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source defense.gouv

Une femme commando égale à ses pairs masculins

«Elle», c'est la caporal-chef Christelle Salabert-Catala, la première et unique femme à avoir terminé et réussi le stage commando spécialisé de Mont-Louis, qui s'est déroulé du 14 novembre au 14 décembre 2010. Un sésame jusque-là réservé aux hommes des meilleures unités des forces spéciales et des groupes commandos conventionnels de l'armée de terre et de l'air.

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Parmi les épreuves, le parcours nautique, éprouvant et éliminatoire

La jeune femme de 28 ans, originaire de Toulouse, avait déjà à son compte un palmarès impressionnant. Entrée dans l'armée de l'air en 2003, elle est devenue fusilier commando au sein de l'escadron de protection de la base aérienne de Villacoublay. En 2007, elle devient le premier moniteur féminin d'autodéfense, ce qui lui vaut, deux ans plus tard, de devenir le garde du corps d'un colonel au Tchad, pendant quatre mois. «Une belle expérience humaine », qualifie-t-elle modestement cette période avec un petit accent imbibé de soleil. Elle intègre ensuite le CPA 20, une unité d'exception ne recrutant que les meilleurs commandos pour des missions de patrouilles extérieures, de guidage et de récupération de personnel isolé en terrain hostile.

Pour tenir mentalement, les encouragements des camarades aident beaucoup

Ce parcours déjà bien étoffé ne lui a pourtant pas suffi. Elle en veut, et elle en veut toujours plus. «Elle veut absolument réussir dans un milieu d'hommes, où elle doit de toutes façons sans arrêt faire ses preuves , explique l'adjudant-chef Simonnet. Sa qualité principale est sa volonté de fer ». Une volonté qui lui permet de résister à un rythme soutenu. Démonstration.

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Premier jalon, la préparation au stage commando spécialisé de deux semaines à Dijon, supervisée notamment par l'adjudant-chef. Au programme, un panel d'activités éprouvantes: du maniement d'explosifs aux mises en situations (missions de destruction d'un site pour obtenir du renseignement ou pour libérer des otages, embuscades...), en passant par des activités nautiques (kayak de mer, palme, saut d'une vedette en marche harnaché de matériel) et par de la piste d'audace (succession d'obstacles à 70 mètres au-dessus des rochers), sans oublier les marches de nuit et le corps à corps C4, une technique d'autodéfense particulière avec sac à dos et port d'armes! Pour couronner le tout, les stagiaires ne dorment que deux à trois heures par nuit et à la belle étoile! Au final, un bon cocktail de stress, de froid et de fatigue. Sur les 35 commandos volontaires, seuls six sont sélectionnés. Dont la jeune femme, qui enchaîne immédiatement le prochain jalon: le stage commando spécialisé de Mont-Louis.

«Avant de partir, j’ai écouté les autres commandos parler de leur propre expérience , explique-t-elle. On s’attend à l’insurmontable. Et en effet, c’est très dur physiquement et moralement ». Une difficulté pas adoucie par le fait qu’elle soit une fille! Christelle Salabert-Catala n’a bénéficié d’aucune différence de traitement par rapport à ses collègues masculins. «Les autres commandos étaient étonnés de voir une fille faire le stage, mais je n’ai pas fait de chichis, et du moment où je faisais mes preuves, j’étais «leur pote» », relate-t-elle. La jeune femme se paye même le luxe de récolter, sans le savoir, les compliments. L’adjudant-chef Simonnet raconte comment les cadres de Mont-Louis ont été impressionnés par sa bonne composition: malgré la difficulté de ces deux semaines, elle conservait toujours le sourire.

Le sourire malgré le parcours «puissance», éliminatoire, et son alternance entre course, flexions, abdominaux, tractions, pompes et sprint. Le sourire toujours malgré l’épreuve de montée de corde à la seule force des bras. Le sourire encore malgré le parcours nautique avec port d’arme, en treillis et rangers (parcours d’obstacles, nage, tyrolienne…) dans une eau à 10° maximum. Et le sourire, surtout, quand il s’agit de manger une sardine crue en commençant par la tête, puis les yeux, les viscères et enfin les écailles. «C’est infect et ça n’a rien à voir avec une dégustation de sushis dans un bon restaurant japonais! », frissonne-t-elle. Peu importe! Au bout du compte, son obstination et sa force de caractère ont eu raison de l’adversité. Elle a terminé le stage 6ème sur les onze participants et raflé le brevet de commando spécialisé. «Le stage de Mont-Louis m’a permis de constater jusqu’où je pouvais aller , souligne-t-elle. Il m’a permis de repousser mes limites, de me surpasser, d’aller au bout de moi-même ». Surtout, il lui a fait gagner une légitimité auprès de son unité, une reconnaissance de son mérite. Et ce n’est pas rien. Parmi les quelque 200 aviateurs qui composent le CPA 20, une quinzaine d’entre eux seulement détiennent ce brevet.

Mais la caporal-chef Salabert-Catala, infatigable, regarde déjà en direction de la prochaine étape: le stage Attila, qui aura lieu du 28 février au 13 juillet 2011. Si elle le termine, elle sera, là aussi, la première femme à le réussir. L’enjeu? La possibilité ensuite d’élargir son expérience à l’Afghanistan: intégrer des groupes de commandos spécialisés pour constituer des patrouilles à l’extérieur des bases dans un rayon de 30 kilomètres.

La jeune femme se prépare, elle tient son prochain objectif. Femme à suivre...

Texte: ltt Virginie Gradella

 

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