Qu'existe t'il de plus fort au monde que de se battre et donner sa vie pour la Patrie ?
Un militaire a-t-il cette vocation profondément ancrée en lui ? Chose incompréhensible pour certains, voire dénigrée, mais les artistes, ne souhaitent-ils pas mourir sur scène ? Un amour perdu ne pousse t'il pas à cet extrême, certaines fois ? Accepterions-nous, nous-mêmes, d'en faire autant ou bien nos enfants ?
Il n'est pas naturel d'aspirer à la mort, échéance mentalement repoussée au plus loin, mais des circonstances exceptionnelles amènent des hommes ordinaires à faire ce difficile choix. Je ne connais aucun militaire qui se dise "Oh, j'espère bien mourir pour la France cette année !", car la vie et l'amour sont ce qui mènent tout être humain normalement constitué.
Au contraire, le militaire est persuadé que rien ne lui arrivera, car la confiance et l'expérience acquises par ses années d'entraînement en font quelqu'un de sûr de lui... et c'est un grand pouvoir, un de ceux qui peut déplacer des montagnes. Cela veut-il dire qu'il prendra des risques inconsidérés ? Bien au contraire, le militaire pense, calcule, voire millimètre ses actions, apprécie les situations et gère en temps réel les évènements. Si nous n'avions pas affaire à de tels hommes, le nombre de décès au combat serait considérable.
Mais un militaire reste un homme et l'immortalité ne touche que les dieux ! Contre un ennemi invisible et sournois, les chances sont inégales et lorsque le drame survient, d'un coup, dans notre beau pays, personne ne comprend ! « Quoi, la guerre ça tue ? Ben mince, pourquoi vont-ils là bas alors ? Faites les rentrer » !
Faites les rentrer !!! Mais dis moi, ami Français, il ne fallait pas applaudir des deux mains pour qu'ils partent là bas, souviens toi ! Dans ta liesse ou ton silence, tu as implicitement donné ton aval à toutes ces actions et tu dois à présent en assumer les tragédies et les morts... et ce qui parait le plus difficile pour toi, les soutenir ! Ce métier de guerre, tu refuses de le faire mais tu acceptes en fermant les yeux que d'autres se battent et tu hurles, assis sur ton canapé contre cet Etat qui les a envoyés... l'Etat certes, mais toi aussi, ne l'oublie pas !
Un soldat qui meure subit une double peine; la première est fatale, la seconde est humiliante. Elle s'appelle "indifférence" et elle frappe de plein fouet ses camarades, ses amis, sa famille. Peux tu ressentir cette peine, ce déchirement, cette sensation de ne plus rien contrôler, de n'être qu'une plaie béante, qui assaille un père, une mère, des frères et sœurs, des enfants ? Il en va de même pour un militaire blessé au combat, mutilé ou traumatisé et plus simplement pour un soldat ayant accompli son devoir, fier d'avoir porté hautes les couleurs de la France et qui reste un sombre inconnu aux yeux de la population. Quelle honte pour toi, camarade Français de te voir croiser un militaire amputé d'un membre et détourner le regard !
Pourtant, il suffirait de presque rien, d'un mot, d'une lettre, d'un instant de recueillement... des choses qui sont à ta portée. Allez, rassures toi, le militaire ne porte pas de rancune en lui et même si tu restes insensible à tout ceci sache qu'au besoin il sera là pour défendre ta vie au péril de la sienne.
En résumé, personne n'est prédestiné au sacrifice suprême mais lorsqu'on a des convictions, l'amour de sa patrie, de ses camarades de combat, un homme, quel qu'il soit, accepte ce triste sort... ce sont ces hommes que l'on peut appeler des HEROS et c'est grâce à eux que tu vis aujourd'hui sereinement !
Tu veux être un Français responsable et citoyen ? Alors deviens un homme en les soutenant et en pleurant avec eux... et puis, en cette veille de Noël, on peut rêver tout de même !
SGT (RC) Malenfant Emmanuel.