Cédric Moryoussef a servi un an en Afghanistan. Cet ancien sous-officier du 3e RIMa de Vannes chante désormais pour les blessés de l'armée de terre. Il revient sur son engagement afghan et l'actualité récente de ce conflit.
Cédric Moryoussef est un ancien infirmier, sous-officier de l'armée de terre. Il a notamment servi au 3è RIMa de Vannes et passé un an en Afghanistan comme formateur de l'Armée nationale afghane (Ana). Depuis, il a quitté l'armée et chante dans le groupe "Kilt Brothers". L'ancien sous-officier était présent ce mardi 31 janvier au Quartier Lyautey à Saint-Jacques-de-la-Lande pour la remise d'un chèque de 21 000€. Une somme récoltée pour l'association « Terre fraternité » qui vient en aide aux blessés de l'armée de Terre. Il revient sur son engagement en Afghanistan et sur les récents événements survenus à l'armée française sur ce théâtre.
Le Mensuel : 417 blessés en 2011 dont 252 en opérations, en qualité de retraité de l'armée, que symbolise pour vous votre engagement pour l'association « Terre fraternité » ?
Cédric Moryoussef : Même si je n'appartiens plus à l'armée de Terre, je reste militaire dans l'âme. Je n'ai jamais perdu les liens avec elle. Rien ne peut effacer tout ça. C'est toujours un plaisir de participer avec mon groupe, les « Kilt brothers », à ces concerts caritatifs. Je suis notamment parti en Afghanistan et on ne peut pas couper le cordon.
Justement, comment avez-vous reçu la nouvelle de l'attaque perpétrée par un taliban infiltré qui a causé la mort de quatre soldats français le 20 janvier ?
Cela m'a touché de plein fouet. Rattaché au 3e Régiment d'infanterie de Marine de Vannes (Rima), je suis allé deux fois en Afghanistan entre 2007 et 2009. J'y ai alors encadré et formé une compagnie afghane. Cela s'est révélé être une formidable expérience, un véritable échange culturel. Pourtant, on ne pouvait pas faire confiance à un Afghan. On pensait toujours que l'un d'entre eux pouvait nous tirer une balle dans le dos. Devant nous, ils sont adorables, mais il ne faut pas oublier que nous sommes étrangers dans leur pays. Malgré tout, je reste persuadé que nous faisons quelque chose de bien là-bas.
A l'instar de Nicolas Sarkozy, pensez-vous qu'il faille rapatrier l'ensemble des troupes françaises combattantes en Afghanistan dès la fin 2013 ?
Je ne suis pas pour. Il serait honteux de saboter 10 ans de travail, il serait honteux de partir. Je sais que je ne suis pas très objectif, mais les choses se mettent en place là-bas. On ne peut pas casser tout ça. Il faut affiner un retour progressif, mais pas acter un retrait total. Il ne faut toujours pas remettre en cause. On connaît les règles du jeu.
Que pensez-vous de l'instruction qui va être menée par un juge français sur l'embuscade d'Uzbin, qui avait coûté la vie à dix parachutistes en août 2008 ? Il s'agit d'une première dans l'histoire judiciaire et militaire pour une guerre en cours.
Je comprends l'action des familles de victimes. Mais il ne faut pas croire ce que raconte la presse notamment. Ces militaires savaient très bien où ils mettaient les pieds. Ce genre d'opérations est préparée au millimètre près. La vérité est là. Il ne faut pas chercher la petite bête. Il y a des choses que les non-militaires ne peuvent pas comprendre. De ma propre expérience, on prévenait les Afghans de nos déplacements au dernier moment. Il faut l'accepter, un point c'est tout.
le site terre fraternité
source rennes mensuel