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 Toutes les guerres laissent derrière elles de nouvelles "gueules cassées" physiques et psychologiques. C'est pour ces défenseurs de la France et de ses idéaux que l’Union des Blessés de la Face et de la Tête et la Fondation des « Gueules Cassées » organisent un rendez-vous exceptionnel : le colloque « Gueules Cassées, un nouveau visage » les 17 et 18 octobre 2014 à l’Ecole Militaire à Paris.

 

 

 

Le 28 mai 1958, lors d’un assaut dans le Constantinois, lorsque je fus blessé à la face et isolé, mon premier sentiment fut la volonté de survivre. Un de mes Parachutistes était tombé sur moi et il m’a protégé des tirs. Lorsque j’ai pu me dégager, j’ai été manqué une nouvelle fois par les rebelles et j’ai pu m’abriter contre une paroi rocheuse, où j’ai passé la nuit une grenade défensive à la main, décidé à ne pas me laisser prendre vivant. Quand à l’aube la compagnie m’a rejoint et m’a évacué, j’ai ressenti un immense soulagement : j’étais persuadé que je vivrai… Les séjours dans les hôpitaux, les opérations chirurgicales, ce fut le prix à payer pour reprendre rapidement ma place en Algérie. Je ne me souviens pas d’angoisse ou de traumatisme particulier…

Le 2 mai 1978, je fus à nouveau blessé, de la plante des pieds jusqu’au visage : « transfixions multiples par balles » comme disent les médecins. J’ai cru ma dernière heure arrivée, mais lorsque des Palestiniens m’ont relevé et m’ont conduit à leur hôpital de campagne, j’ai su que je vivrai. Je me souviens d’avoir demandé au premier chirurgien palestinien qui me traita : «Essayez de sauver mes jambes». Et il me répondit : « Pas de problème ».

La suite fut plus difficile. Je voyais bien que le traitement serait long, que je ne récupèrerai jamais toutes mes capacités physiques. J’ai eu des cauchemars pendant environ trois mois, puis ils disparurent spontanément, sans traitement psychiatrique ou psychologique. Le pire moment, ce fut en 1979, lorsqu’un kinésithérapeute me recassa la jambe droite.

Ma défiguration a pu être traumatisante pour certaines personnes, elle ne m’a jamais posé de problème. J’ai voulu l’assumer, comme beaucoup de nos grands anciens. Bien sûr, j’ai eu la chance d’adhérer rapidement aux «Gueules Cassées», grâce à mon ami Rodius, déjà blessé en Indochine et qui m’a guidé dans les démarches lors de ma première blessure.

 Le site des "Gueules Cassées" : ICI

Le magazine : ICI