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Parachuté dans le handicap

 

 

 

 

 

 

 

Coye est un jeune vétéran. Blessé pendant une action en Bosnie en 2000 et mutilé, il a dû changer de métier. Un tout autre combat

 

Nous l’appellerons : Coye. Pour Charlie-Oscar-Yankee-Echo, l’indicatif radio d’un commando des forces spéciales. Ce jeune vétéran participait récemment à des cérémonies patriotiques en compagnie de bérets rouges, peut-être d’anciens compagnons d’armes côtoyés sur des théâtres d’opérations allant de Djibouti, la Mauritanie, le Sahara occidental, l’Arabie saoudite, le Koweit, l’ex-Yougoslavie, la Bosnie...Tétraplégique à la suite d’une blessure en opération, ce jeune vétéran a rallié avec la vie civile et la dureté du quotidien d’un handicapé, face à la difficuté de trouver un emploi. Sacré combat. Aujourd’hui, Coye a retrouvé l’usage de son bras droit et des sensations dans les jambes. Sur son fauteuil roulant, il lutte contre l’handiphobie qui se manifeste jusque dans son nouveau milieu professionnel, l’Éducation nationale.Les questions fusent, mais les réponses sont dosées, compte tenu de la classification très confidentielle de son parcours au sein du commandement des opérations spéciales (COS).De Beyrouth à Bassorah. Aux quatre coins du monde, des conflits éclatent et il faut pouvoir intervenir rapidement, discrètement, avec des hommes entraînés à sauter en parachute à très haute altitude, piloter toutes sortes d’aéronefs, et si possible rentrer vivant.Octobre 83, son premier contact avec le feu fait la une des journaux : un attentat frappe Américains et Français à Beyrouth ; son baraquement saute : il sort de cet enfer au milieu de ses frères d’armes, certains blessés, mutilés. Ou décédés.La suite de sa carrière, toujours dans l’ombre se déroulera aux commandes d’un Mirage, ou sur la route de Koweit City à Bassorah rebaptisée pour la circonstance « highway of death » aux côtés des marines américains et d’autres zones d’intervention moins connues. Un court passage en tant qu’instructeur à l’école des sous-officiers, et Coye rejoint une nouvelle unité capable de récupérer des personnels et des matériels en terrain hostile (suite à l’exposition médiatique d’un pilote descendu en ex-Yougoslavie et utilisé comme bouclier humain) : suivront des interventions de protection dans les charniers du Rwanda, ou aux unités prises dans l’enclave de Srebrenica et Zepa.Août 2000, chef de groupe, Coye saute de nuit sur la Bosnie : au sol des hommes attendent les paras et les mitraillent ; la voile de Coye est déchirée, pas le temps d’ouvrir le ventral, il est trop bas et se crache au sol : ses hommes le récupèrent alors qu’il ne sent plus ses bras et ses jambes. Commencera alors son nouveau combat, celui pour apprivoiser la tétraplégie. aprèsdes années de soins, d’hôpitaux, de kinés, et en 2006, l’opération de la dernière chance est tentée. Il a intégré l’association Vétéran UN/Otan France, qui regroupe de nombreux camarades troupes de marine.Le soldat qu’il reste poursuit le combat : vivre avec un handicap en est un de tous les jours.

 

 

 

Sylvia Giral: sud ouest 
site : Vétérans