Certes, il y a la crise économique et financière. Certes, la Défense doit participer à l'effort de rigueur budgétaire.

Mais nos Armées ne vont pas bien.

brienne

De lois de programmation non respectées en réformes successives trop rapides et décidées en fonction de considérations exclusivement budgétaires, les difficultés s'accumulent tant sur le plan humain que sur celui des matériels. Les crédits alloués sont juste suffisants pour équiper et entraîner les seules unités partant en opérations extérieures, pendant que le reste des armées vit une paupérisation accélérée et peine à maintenir la motivation de ses hommes avec des matériels trop comptés et souvent à bout de souffle.

Pourtant l'esprit de sacrifice de nos soldats est encore bien présent, au nom de valeurs qui se font elles bien rares dans notre société. Il suffit de parler avec ceux qui ont été marqués dans leur chair ces dernières années en opérations extérieures. Leur courage force l'admiration.

Pourrons nous encore longtemps maintenir intacte cette flamme?

Devant la constante dégradation de notre outil de défense, que font nos responsables politiques et militaires?

Le haut commandement ne peut que faire au mieux, avec ce qu'on lui donne. Il a été réduit à un rôle de gestionnaire et se réfugie dans un devoir de réserve, interprété abusivement, mais somme toute bien confortable pour lui comme pour les politiques. Cette attitude de soumission "perinde ac cadaver" inhibe malheureusement toute capacité à voir loin, ce qui est catastrophique sur les plans politico-stratégique et sociétal.

Les politiques, qui ont la lourde responsabilité de définir les moyens de défense correspondant aux impératifs de sécurité et aux ambitions internationales de notre pays, ne paraissent absolument pas préoccupés de cette situation critique. Ils restent dans une ambiguïté coupable. Ils font au demeurant bien souvent preuve d'une ignorance sidérante des problèmes de défense, même lorsqu'ils appartiennent à la commission de la Défense de l'Assemblée Nationale, dans laquelle certains paraissent plus enclins à toucher leurs indemnités de présence, qu'à réfléchir aux solutions des problèmes affectant nos Armées. Cependant, ce sont bien eux qui façonnent aujourd'hui l'avenir de la France en lui donnant ou non les moyens de la défendre.


Face à cette carence du politique et du commandement, nombre d'anciens responsables militaires se murent dans un silence coupable, au nom du même fallacieux devoir de réserve. Dans une démocratie du XXI°siècle, où chaque citoyen a le droit et le devoir de s'exprimer sur les questions fondamentales pour l'avenir de la nation, il est des plus regrettables que ceux qui en ont une certaine compétence n'entrent pas dans le nécessaire débat sur les objectifs et moyens de notre défense, en particulier dans le cadre du grand rendez-vous que constituera la prochaine élection présidentielle. Car l'esprit de discipline, qui fait toujours la force principale des armées, ne doit pas être le prétexte à une démission de leur responsabilité de citoyen averti.

Alors que Jacques Attali, comparait récemment, la situation de la France à celle du Titanic naviguant au milieu des icebergs et dont le Commandant s’occupait assidûment à préparer le plan de table de son dîner du soir, il convient de paraphraser Clémenceau:

" la politique de Défense de la France est une chose trop sérieuse pour n'être confiée qu'aux seuls politiques"

Général de corps d'armée (2S) Marc ALLAMAND, membre des Sentinelles de l'Agora.

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