LA RESISTANCE FACE AU NAZISME. SUITE 1.
Les allemands ont envahi la Hollande puis la Belgique. Gamelin va à leur rencontre, dispersant ses forces. Les panzer-divisions percent dans les Ardennes. Comme en 1870, le sort du pays va se décider sur la Meuse. Il enrage… « Je l’ai prévu et écrit tant de fois sans être entendu… ». A la tête de sa division, il combat lucidement, ardemment, montrant l’exemple du courage. Il arrête et repousse les allemands au delà de Montcormet (nœud routier important) ; tient bon à et autour d’Abbeville où il reçoit l’ordre de Weygand de se replier, qui le convoque au Quartier Général (il a remplacé Gamelin !), lui décerne une citation, le complimente et lui donne l’accolade. De suite, de Gaulle demande de regrouper 1200 chars encore en état et de lui en donner le commandement pour contre attaquer. Mais il comprend vite qu’au delà des affabilités de circonstance et des propos qu’il déverse, ce général, en accord avec Pétain, a déjà décidé de capituler. Le président du Conseil, Paul Reynaud, un politicien capable et patriote l’appelle, près de lui, au secrétariat à la Guerre : l’instant du Destin !
De Gaulle lui communique de suite sa combativité, sa hantise de voir le pays souillé par la défaite : résister partout où l’on peut, sur la Loire, dans le Massif Central, dans les Cévennes ; établir un réduit breton ; que le gouvernement se réfugie à Brest, d’où il lui sera facile de passer la Manche ; que notre flotte gagne l’A.F.N. en emmenant le plus possible de soldats…on y continuera la guerre tout en défendant notre Empire !
Il a beau se démener, ruer dans les brancards, les démoralisateurs gangrènent tous les rouages. Sont-ce les prémices d’un putsch, dont Pétain et Weygand seraient les figures de proue, ce que rêvent depuis des années les « Cagoulards », « Croix de Feu » et autres ? En se désolidarisant, faire endosser au gouvernement les causes de notre effondrement militaire ? Paul Reynaud démissionne ; le même jour, Pétain (qui a 84 ans) annonce, au président de la République, qu’il est candidat à sa succession et lui soumet un gouvernement déjà constitué : Weygand y sera ministre de la Guerre !
Les partisans de l’armistice gagnent. De Gaulle pour continuer à se battre et échapper à une arrestation programmée, passe en Angleterre… Le 18 juin, il y lance son appel à la Résistance. Il est peu entendu car inconnu ! Quand même, des Patriotes refusent la défaite et l’armistice pourtant expliqué nécessaire par le « maréchal ». Ne pas s’avilir, ni s’abaisser, rester digne face aux envahisseurs…c’est déjà résister !
Individuellement d’abord, puis par petits groupes, des gens sabotent, selon leurs moyens, leurs connaissances, leurs possibilités. Que ce soit à Londres ou ailleurs, en France dans un combat bien plus sournois, la Résistance est une union progressive de tous les Patriotes français (et des immigrés !), toutes tendances confondues, autour du général de Gaulle. A regretter cependant, que les résistants ne furent pas assez nombreux au début, et qu’il fallut assez souvent se méfier de ses contemporains !
Ce qui compliquait tout, étaient les débats du gouvernement de Vichy, régulièrement investi par l’Assemblée Nationale, reconnu par les Etats étrangers (certains très contents de nous voir patauger dans un tel merdier !), cajolé par les Américains, et avec à sa tête, un chef prestigieux et respecté… La grande majorité de la population française espérant en ce dernier (le « maréchal » !) un « bouclier » contre l’hégémonie nazie. Hélas, il lui avait dissimulé son inclinaison vers les vainqueurs !
Des pétainistes cependant, comprirent assez vite, la nécessité du combat. Or une clause de l’armistice faisait obligation aux « pouvoirs » en place de s’opposer à toute forme de reprise des combats contre l’Allemagne et à réprimer toute dissidence. La police et la gendarmerie (c’est pénible à écrire !) traquaient servilement les résistants et les saboteurs. Les dirigeants de Vichy, croyant bien vite, en la victoire allemande, s’engagèrent dans une politique de collaboration, allant bien au delà des contraintes demandées…ce qui compliquait le comportement des résistants, devant non seulement se battre contre l’occupant et ses zélés serviteurs, mais aussi contre le gouvernement légal et ses « aficionados » ! Ces ambiguïtés s’estompèrent petit à petit et de plus en plus de citoyens s’éloignèrent du « maréchal ».
Par la distribution de tracts, de discussions malicieuses, des Patriotes révèlent les combats de la France Libre. Peu à peu, des initiatives se regroupent et à l’été 1941 deviennent une menace inquiétante pour les nazis, surtout avec l’arrivée, dans ce bal sanglant, des communistes qui rendent la « Résistance » plus évidente, plus active…mais aussi plus dangereuse. Des journaux clandestins paraissent, vantant les combats des « Gaullistes » et les exploits des saboteurs. De Gaulle rassemble des « adeptes » jusque-là sceptiques.
A l’été 1942, de Gaulle qui n’avait pas montré assez d’intérêt à la résistance intérieure, comprend l’aide qu’elle peut lui apporter dans ses difficiles discussions avec les Alliés. Il charge Jean Moulin, aidé entre autre par Pierre Brossollette, de la coordination entre tous les divers réseaux existants et d’y faire accepter son autorité. Ce qu’ils réussirent non sans mal : les maquis militairement impuissants, les grands réseaux s’implantaient principalement dans les régions où leur obédience politique prévalait !
Jusqu’ici, nul ne peut comptabiliser l’impact des nombreux saboteurs isolés et leur lutte discrète, sans forfanterie, pour le maintien, en des coins perdus, de troupes ennemies continuellement en alerte. Ils n’ont pas fait valider leurs services, simplement satisfaits d’avoir accompli, ce qu’un citoyen digne de ce nom doit à son pays en danger !
Puis, la lutte s’intensifia et prit de l’ampleur : héroïque pour beaucoup, difficile à organiser pour d’autres, victimes de nombreuses arrestations suite souvent à des vantardises et bavardages. Dès que les grands réseaux existants (ou en constitution) se lièrent au Conseil National de la Résistance (CNR) imposé par Jean Moulin, leurs actions se révélèrent efficaces et comptèrent, dès lors, pour beaucoup dans la victoire finale les Alliés.
"l'Ancien".