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A quoi ressemblera l'armée française à l'horizon 2020?


Pour le citoyen, l'échéance semble lointaine. Mais « 2020, c'est demain», disent les chefs militaires, qui préparent le modèle de la future décennie, et au-delà. Leur réflexion doit s'inscrire dans le long terme – «la gestation d'un outil militaire dure environ quinze ans», a rappelé le chef d'état-major des armées, Edouard Guillaud, devant le Parlement, en octobre. Or rien n'est devenu plus hasardeux que cet exercice, tant pèsent les aléas de court terme, crise budgétaire et échéance présidentielle en tête.«Nous vivons une situation de paradoxe où les ambitions de notre pays en matière de défense et de rang s'opposent plus que jamais à la logique comptable des finances publiques», a noté,mi-décembre, le général Bertrand Ract- Madoux,chef de l'armée de terre, lors d'une réunion au Sénat. Dans les milieux de la défense,les inquiétudes sont nombreuses.

 

L'année s'achève dans une relative mais sensible «fatigue des opérations ». Les forces ont été beaucoup déployées, avec deux opérations importantes non planifiées, en Côte d'Ivoire et enLibye. Elles ont aussi été très sollicitées sur le territoire national. Cet effort n'a pas excédé le contrat fixé par le politique en 2008 dans le Livre blanc de la défense nationale. Il a pourtant mis l'appareil militaire sous tension.«Nous allons devoir nous interroger sur la compatibilité de nos ressources avec nos ambitions opérationnelles», a souligné François Cornut-Gentille, député (UMP) de la Haute-Marne, rapporteur du budget 2012 de la défense. Car cet engagement s'est produit sur fond de douloureuse réforme.

 

 

En un temps très court,celle-ci a réduit le volume global des forces – 54000 emplois supprimés entre 2009 et 2014–et réorganisé toutes les fonctions  militaires.Les armées se sont découvert une difficulté : pour répondre aux exigences immédiates de la diplomatie militaire, elles doivent repousser des décisions préparant l'avenir.L'heure est ainsi aux choix impossibles. La marine nationale reste une marine «de premier rang»,mais pour aller en Libye, elle a dû renoncer à certaines missions prévues par ailleurs et freiner la formation de l'aéronavale.Même problématique dans l'armée de l'air, où, dans la période, les jeunes pilotes n'ont pu voler autant que les standards de l'OTAN l'exigent pour leur qualification. Dans l'armée de terre, l'inquiétude porte, aussi, sur le temps et les équipements disponibles pour l'entraînement, peu à peu grignotés.Les opérations récentes ont eu pour vertu de valider les choix faits il y a vingt ans,en matière de bateaux (le porte-hélicoptères en Libye), d'avions (polyvalents), de munitions (les nouveaux missiles deprécision), etc.Al'inverse, les militaires n'avaient-ils pas raison de réclamer des drones et des ravitailleurs, qu'il a fallu, une fois encore, demander aux Américains?Parce qu'on ne sait rien prévoir, il faut tout envisager, plaident-ils. Selon le général Didier Castres, sous-chef opérations à l'état-major des armées, les standards d'une armée moderne efficace demeureront tout à la fois la capacité à être projetée rapidement sur une zone de crise – ce qui demande un maillage dans le monde,avecdes forces prépositionnées e tun dispositif maritime conséquent –, l'endurance – ce qui

signifie des moyens terrestres, maritimes et aériens permanents –, la polyvalence. A l'horizon 2020, selon l'état-major, trois zones focaliseront l'attention de la France: larive sud de la Méditerranée, l'environnement sécuritaire d'Israël, le territoire national. Les adversaires, assure le général Castres, resteront «irréguliers », des organisations criminelles qui se militarisent, des armées de deuxième rang qui utilisent desmoyens«asymétriques», bombes artisanales ou cyber-attaques.Parmi les capacités les plus importantes à détenirpourles forces françaises, il cite «le traitement de l'information », « la protection du combattant» (incluant lesdrones et les robots), «l'intelligence dans les frappes en profondeur et dans le ciblage », enfin «les capacités d'accompagnement d'armées étrangères» partenaires. Ceuxquiveulentfairedeséconomiessupplémentaires ont traduit : «moins d'hommes».Une combinaison nouvelle reposerait sur des moyens «à haute valeur ajoutée» – forces spéciales,communications de dernière génération–,une capacité de frapper  loin (c'est l'aviation de chasse polyvalente de type Rafale) et une coopération militaire approfondie permettant à des pays de servir de point d'appui en cas de crise. Illusion ? «A la fin des fins, il faudra toujours des hommes, pour contrôler le terrain »,ajoute le général Castres. Un simple exemple:les Japonais ont déployé 100000 soldats (renforcés de 17000 Américains) après l'accident  nucléaire de Fukushima.Puisque leur rôle est de se tenir prêts à toute éventualité, les militaires dessinent toujours un modèle complet allant de la dissuasion à la

panoplie des moyens conventionnels. Ce n'est pas à eux de choisir,mais les éléments du choix sont connus. La France ne pourra se reposer sur l'Europe de la défense comme sur un élément structurant. Elle devra compter avec le repli américain. Et la crise économique va l'obliger à abandonner des capacités militaires.

source le monde

 

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