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Disparition de Suzanne Counord, infirmière para en Indochine

 

 

 


Infirmière parachutiste en Indochine. Humanitaire aux côtés de Médecins sans frontières en Afrique. Conseillère municipale pendant douze années. A 83 ans, s'est éteinte en toute discrétion jeudi à l'hôpital de Dreux (Eure-et-Loire) une femme d'action qui avait fait des quatre coins du monde un jardin secret. Un simple avis de décès, publié hier, qui rappelle qu'elle fut médaillée de la croix de guerre des théâtres d'opération extérieurs, décoration remise par le général de Lattre de Tassigny. C'était en 1951, à Hanoï, après de durs combats à Langson face au Vietminh d'Hô Chi Minh.
Suzanne Counord, c'est cette photo noir et blanc, chapeau de brousse vissé sur la tête, le regard déjà pointé vers la ligne d'horizon. À 16 ans, la petite Girondine (elle est née en 1929 à Bordeaux) ne commence pas vraiment son existence comme une lycéenne rangée. Elle devient agent de liaison pour la résistance béarnaise, alors qu'elle a déjà perdu sa maman et que son père est activement recherché par l'occupant pour faits de Résistance.

 

 

Suzanne, c'est aussi la jeune infirmière diplômée en 1946, qui obtient son brevet militaire de parachutisme, au milieu des commandos paras du 3e BCCP (Bataillon colonial de commandos parachutistes). Elle s'est engagée à 21 ans, comme infirmière dans l'armée. Et préfère une antenne chirurgicale près de la frontière chinoise, dans la bataille de Lang-son (route coloniale N°4), au cabinet cosy d'un dispensaire du Tonkin. Son bataillon, où elle était la seule femme, y disparaîtra presque entièrement. « On ne pensait pas à soi, il fallait ramener les hommes en vie », racontait-elle.
Après l'Indochine, où elle sera blessée au pied, Suzanne rejoindra l'Algérie et reprend l'uniforme : responsable d'un hôpital, elle descendra deux fois par mois à la frontière tunisienne effectuer le recensement de la population, soigner et faire passer des radios. Poursuivant cette vie d'infirmière et de globe trotteuse, l'on retrouvera Suzanne Counord dans les mines de phosphate de l'Ouenza (Algérie), puis dans des missions médicales au Canada de 1981 à 1988. Sa carrière de « baroudeuse » la verra encore dans des missions africaines avec Médecins sans frontières.
Son retour en France ne signifiera pas une douce retraite. Pas le style Suzanne Counord, qui choisit Saint Evroult-Notre-Dame-des-Bois pour son calme et sa qualité de vie, mais s'y dépense toujours avec la même énergie impressionnante : elle y sera pendant 20 ans présidente des anciens combattants, mais également conseillère municipale pendant 12 ans. On lui doit aussi la création du club pour enfants. À 80 ans, cette vie d'engagement et de dévouement lui vaudra d'être promue chevalier dans l'ordre national du mérite. Suzanne Counord, simple et généreuse, n'aura jamais tiré aucune gloire d'une vie pourtant très bien remplie. Elle se retire aujourd'hui sans bruit, marquée jusqu'au bout par son expérience au milieu des combats en « Indo », forgée dans la confiance de ceux qui n'avaient plus que leur camaraderie à donner. Une amitié qu'elle saura, toute sa vie, donner autour d'elle comme le bien le plus précieux.
Ses obsèques seront célébrées jeudi 15 novembre à 10 h 30 en l'église de Saint-Evroult-Notre-Dame-du-Bois.

source ligne de défense

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