Chers amis, faisons un bilan du Service National passé... intéressons nous à ce côté humain, celui des hommes (ils avaient quel âge déjà ces petits chéris ?) qui partagèrent des mois de vie commune avec les joies et les galères associées.
Pour ce retour en arrière, nous interrogerons ceux qui participèrent à cette aventure dans leurs jeunes années, ces mêmes personnes qui râlèrent lorsque la date d'incorporation leur fut notifiée, ceux qui durent quitter l'entreprise, la petit copine, les parents, ceux qui subirent à leur arrivée les railleries des « milis », qui se découvrir un crâne d'œuf après la tonte réglementaire et qui, frêles créatures qu'ils étaient durent se surpasser physiquement et mentalement, sous la houlette d'un charmant adjudant chef au langage imagé, en parcourant des dizaines de km dans des « rangers flambantes neuves d'occasion » !
Ah, les douces soirées en chambrée à rêver d'un monde où tous les chefs seraient en tutu à danser le lac des Cygnes ou bien, moins romantique, à lui faire bouffer sa merde à ce « gros con » !
Mais que seraient ces moments délectables sans les petites blagues potaches des "anciens" qui faisaient frissonner le plus costaud des conscrits ?
Epoque des pleurs nocturnes loin de maman, des déprimes... et des ronfleurs qui monopolisaient ce silence qu'on voulait réparateur.
Comment peut-on aimer le service militaire après tout cela ?
Question : chers amis ex-conscrits, qu'elle serait la phrase qui résumerait cette période ?
- 20 ou 30 ans plus tard la réponse peut surprendre : "dur, mais une bien belle époque !"
Mais pourquoi donc ? Comment qualifier de "belle époque" une année entière à apprendre le maniement des armes, le respect de la hiérarchie, le bivouac, les marches à pied, les ampoules, les engueulades, les perms trop courtes, le réveil trop tôt, les punitions...
Nous parlons bien sûr d'un temps « que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » : l'armée en ce temps là...
Fraternité, camaraderie, partage des peines et des joies, entraide, « bitures », respect de la hiérarchie et de l'ordre, sens moral et de la parole; rien que pour cela, ça valait le coup. Et puis surtout, le truc qui plaisait c'était d'arriver à la gare en tenue, avec les parents pas peu fiers de voir leur rejeton descendre du train, son sac F1 sur le dos, et la petite copine qui sentait ses hormones tambouriner à la porte devant ce beau militaire... « Waouah, t'as vachement pris des épaules ! Allez, demain on va voir grand-mère dans ton bel uniforme ! ».
Aurions-nous mûris un peu entre temps au point de percevoir cette période comme... formatrice ?
Qui a écrit que dans la douleur et l'adversité, nous forgions nos corps et nos esprits à l'endurance, l'obéissance et au respect des choses ? Un saint homme certainement.
Il m'arrive souvent d'interroger ces anciens, pas si vieux que cela en fait, mais désabusés qu'ils sont, qui me lancent tous, sans exception, qu'il « faudrait revenir au Service Militaire , ça materait un peu les jeunes et ça leur apprendrait ce qu'est vraiment la vie ». Nous ne sommes pas morts en le faisant et même si cela n'a pas été rose tous les jours, nous avons appris le respect et la valeur des choses.
Serait-ce cela qu'il manque à nos jeunes têtes blondes ? Un peu de rigueur, de rudesse, de discipline pour leur faire apprécier et respecter le monde dans lequel ils évoluent ?
ET SI LE SERVICE MILITAIRE REVENAIT au goût du jour ?
Les divers sondages diffusés donnent un écho favorable de la part des Français à ce thème, mais soyons réalistes : pas comme nous l'avons connu, plutôt un service adapté à notre époque et qui permettrait, tout en crescendo, de replacer nos jeunes dans les étriers de la réalité et le respect des trois Couleurs. Nous avons nos réservistes, hommes et femmes, qui fièrement consacrent à minima 30 jours par an à servir notre pays... et si tous les jeunes devenaient des réservistes en puissance, donnant eux aussi ces fameux 30 jours par an pour devenir des adultes responsables ?
Un service de "réserve" obligatoire dès 16 ans, est-ce concevable ? Au risque de faire hurler dans les chaumières, comme le Français en a l'habitude, nous découvririons, et nos jeunes aussi, un changement des mentalités et une saine remise en question sur les thèmes fondamentaux qui manquent tellement à notre société égocentrique.
Pendant 3 ans, à raison de 30 jours annuels, répartis en semaines, ces jeunes découvriraient des valeurs qui font la fierté de nos armées. Ils apprendraient que le contact physique, les rapports de force et l'obéissance sont des atouts que Facebook ou autre système virtuel ne peuvent inculquer. Ils seront surpris de savoir que pour acquérir quoi que ce soit, il faut batailler, perdre, se relever puis gagner, mais toujours garder la tête haute avec la fierté d'avoir tout tenté.
Voir la France comme une puissance respectable ayant des valeurs qu'il faut conserver et transmettre, regarder son pays avec fierté et en parler avec honneur, ne plus cataloguer les uniformes en terme peu élogieux tels que "bidasses ou poulets", mais exprimer des mots à la hauteur des hommes qui les portent avec courage et fierté : à savoir, des soldats, des gendarmes, des policiers...
L'éducation est la base de toute chose...
Respectueusement et cordialement
Sergent (RC) MALENFANT Emmanuel.