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Dans les régiments, il y a plusieurs sergents-chefs Truchet. Et la hiérarchie voudrait qu'il y en ait davantage. En dix ans 83 soldats français ont été tués en Afghanistan,

700 autres ont été blessés dans leur chair, dont plus de la moitié par des engins explosifs improvisés. Quant aux blessés psychologiques – à des degrés divers –, ils représentent entre 7 % et 10 % des effectifs ayant servi sur place.JOCELYN TRUCHET Amputé d'une jambe après avoir été touché par une bombe en Afghanistan,ce sergent-chef a repris du service et doit gravir, fin juin, le mont Blanc avec une cordée de huit autres militaires.


Optimiste était le sergent-chef Jocelyn Truchet avant l'explosion d'une bombe artisanale qui, le 16 mai 2010, lors d'une patrouille dans l'Est afghan, entraîna l'amputation de sa jambe gauche. Optimiste, il est resté. Son visage souvent rieur en apporte la preuve, alors qu'il doit se battre avec une prothèse qui n'est pascomplètement adaptée à son moignon.Non seulement il ne se plaint pas de son handicap et des contraintes qu'il occasionne,mais il n'a qu'une idée : parfaire sa réintégration dans le 13e bataillon de chasseurs alpins de Chambéry – où son père et un de ses grands-pères avaient eux-mêmes effectué leur service militaire – et prouver qu'il a retrouvé la force de dévorer les montagnes.

 

 

Première échéance : l'ascension du mont Blanc,qu'il doit accomplir d'ici à un mois avec huit anciens frères d'armes, en majorité des chasseurs alpins sous-officiers, actuellement en formation à l'École militaire interarmes de Saint-Cyr-Coëtquidan.Le sergent-chef Truchet est un amoureux de la montagne. Il est né dans la vallée de la Maurienne, dans une famille modeste où le principal loisir était, dès son plus jeune âge, de grimper les sommets,hiver comme été. « Dans la montagne,on doit constamment se dépasser et c'est, parfois, une question de vie ou de mort », explique-t-il.Bousculer les lois de l'équilibre pour avaler les pentes avec une seule jambe renforce encore le défi. Pour son expédition,le blessé disposera d'un pied articulé spécial, auquel s'adaptent des crampons pour l'escalade et dont l'achat a été rendu possible par le sponsoring d'entreprises.Il n'en aura pas moins à s'accommoder d'une jambe gauche moins agile que la droite.Il doit son retour dans le bataillon de Chambéry à une longue tradition de solidarité avec les blessés au sein des armées.Au plan national, par exemple, la cellule d'aide aux blessés de l'armée de terre et l'association Terre fraternité leur viennent en aide, à eux et à leurs proches,sur le plan matériel et moral. De même,dans chaque unité ou régiment, une structure de soutien, appelée aussi « cellule d'aide », est chargée de garder le contact avec le militaire et sa famille. « Nos blessés nous obligent », souligne le colonel Bernard Lavaux, chef de corps du 13e bataillon.La réintégration s'effectue sur la base du volontariat et l'unité doit, dans la mesure du possible, tenir compte des souhaits individuelsComme il en a exprimé le désir, le sergent-chef Truchet a été versé dans le département communication du bataillon,avec la spécialité de caméraman, ce qui l'amène à filmer les chasseurs sur le terrain.Mais l'armée a ses exigences : comme tout militaire, il doit satisfaire à des examens intellectuels et physiques pour monter en grade. Ce n'est pas un problème pour lui. Il a rempilé parce qu'il en a la volonté. Pour retrouver et maintenir un niveau acceptable de condition physique,il a ainsi à son programme depuis un an des longueurs de piscine quasi quotidiennes et des courses en montagne régulières.Des disponibilités horaires lui sont octroyées pour cela, si nécessaire.


SOURCE LA CROIX ANTOINE FOUCHET

Le 16 mai 2010, il est touché par une bombe artisanale en Afghanistan Lors d'une patrouille à pied de plusieurs soldats français en Kapisa, à l'est de Kaboul,le sergent-chef Jocelyn Truchet est touché sur sa gauche par l'explosion d'une bombe artisanale enterrée au bord du chemin. On est en fin de mission. Le personnel de santé peut intervenir rapidement. Atteint à la jambe gauche, mais aussi au bras et à l'oeil, le sous-officier reçoit un garrot et est brancardé jusqu'au véhicule de l'avant blindé sanitaire. Transporté jusqu'à la base du détachement français de Tagab, il doit gagner par hélicoptère l'hôpital militaire français de Kaboul. Mais une tempête oblige à le diriger plutôt vers l'hôpital de la base américaine de Bagram,plus au nord, où il est amputé au-dessus du genou. Deux jours après, il est rapatrié par avion en France pour subir de nouvelles interventions chirurgicales à l'hôpital militaire de Percy, à Clamart (Hauts-de-Seine), en région parisienne. Il restera deux semaines en coma artificiel.

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