Un bruit sourd,une explosion,un silence et une seconde qui paraît une éternité. L’air est chargé de poussière blanche et de poudre à l’odeur âcre. Sonné, le soldat E. reprend difficilement ses esprits, constate que ses mains sonttoujours là. Il a mal aux jambes mais n’ose pas baisser le regard. Enfin, la fumée se dissipe. S’offre alors à lui un spectacle de désolation. Celui d’une scène de guerre qu’il décrit ainsi: « Je distingue un mort au sol, la tête sur une marche où coulent les dernières giclées de sang, son casque a été arraché, il n’a plus son bras droit ni son gilet pare-balles, déchiré et éparpillé en plusieurs morceaux. » Il est 13 h 20 (heure GMT) ce 6 novembre 2004, le lycée Descartes de Bouaké, où est basé un détachement de la force française Licorne, vient d’être bombardé par l’armée ivoirienne. Le bilan est lourd : dix morts (neuf militaires français et un civil américain) et trente-huit blessés.
sources :Vincent Duhem
Vincent Duhem est journaliste à Jeune Afrique depuis 2012. Spécialiste de l’Afrique de l’Ouest et centrale, il couvre en particulier l’actualité du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana et de la Centrafrique. jeune afrique