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Enlèvement, intervention, assaut, mort !... serait-ce le schéma classique des interventions de nos Forces Spéciales aux dires de certains ? Plongeons-nous dans le contexte de deux situations qui ont agité les médias.

- Mars 2009 : le voilier le Tanit, battant pavillon français, navigue dans le Golf d'Aden au large des côtes somaliennes, secteur formellement déconseillé, avec à son bord 2 couples et un enfant de 3 ans. Tous les conseils et recommandations donnés par la Marine Nationale furent ignorés sciemment par l'équipage et, pour reprendre les propres mots du "capitaine" : Nous sommes en plein dans la zone à risque pour le piratage, cependant rien à signaler". "Le danger existe, et il s'est sans doute accru au fil de ces derniers mois, mais l'océan reste vaste. Les pirates ne doivent pas anéantir notre rêve".

Arriva ce qui devait arriver, des pirates somaliens arraisonnent l'embarcation et prennent les occupants en otages. S'ensuivent des négociations avec les autorités françaises qui hélas, malgré les propositions les plus diverses faites par l'Armée (échanger les femmes et l'enfant contre des officiers, contre de l'argent...) ne débouchent sur rien.

 

 

Bien que ces otages aient délibérément choisi de « tenter le diable » et de rejeter les recommandations pourtant maintes fois données, la France pouvait-elle les laisser ainsi à leur triste sort ? Certes non, et l'option de l'intervention ne faisait à présent plus aucun doute.

Les forces spéciales françaises interviennent permettant de libérer ces derniers, mais le propriétaire du voilier décède pendant l'attaque.

Expertise faite, le malheureux fut atteint par un projectile français ! Des indemnités sont versées à la famille (quelques millions d'euros), mais cela ne semble pas suffire, une procédure est lancée par l'épouse qui réclame encore plus et pointe du doigt les forces spéciales comme des criminels !!!

- Janvier 2011 : à Niamey, au Niger, deux jeunes hommes n'ayant transgressé aucune règle de sécurité sont enlevés par un groupe d'AQMI (Al Qaïda Au Maghreb Islamique) alors qu'ils buvaient tranquillement dans un « Maquis ». Les otages vont circuler en direction du Mali, poursuivis par les autorités nigériennes et être bientôt rejoints par les forces spéciales françaises. Des accrochages surviennent entre les kidnappeurs et les forces militaires mais n'aboutissent pas à la libération des otages. L'assaut final est donné, se soldant par de nombreux morts côté AQMI et nigérien ainsi que nos deux jeunes français.

Expertise faite, l'un des otages décède suite à l'action française et l'autre est abattu par les ravisseurs ! Les mots qui fusent ensuite sont « bavures, bavures, bavures » ! Le « dico » en fait la définition suivante : "erreur regrettable, faute lourde, commise notamment à l'occasion d'une opération policière ou militaire..."

La première chose qui me viendrait à l'esprit serait de « cracher mon venin » sur les responsables réels de ces drames, pas sur les gens qui tentent, au péril de leur propre vie, de secourir ces personnes.

Les responsables du drame somalien sont les plaisanciers eux-mêmes ! Si l'armée n'était pas intervenue, que seraient-il devenus ? Les hommes auraient été massacrés et les femmes... je vous laisse imaginer ! Le drame du Niger, quant à lui, est imputable à AQMI !

Alors nos forces spéciales sont-elles des « cow-boys » dégainant sans plus de réflexion ou bien le combat, cette action de se tirer les uns sur les autres en espérant ne pas « s'en prendre une », est-il mal réglé ?

Devant la douleur des familles et leurs demandes justifiées d'informations complémentaires sur ce drame, il ne faut pas perdre de vue que nos forces spéciales ont un objectif prioritaire lors de ces interventions... la vie des otages. Pour permettre la pleine réussite d'une telle mission, une étude approfondie de la situation est faite par les militaires et consultants et tous les cas de figure sont envisagés avec les « parades qui vont bien »...

Encore faut-il détenir ces éléments clés ! Encore faut-il concevoir qu'une situation évolue en quelques secondes et que les certitudes du moment s'envolent d'un coup ! Lors de l'intervention au Niger, la rapidité de l'action, le manque d'informations et la détermination bien connue d'AQMI jouent en la défaveur de nos hommes. Pourquoi agir si vite alors ? Parce que si les ravisseurs étaient arrivés au Mali, les « FS » auraient perdu toutes traces des jeunes hommes.

Un commando connaît ses camarades et sait comment chacun va et doit réagir devant telle ou telle situation. Ils forment à eux tous un groupe soudé avec des automatismes guerriers impressionnants ; mais lorsque des éléments extérieurs sont de « la partie », ils doivent composer avec l'inexpérience de ces derniers et les erreurs qu'ils commettent remettent en cause les tactiques d'intervention maintes fois répétées. Cela entraîne des dérapages et une escalade sanglante.

Lorsque la mission s'achève, le commando (qui n'est pas une machine !) se pose dans un coin et ne cesse de remâcher ces mots "j'ai raté la mission"... et il sera seul à supporter ce poids que les médias alourdiront de paroles amères.

La famille est déchirée par le drame, les autorités militaires forment un soutien à ces malheureux, des contacts permanents existent, un soutien psychologique est mis en place et les proches des disparus leur font confiance.

Mais arrive ce « personnage », celui qui réussit à retourner les situations, à semer le trouble dans leur esprit... l'avocat ! Dans un bel « emballage cadeau », il arrive à persuader que tous les éléments ne sont pas présents, que des zones d'ombres existent... que l'armée vous ment ! Lui, il connaît bien le système et sait combien il tirera de bénéfices, alors tous les moyens sont bons, jusqu'à citer un terroriste qui dira forcément le contraire des autorités, mais c'est lui qu'il faudra croire car là, grâce à lui, la « machine à fric » démarre son envol ! On se croirait en Amérique où les avocats arpentent les couloirs des hôpitaux pour persuader les victimes de porter plainte pour tous les motifs possibles et imaginables.

Mais au fait, savez-vous combien de militaires français sont morts pendant ces interventions de sauvetage ??? Combien de familles sont endeuillées par la perte d'un mari (d'un fils, d'un frère...) qui s'est sacrifié pour sauver des vies ???

A quoi bon finalement, puisque ces hommes de l'ombre, ces anonymes, n'attendent plus rien de vous; et comme disent certains esprits supérieurs, « c'est leur boulot » !!!

« Qui ose gagne » disent nos bérets rouges...

Mais aussi : qui ose « gagne » disent les avocats !!!...

Sgt (RC) MALENFANT Emmanuel.