemment obtenu que le temps de séjour en Afghanistan bénéficie de la bonification de la campagne double réservée aux périodes de conflits.
le mur a Washington(cliquez pour agrandir)
Un mémorial pour les Opex : la Défense planche sur le sujet depuis janvier
Le Point.fr - Publié le 28/04/2011 à 11:39 - Modifié le 28/04/2011 à 11:40
L'initiative de la Mairie de Paris entre en compétition avec celle à laquelle réfléchit le ministère de la Défense depuis un certain temps.
L'hommage que la nation doit aux soldats tués en Afghanistan et durant toutes les opérations extérieures a conduit la Mairie de Paris à proposer l'érection d'un monument spécifique dans la capitale. Mais cette idée qui fait son chemin est à l'étude depuis plusieurs mois selon les autorités militaires et le ministère de la Défense, piqués au vif par l'initiative de l'Adefdromil et de la Mairie de Paris. Car les militaires ne sont pas nécessairement convaincus qu'un "lieu de mémoire" et d'hommage dans un quelconque espace urbain soit le plus approprié.
Dans une lettre adressée au ministre de la Défense Alain Juppé le 21 janvier dernier, le chef d'état-major de l'armée de terre Elrick Irastorza proposait justement une initiative de ce type, qui a été retenue. Un groupe de travail a été nommé par le ministère fin mars, dont la présidence a été confiée à Bernard Thorette. Ce général en deuxième section est désormais conseiller d'État en service extraordinaire, après avoir été chef d'état-major de l'armée de terre, et chef de corps du 3e régiment d'infanterie de marine de Vannes. Il préside aujourd'hui l'association Terre-Fraternité. Ce groupe de travail devra proposer au ministre de la Défense une idée de monument, qui pourrait se rapprocher du mémorial des vétérans du Vietnam, à Washington.
Pour cet officier connaissant bien le dossier, un lieu propice pourrait être la cour des Invalides, "car l'essentiel est qu'il puisse croiser la foule. Le fait qu'il se situe dans des murs dont la Défense a la responsabilité permettrait d'aller plus vite". On précise à l'Hôtel de Brienne qu'il n'est pas question de lancer une compétition avec la Ville de Paris, et que le groupe de travail a le champ libre pour proposer un emplacement dans la capitale. L'essentiel étant que le projet aboutisse très vite.