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« FOOT = 1. ARMEE = 0 » !!!

Ils sont tous là, alignés, presque au garde à vous, concentrés, prêts à affronter l'ennemi ! Le cœur haletant, ils écoutent ce chant populaire qui doit les motiver, faire monter l'adrénaline en eux. Le regard fixant l'horizon, ils sont dans un monde que seuls les initiés peuvent toucher du doigt... Ils vont en découdre, se battre comme des lions sans jamais rien lâcher, quitte à s'écrouler dans la douleur. Tout autour d'eux, la foule se presse, les regardant avec une admiration non cachée. La fierté nationale associée à une confiance sans limite fait qu'ils sont certains que leurs héros, ces hommes surentraînés, sauront dresser les couleurs de la France au premier plan... le match commence.

 

Ils l'ont juré, ils se battront, gagneront du terrain, s'écrouleront, mais la rage les fera se relever pour reprendre le combat de plus belle. Les supporters hurlent, encouragent. Ils sont à leurs côtés, les soutiennent pendant ces longues et interminables minutes de folie. Il y a où devenir fou, les cœurs de cette foule si patriote battent à plein régime, les nerfs sont tendus, à la limite de la rupture. Et c'est le but ! La liesse envahit ces cœurs submergés, les gens s'entrelacent, se congratulent, se frappent sur l'épaule. Eux, les combattants, ces guerriers de la pelouse, les « gladiateurs du ballon rond » s'embrassent, se roulent au sol tels des bambins. Mais la guerre n'est pas terminée, il y aura d'autres assauts, l'ennemi va certainement contre-attaquer et là, les coups seront plus rudes que jamais.

 

Un homme à terre ! La foule retient son souffle... Il se roule sur le sol, gémit de douleur. Ces camarades l'entoure, tentent de le réconforter. Le « médic » arrive tel un projectile expulsé d'un lance pierre. Miracle de la science moderne, le jeune homme se redresse et repart au front. Quel courage ! Admirative, la foule hurle sa joie de retrouver ce fier guerrier aussi combatif et déterminé qu'au commencement. La France peut être fière d'avoir de tels représentants qui se battent pour une cause aussi noble que celle-là !

 

Les minutes sont interminables... le soutien de la foule est sans faille. Les drapeaux tricolores flottent au vent, agités par des bras enflammés. La nation est là, elle soutiendra ses gars jusqu'au bout et sera toujours à ses côtés.

 

L'ordre est donné, le combat est terminé, la mission est réussie ! La presse encense ses combattants, les commentateurs ne trouvent plus les mots, voire les superlatifs, pour leur astiquer les crampons. La France peut être fière de ces héros, les seuls qui réunissent des hommes de toutes origines, de couleur, de race, de religion.

 

A présent, le monde du « foot national ball » est en deuil... Le plus grand commentateur de la génération nous a quitté. Aimé de la France entière, nos cœurs sont serrés, notre âme est en peine. Les plus grands lui rendent hommage, les « do you remember » s'affichent dans les « Unes » de la presse, chacun y va de son souvenir, de ses pleurs. La messe, cernée par les fans, les hommes politiques, les amis... des milliers de personnes s'inclinent respectueusement.

 

Des dizaines d'heures totalisées à se souvenir de lui, des millions de mots imprimés sur le papier pour cet homme unique, des obsèques télévisés... à la hauteur de la magie qu'il déployait sur le terrain et le soutien qu'il apportait, par chauvinisme national, à nos braves guerriers du ballon rond !

 

A présent, ne nous voilons par la face, avec 86 morts dans l'armée Française, nous ne pouvons pas rivaliser. A eux tous, ils n'arrivent pas à faire un tel score d'audience face à l'icône des médias !!!

Malgré leurs combats, leurs blessures, leur hargne à  « lever haut » les Couleurs de la France, ils n'arrivent pas à accrocher les cœurs des français, à les faire se déplacer, ne serait-ce que pour un Hommage à ses morts.

 

Ils ont réussi leurs missions, rendu fiers leurs chefs et leurs familles. Ils ont obéi, sont tombés, se sont redressés, ont serré les poings, ils ont pleuré... mais cela ne suffit pas, le foot à gagné !!!…..

Sergent (RC) Emmanuel MALENFANT.