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«Il y a deux classes de vétérans, au Canada: ceux qui ont pris part à la Seconde Guerre mondiale et à la guerre de Corée, et tous les autres», fulmine Pat Stogran, l'ombudsman des anciens combattants.

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Le colonel à la retraite avait été nommé par le gouvernement Harper en 2007. Depuis, il a été un ardent défenseur des intérêts des vétérans. Le ministre fédéral des Anciens combattants, Jean-Pierre Blackburn, a confirmé la rumeur voulant qu’il ne renouvelle pas le mandat de M. Strogan prenant fin le 11 novembre.

Est-ce qu'on s'étonne que le bureau de l'Ombudsman des vétérans critique la façon dont le gouvernement traite nos anciens combattants et vétérans?», a lancé M. Strogan.

L'ombudsman a entre autres critiqué des «pratiques et politiques injustes» qu'il a constatées depuis son entrée en poste et une «bureaucratie délibérément obstructive et trompeuse».

 

 

 

M. Strogan a précisé qu'il ne s'agit pas d'un phénomène récent.

L’opposition officielle à Ottawa a estimé pour sa part que la décision du gouvernement Harper de ne pas renouveler le mandat du colonel Strogan est liée à ses positions contraires aux conservateurs.

«La raison principale est que le colonel Strogan est en train d’affirmer des choses qui défendent bien sûr les intérêts de nos vétérans et qui ne concordent pas avec la position du gouvernement qui veut, je crois, diminuer les budgets du ministère des Anciens combattants», a déclaré le lieutenant politique des libéraux au Québec, le député Marc Garneau.

 

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Ce dernier est d’avis que M. Strogan est l’homme de la situation pour occuper le poste d’ombudsman, le qualifiant «d’ardent défenseur des vétérans». Le député Garneau se dit d’accord avec la position de l’ombudsman sur la question controversée des indemnités prévues dans la nouvelle Charte des Anciens combattants, en vigueur depuis 2005.

 

La charte prévoit dorénavant le versement de montants forfaitaires aux membres ou aux vétérans des Forces canadiennes qui ont subi des blessures ou qui ont un problème de santé découlant directement de leur service militaire. L’ombudsman a critiqué vertement cette formule et plusieurs militaires ont dit préférer recevoir une somme mensuelle plutôt que forfaitaire.

«L'idée de donner à un soldat blessé un gros paquet d'argent, surtout s'il a une blessure psychologique et que, probablement, il boit trop et abuse des drogues à cause de ce problème, ce n'est pas brillant.

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«Je ne suis pas un partisan du montant forfaitaire parce que quelqu'un avec une blessure psychologique pourrait [le] dépenser de façon irréfléchie, gaspiller l'argent, et n'avoir plus un sou pour assurer sa sécurité financière», déclare M. Stogran, qui a fait de gros efforts pour réaliser l'entrevue en français.

 

D'ailleurs, «les vétérans peuvent vraiment facilement devenir des sans-abri», signale l'ombudsman, lui-même un ancien de la Bosnie et de l'Afghanistan. Beaucoup sont déboussolés par des problèmes de santé mentale. La seule façon de les «obliger» à conserver un logement serait souvent de payer leur indemnité par versements mensuels postés. Comme le voulait l'ancienne pratique.

 

«[Les militaires] ne devraient pas avoir à se soucier de ce que sera leur niveau de vie, ils doivent être certains que, peu importe leurs blessures, ils pourront subvenir aux besoins de leur famille et d'eux-mêmes, enchaîne-t-il. Ils n'ont pas besoin de s'inquiéter au sujet du reste de leur vie alors qu'ils tentent de guérir de blessures physiques et psychologiques.»

 

Pensez également aux con­jointes, aux enfants, tout aussi affectés psychologiquement que les vétérans, demande l'ombudsman. «La famille ne devrait pas écoper parce que j'ai perdu deux jambes en Afghanistan et que je n'ai pas pu garder assez d'argent pour l'éducation des enfants.

La colère gronde dans les rangs, de plus en plus larges, des blessés de guerre. «Tout le monde a le couteau entre les dents», dit le caporal Renaud. «C'est triste de les voir», confirme Francine Matteau, mère de Nicolas Magnan, un soldat blessé aux jambes dans l'explosion d'une mine en août 2007. «Ils sont démoralisés, ils n'ont plus envie de se battre. Ils sont détruits pour la plupart. Ils sont imprévisibles et très instables. C'est dur aussi pour leurs familles.»

le site du président des vétérans

pour plus d'infos : ici

le site des anciens combattants canadiens

hommage aux canadiens tombés en Afghanistan

l'histoire du caporal Renaud Martin amputé des 2 jambes

conscience pour se réveiller 20 jours plus tard à l'hôpital militaire américain de Landstuhl, en Allemagne, où sont soignés les soldats canadiens grièvement blessés en Afghanistan. Mais le caporal n'a pas choisi.

 

Il se souvient de tout. De la tension qui régnait, ce matin-là, quand sa patrouille a pris la route pour relayer des soldats éreintés après 20 heures de combats. Du bruit sourd. Du plancher blindé qui s'est fissuré sous ses bottes. Du souffle de l'explosion qui l'a projeté contre le plafond. De «l'odeur de mort». De l'insupportable douleur.

 

Dans ces secondes plus longues que l'éternité, le caporal Renaud a subi «une quarantaine» de fractures - il a perdu le compte exact - dont plusieurs ouvertes. «C'était un gros casse-tête», dit-il.

 

Ses médecins ont tenté de remettre les morceaux en place. Ils lui ont cloué des os, lui ont réparé 17 dents, lui ont installé deux tiges de métal dans le dos. Mais ils ont dû se résoudre à lui amputer les deux jambes.

 

C'était le 27 novembre 2007. Martin Renaud n'avait que 19 ans.

Le caporal Renaud, dont l'enfance s'est déroulée entre Petawawa, Gagetown et Valcartier, a toujours voulu faire carrière dans l'armée, comme son père. Il s'est enrôlé le jour de ses 17 ans. Il n'a pas fini sa quatrième secondaire.

 

Pour le moment, le jeune homme travaille dans un bureau à la base de Valcartier. Mais il craint d'être jeté hors de l'armée après le retrait des troupes canadiennes en Afghanistan, l'an prochain. Handicapé, il ne respecte plus les «règles d'universalité du service», qui exigent que chaque militaire soit en forme et apte à être déployé à l'étranger.

 

Mais il y a pire. Quand le caporal Renaud est revenu d'Afghanistan, le ministère des Anciens Combattants lui a versé un chèque de 267 000$. Pendant un moment, il a cru qu'il avait touché le gros lot. «J'étais encore bourré de morphine et d'antidépresseurs quand on m'a mis tout cet argent entre les mains. Je pensais que c'était pour compenser mes souffrances, alors j'ai puisé dedans.» Encore et encore.

 

Le caporal Renaud s'est d'abord payé un chalet au bord de l'eau. Puis un spa. Un camion flambant neuf. Une motoneige. «C'était des bonbons... Je n'avais pas besoin de ça pour vivre, mais ça m'a fait du bien sur le coup.»

 

L'argent a brûlé entre ses doigts. Aujourd'hui, la cagnotte est presque vide. Mais le soldat de 22 ans a encore de longues années devant lui. Il se sent floué. Il aurait préféré recevoir une rente mensuelle jusqu'à la fin de ses jours, comme celle à laquelle ont droit les vétérans qui ont été blessés avant l'adoption de la nouvelle Charte des anciens combattants, en 2006.

Otawa bonifie les sommes aux vétérans blessés mise a jour  Mis à jour le 19 septembre 2010