Les militaires en opération savent que leur intégrité physique peut être menacée et ces blessures sont acceptées. Mais il en est d'autres parfois indicibles, plus longues à identifi er et à cicatriser. Psychiatres et psychologues des armées et du Service de santé s'emploient conjointement à les détecter et à y porter remède.
L'ancien sergent B. se promène dans une avenue parisienne. Soudain une détonation retentit non loin de lui. Spontanément, il se jette sous une voiture stationnée le long du trottoir pour se mettre à l'abri. Il n'est plus à Paris, mais à Sarajevo,sur Sniper Alley, où des balles meurtrières fusent de tous côtés. Il revit un épisode douloureux qui l'a marqué il y a quinze ans », relate le professeur François Lebigot, ancien psychiatre militaire.
Bosnie, Rwanda, Côte-d'Ivoire, Afghanistan... Lors de chaque confl it, les militaires sont confrontés à des situations potentiellement traumatisantes. Chez certains, cela peut engendrer, au fi l des années, un état de stress post-traumatique (ESPT), comme ce fut le cas pour l'ancien sergent B.
« Pas plus que le soleil, la mort ne peut se regarder en face »,
commente le professeur Lebigot. Cette réaction psychologique résulte d'une confrontation personnelle avec la réalité de la mort, dans la surprise, l'impuissance et l'effroi. « Même les soldats les plus endurcis et surentraînés peuvent en souffrir, observe le docteur Patrick Devillières, chef du bureau médico-psychologique au Service de santé des armées (SSA).Et près de la moitié des hommes ayant été atteints physiquement sont susceptibles de développer cet état.Véritables blessures, ces atteintes psychiques peuvent être très invalidantes, dans la vie professionnelle, familiale ou sociale. « Ceux qui en souffrent n'en parlent pas spontanément ou très peu , observe le professeur Jean-Philippe Rondier, psychiatre à l'hôpital d'instruction des armées Percy.
Ce silence est lié à la nature même de ces troubles, qui entraînent un sentiment de solitude extrême et d'incommunicabilité
de l'expérience traversée. En l'état actuel des connaissances, il n'existe aucune action de prévention. En revanche,différentes mesures peuvent être prises visant à atténuer et limiter dans le temps les conséquences de ces chocs. »
source armées d'aujourd'hui
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