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Le Pentagone envoie des historiens au front en Afghanistan et en Irak.Leur mission : fixer le récit de la guerre tel qu'il est livré par les soldats.

CMH

Nous sommes dans la province de Paktika, dans l'est de l'Afghanistan,près de la frontière pakistanaise.Il fait un soleil de plomb et le sergent Andrew Ishmael discute avec le caporalchef Jeremy Lindholm, mécanicien dans l'unité de véhicules blindés de la garde nationale du Dakota du Sud, du jour où celui-ci a roulé sur une mine antichar.

"Refais-moi le film de ce qui s'est passé",demande Ishmael. Lindholm, qui a toujours le bras dans le plâtre, raconte le fracas et l'éclair de l'explosion, puis l'infiltration dans la cabine des flammes en provenance du réservoir d'essence fissuré. Le chauffeur était coincé. "Je ne pouvais pas le laisser. Il fallait que je le sorte de là", explique Lindholm d'un ton neutre, comme si c'était une évidence. "Je ne pensais qu'à une chose, le calmer. Je voyais dans ses yeux qu'il était au bord de la panique."


Une tradition initiée en Europe Ishmael continue à poser des questions pendant une vingtaine de minutes. Penché vers l'avant pour mieux écouter Lindholm,il tapote un stylo contre son menton en attendant les réponses de son interlocuteur,ce qui lui donne davantage l'air d'un animateur de talk-show télévisé que d'un soldat. Lindholm semble surpris que quelqu'un s'intéresse autant à la façon dont il a fait avancer son unité et remorqué les camions endommagés sous le feu ennemi.Mais Ishmael, qui fait partie du 135e MilitaryHistory Detachment (MHD ; détachement d'histoire militaire) de la Garde nationale du Missouri, gagne sa solde en recueillant des témoignages de soldats américains qui lui racontent comment ils vivent la guerre. "L'Histoire, c'est ce qui se passe entre les grands moments", me confie-t-il par la suite. "Sans le contexte, comment peut-on interpréter un événement ?" 

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Courrier international 25/08/2011  Brian Mockenhaupt